Depuis quelques mois, les forces armées françaises multiplient les opérations de ratissages et d’offensives dans le Nord. Les succès qu’elles engrangent ne doivent pas faire perdre de vue que les jihadistes sont toujours là-bas. Tenteraient-ils de se reconstituer ?
L’information a fortement été relayée par les médias : dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 mars derniers, les forces françaises ont anéanti une dizaine d’hommes armés dans l’Adrar. Selon des sources sécuritaires, ces présumés jihadistes ont été neutralisés près d’une cache d’armes, alors qu’ils manipulaient une lance-roquette. Elles ne précisent pas contre qui. Toujours est-il que, malgré la déclaration du ministre français de la Défense selon laquelle ce sont des moyens coordonnés qui ont permis la neutralisation des présumés membres d’Aqmi, il semble que ni l’armée malienne, ni les forces onusiennes n’aient été associées à cette opération. De fait, les forces françaises ont réussi cette opération grâce à une action cordonnée des Drones basés à Niamey, au Niger, des avions de type Mirage 2000, postés à N’Djamena, au Tchad, et des hélicoptères Tigres qui ont décollé de Tessalit, au Nord-est du Mali.
D’où certaines interrogations. Les forces onusiennes et maliennes ne seraient-elles toujours pas opérationnelles ? On peut le croire, vu que ces opérations ont pour objectif de s’attaquer aux gros gibiers, toujours présents dans des endroits aussi désolés que la vallée d’Amettetaï qu’entoure l’Adrar des Ifoghas, ce massif montagneux au nord-est du Mali, sanctuaire des jihadistes, de gros gibiers que les forces africaines ne sont pas prêtes à affronter. Un de ces gros gibiers, Oumar Ould Hamama, aurait été abattu au cours de cette opération. Ce qui fait dire à certains que les groupes jihadistes terroristes sont toujours présents dans la zone.
Cette thèse est étayée par la présence de snipers dans la ville de Kidal, pourtant sous le contrôle du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), qui prendraient souvent des patrouilles de l’armée malienne pour cible, par des attaques agressions de communautés touarègues accusées de connivence avec les Français. Elle est également étayée par des tirs de roquettes et d’obus sur les villes de Gao et de Tombouctou.
Du reste, la menace de la présence et de l’activisme des groupes jihadistes dans le Nord n’a jamais vraiment été écartée, malgré le succès patent de l’Opération Serval, déclenchée par les forces françaises en janvier 2013. Il était clair pour tout le monde qu’outre des poches de résistance, des terroristes étaient parvenus à infiltrer les populations locales, dont certains seraient issus, et de s’y perdre. Les communautés refuges seraient principalement les Touareg, les Songhay, les Arabes, les Peuhl.
Malgré de nombreuses sonnettes d’alarme tirées ça et là, les forces de sécurité maliennes et les armées de la Minusma ont souvent fait la sourde oreille ou se sont montrées laxistes dans la gestion de la question sécuritaire, dans les villes reconquises, pendant que les éléments de la force Serval se concentraient sur le Nord afin de débusquer les terroristes les plus dangereux qui se sont repliés vers les grottes de l’Adrar des Ifoghas. Soldats maliens et casques bleus avaient sans doute trop peur de se voir accusés de violations des droits de l’homme, mais le fait est que la traque s’est révélée insuffisante, voire infructueuse. En plus, des personnes accusées par les populations locales comme étant des terroristes ou des collaborateurs actifs des jihadistes ont été interpellées, interrogées sommairement puis relâchées dans la nature. Tout ce beau monde ne pense déjà plus qu’à la reconstruction et à la «stabilisation » alors que la vraie menace, celle de la reconstitution des bandes armées, était plus palpable que jamais. Il n’y a donc que la France pour la déceler et la mettre en avant.
Certains habitants du nord pensent même que ce sont les Français qui lanceraient de temps en temps des roquettes sur les villes du Nord, histoire de rappeler aux populations et aux décideurs politiques que la «grande vigilance» est toujours de mise. Pour preuve, avancent-ils, ces obus tombent toujours dans des endroits déserts où ils ne font du mal à personne, mais entretiennent la psychose.
Mais, si la menace de la reconstitution de ces groupes jihadistes est une réalité, le fait est qu’elle ne peut se faire qu’avec l’implication effective de groupes maliens. Les moudjahidines qui étaient venus d’ailleurs (Algérie, Tchad, Nigéria, République Sahraouie, Mauritanie, etc.), ont tous pris le large ne laissant sur place que les autochtones pour qui il était aisé de se cacher au sein de la population. Ce sont ceux-ci qui seraient en train de se reconstituer pour, non plus s’attaquer aux autorités maliennes ou à leurs alliés circonstanciels, s’affronter entre eux, organisés en bandes rivales, pour le contrôle du nord. Pour cela, chacun a déjà choisi son camp, selon les affinités du moment ou les liens séculaires.
Abdel HAMY
“Certains habitants du nord pensent même que ce sont les Français qui lanceraient de temps en temps des roquettes sur les villes du Nord, histoire de rappeler aux populations et aux décideurs politiques ” 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄
Vraiment, quand on est con, on est con! 😥 😥 😥 😥
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