Pour couper court aux atermoiements des groupes rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), la médiation internationale a fixé la signature de l’accord de paix définitif au 15 mai prochain. Mais depuis l’annonce de cette date fatidique, ces groupes rebelles multiplient escarmouches et attaques contre les positions des Forces Armées Maliennes (FAMa) et les civiles non armés avec chaque jour son lot de morts et de blessés. Une situation qui pousse certains observateurs à conclure que dans la situation actuelle du nord du Mali, la paix se trouve au bout du fusil.
Depuis le début des négociations de paix d’Alger, certains groupes rebelles n’ont jamais donné une position claire encore moins leur bonne foi pour la résolution définitive de la crise du nord.
Ce qui a poussé les négociateurs, coté gouvernement et les rebelles à faire de nombreux va-et-vient dans la capitale algérienne. A chaque étape, le gouvernement du Mali fait des concessions, à la limite, accepté des choses qui suscitent souvent colère et indignation au sein de l‘opinion nationale.
Mais à chaque étape des négociations, les groupes rebelles revenaient à la case de départ avec de nouvelles revendications. Ou quant ils signent des documents, ils sont les premiers à le violer.
Ce fut le cas avec l’accord préliminaire de Ouagadougou qui demandait le cantonnement des groupes rebelles. Un cantonnement sans cesse repoussé jusqu’à l’abandon total de l’idée. Ironie du sort, au lieu d’être cantonnés, ce sont eux qui circulaient librement à Kidal et environs à bord des Pick-up à essence flambant neuf, certains portant des armes lourdes et leur munitions, sous les yeux et à la barbe de Barkhane naguère Serval et de la Minusma, pendant que les militaires maliens étaient confinés dans un périmètre qu’ils n’étaient pas autorisés à franchir.
C’est dans cette situation que le Premier ministre Moussa Mara, dans le cadre de sa tournée dans les trois régions du nord pour s’enquérir du retour effectif des déplacés, refugiés et de l’administration d’Etat s’est rendu dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. Une visite qui a failli lui couter la vie car sa délégation s’est fait tirer dessus par les rebelles. Une fois de plus, devant le regard passif et indifférent des forces onusiennes, qui se sont contentés de dire qu’il en avait été dissuadés, comme si c’est au MNLA de dicter sa loi.
Ce qui va malheureusement conduire au carnage du 21 mai lorsque les FAMa, dans un baroud d’honneur vont tenter de libérer le gouvernorat et le siège de l’ORTM à Kidal après que les rebelles aient froidement abattus des représentants de l’Etat.
Une situation devant laquelle, la force onusienne a gardé un silence de cimetière. Mieux, nulle part, elle n’a évoqué la violation du cessez-le-feu par les groupes rebelles.
Il a fallu que le président en exercice de l’UA, le mauritanien Mohamed Abdel Aziz, se rende à Kidal en urgence pour obtenir des deux parties un accord de cessez-le-feu censé mettre fin aux hostilités entre les rebelles et les FAMas.
C’est alors, que commencèrent les négociations de paix d’Alger. Des négociations qui se sont déroulées en plusieurs étapes et qui ont abouti à un préaccord que les parties ont paraphé en début mars, à l’exception de la CMA. Laquelle a indiqué qu’elle voudrait consulter sa base au préalable avant de parapher le document.
Dans son jeu trouble, la CMA a même reçu à drainer des diplomates étrangers jusqu’à Kidal. Sans égard pour les diplomates, elle refuse toujours de parapher l’accord, même si la RFI siffle le contraire, en affirmant la semaine dernière que la CMA s’était montrée disponible à parapher l’accord avant sa signature définitive le 15 mai prochain. Motif invoqué pour se rétracter, les populations qu’elle est censée représenter n’a pas accepté les termes dudit accord. Une position mise en cause d’ailleurs par les événements du lundi dernier à Ménaka, qui ont fait découvrir toute la supercherie du MNLA, qui n’est une coquille vide en réalité.
Entre temps, dans les autres régions que les groupes rebelles réclament de l’Azawad, les populations organisaient des meetings de soutien à cet accord.
C’est face à ce blocage artificiel et l’inertie des groupes rebelles de la CMA que la médiation internationale s’est vue obligée de taper du poing sur la table en fixant la date du 15 mai prochain comme celle de la signature de l’accord de paix définitif à Bamako.
La position ambigüe de la Minusma
Depuis l’annonce de cette date, les rebelles multiplient des attaques contre les positions des FAMa et même les populations civiles. Des obus sont lancés sur des villes, faisant chaque fois des morts.
C’est fort de cette situation que la plateforme du GATIA, un mouvement d’autodéfense, dont les éléments maitrisent bien le nord ont décidé de prendre les choses en main en chassant les rebelles de plusieurs de leurs positions.
La plus grande victoire de cette milice est la prise de Ménaka des mains des rebelles du MNLA où les combattants ont été accueillis comme des héros tout en bénéficiant d’une marche de soutien.
Devant cette situation, la MINUSMA s’est empressée de faire un communiqué dans lequel elle demande le respect des accords de cessez-le-feu. Pire, elle a même poussé son outrecuidance très loin en demandant au GATIA de quitter Ménaka pour laisser la place aux forces onusiennes afin qu’elles sécurisent les populations civiles alors que quand le MNLA y régnait en maitre, elle n’a jamais fait une pareille demande à ses rebelles. Or, ce mouvement est aujourd’hui en train de protéger les populations civiles, une mission à laquelle la force onusienne a failli. Elle s’est même rendue responsable de la mort de trois civils à Gao il y a quelques mois lors d’une manifestation anti-Minusma.
Face à la recrudescence des attaques perpétrées par les rebelles pour faire échouer la signature du 15 mai prochain, certains observateurs se demandant où se trouve la Minusma lorsque les positions des FAMas sont attaquées à longueur de journée, lorsque des civils sont tués par des bombes larguées par des motocyclistes ? Ou encore les nombreuses attaques qui sont le lot quotidien des populations à Tenenkou, Nampala, Bintagoungou, Leré….et dont les auteurs sont connues.
Une situation qui pousse certains à conclure que la paix au nord du Mali, dans la situation actuelle, ne se trouve qu’au bout du fusil.
D. Diama
Accueil Nord-Mali
LA MUNUSMA NE DOIT PAS RESTE AU MALI.
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