Le constat est inquiétant. Le nord du Mali est devenu la proie des attaques sporadiques des terroristes. Au cours des 12 derniers mois, la menace jihadiste au nord du Mali s’est accrue de façon spectaculaire et tragique. Du coup, les populations du septentrion continuent à compter les morts et les blessés, civils et militaires. La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation est du coup compromise.
Les attaques terroristes ont constamment augmenté dans la partie septentrionale du Mali. On aura dénombré beaucoup de morts civils et militaires. Et ce, malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation entre le gouvernement malien et des groupes rebelles.
Les populations du nord du Mali sont toujours victimes de l’insécurité. Les attaques, embuscades et enlèvements se multiplient au quotidien dans cette zone du pays qui continue à être un no man’s land contrôlé par les réseaux criminels.
Et la population civile paye le plus lourd tribut. Les morts se comptent désormais par dizaines. Dans la région de Gao, le 7 octobre 2015, une attaque meurtrière a fait 10 morts et plusieurs blessés dans la localité de Tingueriffène (arrondissement de Djebok). Les assaillants terroristes étaient dans des véhicules 4×4 et sur des motos.
Le 11 janvier, un paysan du village de Kaneye (cercle de Goundam) a sauté sur une mine. Son corps a été calciné. Le 18 janvier dernier, aux environs de 7h30, un convoi de véhicules civils parti de Hombori et escorté par des éléments des forces armées et de sécurité, est tombé dans une embuscade, à 105 kilomètres de Gao.
L’attaque terroriste perpétrée à coups de lance-roquettes, a causé la mort de 6 personnes, des civils. On a dénombré 2 blessés, dont un militaire, évacués sur l’hôpital régional de Gao. On déplore également des dégâts matériels.
Plusieurs civils ont également perdu la vie suite à des raids terroristes. Ces violences n’épargnent ni les enfants ni les femmes qui sont d’ailleurs les principales victimes de cette violence sévissant dans le septentrion malien. Du coup, la peur s’installe dans les cœurs et les esprits. Les populations ne savent plus à quel Saint se vouer.
Le nord du Mali, faut-il le souligner, était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominance touareg. D’abord alliée à ces groupes, elle a ensuite été évincée. Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale dénommée «Opération Serval». Aujourd’hui, la France poursuit son engagement au Sahel par l’Opération Barkhane qui concerne également le Niger et le Tchad.
Malgré cette présence ainsi que celle de la Minusma, des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Et cela malgré la signature en mai et juin d’un Accord de paix entre le gouvernement et les rebelles.
Pour beaucoup d’observateurs, pour donner une chance à la mise en œuvre de cet accord, il faudra non seulement cantonner les groupes rebelles, mais aussi multiplier les patrouilles mixtes. Sans compter qu’il faut rapidement résoudre la situation de Kidal. Un sanctuaire du terrorisme qui demeure toujours un Etat dans un Etat !
Aliou Touré