« Quand le propriétaire se transforme en spectateur, c’est le festival des brigands », disait Modibo Keïta, premier président malien. Cette déclaration sied à la situation actuelle du nord du Mali que l’armée nationale a abandonné. La zone est devenue le terrain de prédilection des aventuriers de tous genres que rien ne semble pouvoir arrêter. Pas même les forces de l’ONU et de l’ex-opération Serval qui se sont effacées. Les communautés sont obligées à prendre les armes pour se protéger des groupes armés qui veulent parler et agir en leur nom par la force.
Pour ne plus être à la merci des groupes armés, les populations de la région de Gao ont décidé de prendre les armes dans la foulée des évènements de Kidal en mai dernier. La guéguerre entre la majorité silencieuse et les séparatistes venaient de prendre une tournure plus sanglante. Des affrontements meurtriers ont eu lieu dans les localités de Tabankort et d’Anéfis entre le groupe Mnla-Hcua-Maa(dissident) et les groupes d’autodéfense non-sécessionnistes.
Ces groupes d’autodéfense sont représentés par le Maa (loyalistes), les Touareg Imghad et les Songhaïs de la Coordination des mouvements et front patriotique de résistance (CM-FPR). Les communautés jusqu’ici restées loin des combats ont profité des ces affrontements pour fonder une alliance dont l’objectif est la défense de leurs intérêts. Début juillet dernier, les bases de l’alliance ont été jetées à Gao. Cette alliance n’était pas encore un groupe armé déclaré et ses initiateurs ne pouvaient pas assister aux négociations.
La frustration est l’une des causes de la création de cette alliance dont les représentants estiment qu’ils n’étaient pas les bienvenus auprès de la communauté internationale. Pourtant, tout ce que ces communautés voulaient, c’était de pouvoir défendre leur point de vue dans le cadre du dialogue. En tout cas, elles entendent le faire dans la deuxième partie des négociations d’Alger.
Le Gatia est donc né comme une force de contestation, en tant que groupe armé afin de rappeler qu’il n’y a pas que le Mnla et ses alliés au nord du Mali. Les communautés liées au Gatia veulent aussi être représentées au sein des comités de suivi et d’évaluation, ainsi que des équipes mobiles d’observation.
De nouveaux groupes hostiles à la présence de l’Etat au nord du Mali ont vu le jour parallèlement à l’alliance communautaire fidèle aux autorités nationales. Il y a deux semaines, l’un de ces groupes a annoncé officiellement sa position peu après l’annonce de la création du Gatia, mais peu d’informations existent sur ses initiateurs.
Quant aux mouvements djihadistes, ils profitent de l’imbroglio sécuritaire et surtout du manque de sympathie de la communauté internationale envers l’Etat malien. Cela permet aux combattants d’Ançardine de faire des mouvements entre les groupes armés non inquiétés par la communauté internationale (le Hcua et le Mnla) dans le but de créer la confusion sur leur appartenance idéologique.
L’autre stratégie des djihadistes est de frapper pendant longtemps les positions ennemies sans éveiller de soupçons sur leurs agissements. C’est ainsi que le dernier attentat contre les positions de la Minusma à Ber, dans la région de Tombouctou, n’a pas été revendiqué jusqu’ici, même si tout le monde sait que les attentats suicides portent généralement la signature des terroristes. Malgré leur isolement diplomatique, les Islamistes paraissent ne pas perdre du terrain au nord du Mali et montrent un peu de leur capacité chaque jour. La libération récente d’anciens chefs militaires d’Ançardine prouve à quel point ils peuvent encore peser sur la stabilité des régions nord du pays. Ainsi à Kidal, le retour de Iyad Ag Ghaly se confirme dans cette cité qu’il avait quitté. Le chef d’Ançardine, qui a adressé une déclaration à la France, serait sur le point de reprendre les hostilités. Il multiplie actuellement les contacts et tente de (re)organiser ses forces, indiquent des sources au nord.
Dans tout ça, c’est la population qui passe au second plan. Avant la création du Gatia, des élus de la région de Gao et certains chefs communautaires ont pris contact avec la Minusma et les forces de l’ancienne opération Serval pour leur demander en vain de ne pas laisser les groupes armés s’installer dans les localités comme Djebock, Tessalit et Intilit.
Les populations avaient également sollicité que les forces internationales obligent les groupes armés à reprendre les positions qu’ils avaient au moment du cessez-le-feu. L’échec de ces tentatives a amené certains habitants du nord à dire que la Minusma et les forces françaises sont plus exigeants avec l’Etat malien pour le respect du cessez-le-feu qu’avec les groupes armés.
Soumaïla T. Diarra
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C’est la faute à Moro Mara!
Wa salam!
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