Entre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et les insurgés de Kidal, l’épreuve de force est désormais engagée. Des combats opposent ces deux groupes rebelles armés depuis le lundi dernier dans la zone de Taoudenit. Bilan : de nombreux morts du côté des "Kidalois".
Début du mois d’octobre : un groupe de combattants du GSPC, mouvement islamiste algérien dont des éléments opèrent le long de la frontière entre le Mali et l’Algérie, tombe dans une embuscade tendue par les insurgés de Kidal retranchés dans la même zone frontalière.
L’opération (embuscade) se solde par un bilan lourd du côté des rebelles algériens : le N°2 du GSPC et plusieurs de ses combattants sont tués.
Depuis, la tension n’a cessé de monter entre les deux groupes armés opérant dans la même zone. Une zone par excellence de contrebande, de trafic d’armes, de drogue et de produits de toutes sortes. Ce qui est de nature à compliquer encore davantage la "coexistence" entre les deux groupes qui visiblement n’ont pas que des revendications politiques.
Ils ont également et surtout des motivations économiques. Pour de nombreux observateurs, l’incident du début du mois n’était donc pas fortuit.
Seulement voilà : il intervenait au moment où les insurgés maliens étaient appelés à fournir au "facilitateur" algérien leurs armes et à s démobiliser. Ainsi, l’embuscade tendue au GSPS constituait sans doute une main tendue des insurgés à l’adresse justement du facilitateur.
D’autres informations le confirmeront par la suite. En effet, il est apparu que les insurgés de Kidal aient décidé de sévir contre le groupe Salafiste pour des raisons évidentes de stratégie : entrer dans les bonnes grâces des Algériens. Ceux-ci, de leur côté, ne pouvaient que se réjouir de l’apport des "kidalois" dans la croisade contre les Salafistes. L’axe Teghargart (base des insurgés) et Alger était tout tracé et il répondait parfaitement à cet adage : "l’ennemi de mon ennemi est mon ami". Même si de l’autre côté, les autorités d’Alger continuent de "coopérer" avec les autorités maliennes en vue de l’application du pacte que le voisin a parrainé.
Cependant, Alger a toujours voulu (mais pas obtenu) une plus grande implication de l’armée malienne dans la chasse aux Salafistes sur le territoire malien. Aujourd’hui, à la place de l’armée, Iyad et ses hommes ont décidé de faire le ménage. Pourquoi ? A quelles conditions ? A défaut d’avoir toutes les réponses, depuis quelques semaines, des informations font état de l’appui discret du voisin algérien aux insurgés de Kidal.
En effet, le voisin du Nord aurait fourni à Iyad et ses hommes des quantités d’armes, des véhicules, des vivres et de l’argent. Objectif : appuyer cette nouvelle croisade contre les Salafistes.
Situation explosive
Lundi 23 octobre : réponse du berger à la bergère. Une colonne des insurgés patrouillant dans le secteur de Taoudenit est prise pour cible par des combattants du GSPC. A l’issue d’âpres combats, les islamistes algériens prennent le dessus. Ils tuent cinq insurgés et font deux prisonniers. Dans la nuit du lundi au mardi, les affrontements se poursuivaient encore le long de la frontière. Des renforts auraient quitté Tegargat pour rallier le secteur des combats, apprend-on de bonnes sources.
Hier, d’autres informations non confirmées faisaient état d’une chasse à l’homme contre les islamistes algériens. En effet, des éléments de l’armée algérienne aurait pris position au niveau de la frontière pour éventuellement barrer le chemin aux éléments du GSPC.
C’est dire que la situation est explosive actuellement dans le secteur.
Le GSPC étant devenu l’ennemi à abattre. Il est en effet pris entre le feu des insurgés de Kidal, de l’armée algérienne et étroitement surveillé par les Américains qui s’intéressent à tous leurs mouvements depuis des années. Malgré tout, le GSPC semble décidé a en découdre avec les insurgés de Kidal.
Pour les salafistes les hommes de Iyad Ag Ghaly (chef des insurgés) sont désormais à la solde des autorités algériennes. Aussi, les Salafistes n’ont pas digéré la mort de leur chef.
Au delà, les autorités maliennes sont aujourd’hui embarrassées face à l’évolution de cette situation qui risque de retarder, sinon compromettre l’application de l’Accord d’Alger signé en juillet dernier, entre le gouvernement malien et les insurgés de Kidal. Mais avec les événements le plus gros risque est de voir le nord du pays se transformer en théâtre d’affrontements entre groupes armés maliens et étrangers.
C’est pourquoi, l’armée malienne reste sur ses positions dans tout le nord. Un officier de l’armée nous confiait hier, sous l’anonymat, que face à la nouvelle situation il n’est pas exclu que l’armée malienne renforce ses positions afin de sécuriser les localités du nord du Mali.
En dehors, l’armée malienne n’envisage aucune intervention dans cette guerre entre rebelles. Au contraire, elle a de bonnes raisons de se réjouir. Le gros des effectifs de Teghargart étant des déserteurs de l’armée qui, le 23 Mai dernier, ont attaqué deux garnisons militaires de Kidal.
Cependant les autorités maliennes suivent la situation de près, indique un responsable du Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales. D’où le déplacement la semaine dernière à Alger du Général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration Territoriale.
CH. Sylla
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