EL WATAN – ALGERIE (01/11/2011) – Le Mouvement pour la libération de l’Azawad a appelé la population de Kidal, Gao et Tombouctou à manifester aujourd’hui, dans toutes les villes et villages, pour l’indépendance de l’Azawad. Par peur de débordements, les autorités ont dépêché d’importants dispositifs de sécurité. Ce qui fait craindre le pire dans cette région, désormais la plus militarisée de tout le champ du Sahel.
La chute d’El Gueddafi et le retour de ses loyalistes vers leurs pays d’origine, notamment le nord du Mali, créent une situation de pré rébellion, où le bruit des bottes et des armes se fait déjà entendre. La création, le 16 octobre dernier, du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui a réussi à fusionner des groupes de militants pour l’autonomie de la région, n’a qu’un seul objectif : «chasser les occupants» de ce territoire que Bamako a abandonné aux mains des terroristes d’Al Qaîda, des réseaux de narcotrafiquants et de bandits en tout genre.
Très vite, le Front démocratique pour l’autonomie de l’Azawad (FDAPA) qui était contre le principe de la «libération» du Nord, a fini par rejoindre la coalition en la saluant. Il a d’ailleurs appelé toutes les communautés du Nord, sans exception, à en faire de même, car, a-t-il noté, «l’ère est venue pour l’Azawad de réclamer son indépendance» affirmant que «le MNLA est et reste le seul mouvement qui rassemble toutes les communautés de Tombouctou, Gao et Kidal qui conduira dans l’unité à la libération de l’Azawad». Ce même front avait annoncé l’arrivée de combattants de la division de Bani Walid, dirigée par le colonel Ag Makadaye, comme pour avertir des moyens militaires dont il dispose et qui pourraient largement dépasser ceux de l’armée malienne.
Une autre organisation, le Front patriotique arabe de l’Azawad (FPAA), a elle aussi annoncé son ralliement au MNLA, renforçant les rangs des «indépendantistes». Des campagnes de sensibilisation de la population sur son «avenir dans le nouveau contexte» que connaît la région ont été organisées «afin de renforcer les rangs». Ces activités se sont terminées par un appel à des marches pacifiques, prévues aujourd’hui dans toutes les villes et villages de la région de l’Azawad. La date du 1er novembre pour une telle manifestation n’est pas fortuite ; elle coïncide avec le premier anniversaire de la création du Mouvement national de l’Azawad (MNA), à savoir la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2010.
Les marches sont prévues simultanément à Kidal, Gao et Tombouctou. nDans une déclaration rendue publique dimanche dernier et placardée partout au nord du Mali, le MNLA a appelé à «une sortie massive de toutes les populations de l’Azawad, Songhoy, Peulhs, Arabes et Touareg, ainsi que tous les amis(es) et sympathisants de ce peuple pour réclamer l’indépendance de l’Azawad». La réaction des autorités maliennes ne s’est pas fait attendre. Des colonnes entières de blindés militaires ont pris le chemin du nord «pour répondre à une préoccupation majeure liée à la sécurité», a indiqué une source officielle reprise par la presse malienne. Avec un arsenal de guerre aussi important, une paupérisation galopante de la population et la prolifération de toutes les activités de contrebande, de terrorisme et de trafic de drogue, le tout nouveau mouvement «indépendantiste» risque d’embraser toute la région.
Pour cette journée du 1er novembre, beaucoup craignent le pire au cas où des affrontements avec les forces de sécurité avaient lieu.
A Bamako, des forces occultes poussent au pourrissement de la situation au nord, dans le seul but de repousser l’échéance de l’élection présidentielle, prévue en juin 2012, à une date ultérieure, afin de prolonger le dernier mandat de Amadou Toumani Touré. Vrai ou pas, la situation dans ce no m’ans land occupé par Al Qaîda est au rouge, en dépit du fait que tous les regards restent braqués sur les événements qu’il connaît depuis l’exécution d’El Gueddafi, celui qui protégeait et finançait les Touareg dans l’espoir de voir naître un jour le royaume du Grand Sahara qu’il dirigerait en tant que roi. En tout état de cause, si le bruit des bottes et des armes ne se tait pas, aucun des pays riverains ne sera épargné et la zone «s’afghanisera» inévitablement….
Par Salima Tlemçani – El Watan.com (ALGERIE) – 01/11/2011