Nord du Mali : La violence au quotidien, l’accord piétine

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Attaques, embuscades, jets d’obus… le nord du Mali connait actuellement un regain de tension avec son lot de victimes, dont les 3 dernières (3 soldats) ont été enregistrées à Léré, le jeudi 25 février dernier. Pourquoi  cette série d’actes sanglant ? Qui en sont les véritables auteurs et leurs complices ? Autant de questions qui sont posées. Au  même moment, l’accord  d’Alger, signé entre l’Etat et les mouvements armés de Kidal, est en panne.

Au nord du pays, les attaques et autres attentats se multiplient contre l’armée et les forces internationales de la Minusma. De janvier à maintenant, le bilan est très lourd des deux côtes. Même les populations civiles ne sont pas épargnées. Tous ces attentats, attaques, embuscades et lancer d’obus sont commis dans les régions de Kidal, Tombouctou, Gao et Mopti. Ils sont le plus souvent revendiqués par des groupes connus : An sardine, AQMI, Mourabitoune et le front de libération du Macina (FLM).

Le mercredi 9 décembre 2015, aux environs de 05 heures du matin, des hommes armés non encore identifiés ont attaqué un poste de contrôle de l’armée malienne situé à l’Est de Goundam dans la région de Tombouctou. Un militaire est blessé dans cette attaque.

Le lundi 14 décembre 2015, un camp de la Minusma à Gao a été la cible de tirs d’obus, qui n’ont fait ni blessé, ni dégâts. Le contingent hollandais était visé, semble-t-il, par les terroristes.

Le 25 décembre 2015, Ballaa Ag Cherif est tué dans une embuscade sur la route de Talahandaq, près de Kidal au Nord-Mali. Trois jours plus tard, sa mort est revendiquée par Ançardine. Ballaa Ag Cherif, est le petit frère du secrétaire général du Mnla, Bilal Ag Chérif.

Le 04 janvier 2016, un véhicule en provenance de Goundam pour Bintagoungou a été intercepté par quatre hommes armés. Après avoir dépouillé les victimes de tous leurs biens, les assaillants ouvrent le feu sur le véhicule tuant une personne. Deux autres sont blessées.

Dans la nuit du jeudi 07 janvier 2016, à Tombouctou, une ressortissante suisse, Stockly Béatrice a été enlevée par des hommes armés. Aucune revendication jusque-là.

Dans la nuit du mardi 12 janvier 2016, le neveu du chef d’Etat-major du Mnla, le colonel Mohamed Ag Najim, a été enlevé par des individus sur trois motos. Les ravisseurs sont soupçonnés d’être proche d’Iyad Ag Ghali.

Le 15 janvier 2016, un convoi de l’armée malienne est tombé dans une embuscade à Zinzin, à l’Est de Goundam aux environs de 10h. Des hommes armés ont ouvert le feu sur les militaires qui escortaient des vivres destinés aux réfugiés de Léré. ‪Le bilan est de 3 morts et 2 blessés maliens, et 3 assaillants tués.

Le 19 janvier 2016, survient l’assassinat des 3 gendarmes de l’Escadron de Sévaré. Ils ont été abattus par des djihadistes dans le Bourgou, plus précisément à Bili, à environ 7 km de Kakagna, non loin de Mopti. Les victimes ont pour noms : Adjudant Siriki I. Traoré (inscrit au tableau pour être Adjudant-chef), Maréchal de logis chef Souleymane Sidibé et Maréchal de logis Tiécoura Dembélé.

Le jeudi 28 janvier 2016, aura été une journée mortifère pour les forces armées maliennes. Ce jour-là, dans la périphérie de la ville de Tombouctou, un militaire malien a été tué par balle lors d’une embuscade. La victime, nous apprend une source, était au volant d’un véhicule qui allait ravitailler les troupes. Le bourreau reste à ce jour irretrouvable.

Le (jeudi 28 janvier), trois militaires ont péri dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule. C’était aux environs de la ville de Gao, d’où partait une escorte pour Douentza.

Le 5 février 2016, vers 6 heures 30, des terroristes ont pris pour cible un camp de la Minusma à Tombouctou. L’attaque de ce camp, contrôlé par des éléments de l’armée malienne, a coûté la vie au commandant Karim Niang. Aussi, trois éléments des forces armées maliennes et deux civils ont été blessés.

Le 9 février 2016, survenait la mort de trois autres militaires dont le véhicule avait sauté sur une mine dans la région de Mopti, près de la frontière avec le Burkina Faso.

Moins d’une semaine après, soit le vendredi 12 février 2016, trois soldats ont péri dans une embuscade tendue par des jihadistes entre les localités de Tombouctou et de Goundam. Deux autres militaires ont été blessés dans cette attaque.

Le même jour, le camp de la Minusma a été pris pour cible à Kidal, avec le bilan que vous savez déjà.

 

L’accord d’Alger en panne

Ce regain  de violence intervient au moment où les observateurs constatent une impasse dans le processus politique de sortie de crise. En effet, l’accord d’Alger, signé entre le gouvernement malien et les rebelles de Kidal regroupés au sein de la CMA (coordination des mouvements de l’Azawad),  connait de grosses difficultés dans sa mise en œuvre. Au nombre des difficultés, il y a un problème de financement. Il semble que les partenaires (dont certains sont garants de l’accord) trainent le pas pour délier le cordon de la bourse. Or, l’Etat malien compte sur eux pour honorer ses engagements contenus dans le document d’Alger. Sans accompagnement  de ces partenaires, la mise en œuvre de l’accord est vouée à l’échec. Que fait le gouvernement malien pour inciter les partenaires à mettre la main à la poche ? Que font les autorités de Bamako pour rassurer  surtout  les partenaires  quant à la bonne gestion des ressources allouées à l’accord ? Ce sont là des questions qui se posent. Aussi, il y a  un  sérieux problème de confiance qui se pose toujours entre les autorités maliennes et les responsables de la CMA. En effet, l’on assiste  à beaucoup  d’atermoiements, d’hésitations et d’altercations entre les deux parties, surtout lors des différentes réunions du comité de suivi. Conséquence ? L’accord piétine malgré les discours d’apaisement  des deux parties. Autre problème : le manque de volonté des responsables de la rébellion.  Ceux-ci avaient  projeté une grande rencontre à Kidal afin de baliser le terrain pour  l’application de l’accord et favoriser le retour de l’Etat au niveau de cette circonscription.  La rencontre, prévue pour le début du mois de janvier, n’a jusqu’ici pu se tenir, après plusieurs reports. Or, outre les différents mouvements (Cma et plateforme), le gouvernement malien, la Minusma et l’Algérie devraient prendre  part à cette rencontre. Presque 3 mois après la date indiquée, les parties n’arrivent toujours pas à se  réunir afin d’accorder leur violons…

De l’avis de certains responsables, la CMA traine volontairement le pas dans le seul but de soumettre l’Etat malien à un chantage, sans fin.

Au même moment, la situation se détériore sur le terrain avec son cycle de violence.

Hamadi       

 

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