Depuis plusieurs années, le Nord-Mali est en proie, non seulement à une insécurité grandissante, mais aussi et surtout à une rivalité entre leaders et communautés de la région. Cette situation touche surtout Kidal. En effet, les antagonismes d’alors, entre le Mouvement Populaire de l’Azawad (MPA) et l’Alliance Révolutionnaire pour la Libération de l’Azawad (ARLA) ont occasionné une guerre fratricide dans les rangs des Touaregs de Kidal et de Gao. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la mort de Bilal Saloum, bras droit de Iyad Ag Aghaly, chef historique de la rébellion des années 1990, déclenchée par le MPA.
Cette organisation était essentiellement composée d’Ifoghas alors que l’autre était formée par des Imgads. Conséquence: un froid glacial s’est instauré entre ces deux communautés. Et, le 23 mai 2006, le fossé s’est encore creusé entre elles, avec l’attaque du camp militaire de Kidal, revendiqué par une soi-disant Alliance pour le changement et la démocratie.
Parmi les assaillants, on retrouvait plusieurs ethnies, sauf les Imgads. Et, pour parer à cette situation, l’Etat a dépêché sur le terrain le Colonel Elhadj Gamou, Imgad bon teint et ex-leader d’ARLA. Cette nouvelle donne a été mal digérée par les Ifoghas. C’est pourquoi ces derniers n’ont pas facilité la tâche au chef du Commandement Opérationnel. Il a fallu que le Colonel Ould Meydou soit envoyé en renfort auprès de Gamou pour que se termine la chienlit, provoquée dans la zone par Bahanga et autres.
Ces deux communautés se menaient une guerre larvée et se neutralisaient discrètement. Ce qui rendait difficile la pacification de la zone. A titre d’exemple, toutes les sorties du Colonel Gamou était filées et sabotées par des Ifoghas. Ce qui a conduit cet officier a créer sa propre milice, dissoute il y a peu et intégrée dans le corps des forces armées. De même, toutes les bonnes œuvres du Directeur de l’Agence pour le Développement du Nord- Mali, Mohamed Ag Akilinine étaient critiquées à Kidal, non pas parce qu’elles n’étaient pas bonnes mais parce qu’il est Imgad.
Face à cette réalité, les deux communautés ont accepté de signer la paix des braves, sous l’œil vigilant du chef de l’Etat, afin de contribuer à la pacification et au développement du Nord en général et de Kidal en particulier. C’était le vendredi 1er octobre 2010 à Koulouba.
Les Ifoghas étaient représentés par Mohamed Ag Intallah, Alhabass Ag Intallah, Iyad Ag Aghaly et d’autres notables. De l’autre côté, il y avait le Colonel Elhadj Gamou, Azaz du Haut Conseil des Collectvités et Mohamed Ag Akilinnine. A suivre.
Chahana Takiou