Les choses commencent à se préciser de plus en plus dans le cadre du dialogue inter-Maliens. Ainsi, après la signature, la semaine dernière de la ” déclaration d’Alger ” par trois mouvements armés du nord du pays à savoir le MNLA, le HCUA et le MAA, destinée à harmoniser leur point de vue, trois autres groupes armés ont signé samedi dernier un document dénommé ” plateforme préliminaire pour une solution définitive “. Ces groupes sont notamment, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA loyaliste), une dissidence du MNLA qui se fait appeler la Coalition pour le peuple de l’Azawad (CPA) et la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR).
Cette situation intervient alors que se tenaient hier, toujours dans la capitale algérienne, les travaux de la 4e session du comité stratégique algéro-malien et que s’ouvrent ceux d’une réunion de haut niveau des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel en présence des organisations sous-régionales, régionales et internationales telles que la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU. Trois ministres maliens à savoir le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, son homologue de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed et celui en charge de la réconciliation du nord, Amadoun Konaté, participent à cette réunion. Ces rencontres seront l’occasion de faire le point sur l’évolution de la situation dans le nord du Mali notamment celle relative au dialogue inclusif inter-Maliens.
Par ailleurs, il convient de préciser qu’à travers la signature de la ” plateforme préliminaire pour une solution définitive “, il existe désormais deux entités de mouvements armés en face du gouvernement malien.
Les signataires de ce document ont appelé le gouvernement malien au dialogue pour ” une solution politique et pacifique globale dans le nord du pays avec la médiation algérienne et sous l’égide de la communauté internationale. A travers ce document, ils s’engagent “ à encourager les efforts des autorités algériennes pour soutenir le processus de paix et à prendre des mesures en faveur de la recherche de solutions politiques et pacifiques définitives avec le gouvernement malien “.
Parmi les mesures destinées à “ restaurer la confiance ” réclamées par les signataires, figurent entre autres : la libération de prisonniers et la création de conditions favorables au retour des réfugiés aussitôt après la signature d’un accord de paix ” définitif “. Notons que ledit document a été signé en présence du chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. Les signataires sont notamment le secrétaire général du MAA pro-gouvernemental, Ahmed Ould Sidi Mohamed, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun a représenté le leader de la CPA, l’ex-député de Bourem, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh et c’est Me Harouna Touré qui a signé au nom des groupes armés sédentaires. Selon une source proche du dossier, ladite plateforme n’exclut que les mouvements séparatistes touaregs dont MNLA et le HCUA rejoignent ce document.
La même source précise d’ailleurs que des discussions sont en cours à ce sujet. Rappelons que lors de la signature de la ” déclaration d’Alger “, la semaine dernière, ce sont plutôt, ces groupes qui avaient demandé aux autres de les rallier en fixant même un ultimatum de 30 jours. Il semble que leur menace n’a servi à rien bien qu’officiellement aucune alliance n’a été signée. Reste aussi le sort du MAA qui prône le séparatisme dont la voix ne se fait toujours pas entendre.
En tout cas, les signataires de la ” plateforme préliminaire ” se sont engagés ” à respecter scrupuleusement l’intégrité du territoire et l’unité nationale du Mali “. Ils s’engagent à ouvrir le dialogue avec le gouvernement malien d’une façon constructive sur la voie du dialogue et de la négociation pour une nouvelle gouvernance répondant aux aspirations profondes et légitimes des populations du nord du Mali.
Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, l’Algérie a exprimé son ” soulagement quant à la sagesse dont ont fait preuve les trois mouvements et sa détermination à renforcer les progrès réalisés dans la voie du rapprochement des positions des mouvements du nord du Mali “.
Massiré Diop