Sous d’autres cieux, on appelle cela le racisme, à savoir, les préjugés nés de la couleur de la peau ou d’autres signes distinctifs. Les ressortissants Haoussas du Niger et du Nigéria sont confrontés à la question au Mali.
Le groupe est composé d’hommes, de femmes et d’enfants et leurs djatigui, depuis des déjà plusieurs générations, s’avèrent les familles d’origine Haoussa de Bagadadji en commune II du District de Bamako. Nous sommes partis à leur rencontre.
Abdoul halym, un chef de file explique: «nous venons de Niger. Avant nous, nos arrières grands –parents fréquentaient les familles au Mali. Il s’agit précisément des familles Haoussa et Souraka (maures). Notre djatigui est Seyba Traoré… Il est lui aussi Haoussa. Personnellement, j’ai commencé à venir à Bamako depuis 1990. Les habitants du quartier nous connaissent très bien. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec eux. Mais depuis la crise malienne, nous sommes régulièrement confrontés à d’énormes difficultés dans la ville de Bamako.
Suite aux attaques que nous nous condamnons, nous sommes arrêtés par les forces de l’ordre suite à des dénonciations infondées. Nous n’avons et ne saurons avoir de mauvaises intentions pour ce pays que nous considérons comme nôtre et qui nous a tout donné… Nous avons des enfants parmi nous qui sont nés ici, derrière cette fenêtre que vous voyez… Nous n’avons pas de problème dans les autres pays, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Mauritanie, le Nigeria d’où certains nous sont originaires…Nous en appelons aux autorités maliennes et à notre consul… La couleur de la peau ne nous intéresse pas, nous sommes les mêmes. Dieu pouvait nous créer Noir, jaune ou rouge… Qu’on ne nous arrête pas à cause de notre peau !».
Pour sa part, le représentant de la famille de tutelle témoigne : « je suis Mamadou Traoré et tout le monde m’appelle Seyba dans la famille Haoussa de Bamako et précisément à Bagadadji en commune II. Enfant on m’appelait «Haoussadeni Seyba » ou le Petit-Haoussa.
Nous sommes originaires de Baraouli dans la région de Ségou. C’est notre grand-père qui est venu du Nigeria pour s’installer à Baraouli. Et notre père est venu à Bamako avec son grand –frère et sa sœur. Nos mères sont de Bozola ici à Bamako. Donc nous sommes à Bamako! Ces nomades viennent ici depuis bien avant 1960. Et que tu sois du Niger ou du Nigeria, c’était la même famille. Nos pères ne faisaient pas de distinction. En passant, ces nomades s’installaient là et faisaient des affaires avant de continuer. Raison pour laquelle justement, on appelle cette partie du quartier, «Haoussa-kin» ou le quartier des Haoussas. Vers l’Ouest, il y a le «Souraka-kin» ou le terroir des Maures venus de la Mauritanie. On retrouve également parmi eux, les tamasheqs du Niger. Parmi-eux, certains ont un teint plus clair et d’autres plus sombres. Il s’agit par exemple des Kadamata (noir), des peuhls BOROLO (clair)…
Nous nous sommes des berbères et nous venons du pays Haoussa. Nos étrangers viennent ici depuis le temps de nos grands-pères. Nous, nous sommes nés ici et nous les avons vus. Leurs grands-pères étaient avec les nôtres. Je confirme bien que certains sont nés derrière ma fenêtre ici à Bagadadji sous les moustiquaires. Ces gens sont inoffensifs ! Ils viennent quémander ici au Mali parce que selon eux, ce pays est humanitaire et très social. Le Mali est leur première destination et ils continuent jusqu’en Guinée, au Sénégal en Côte d’Ivoire…
Aujourd’hui avec la crise, ils ont de sérieuses difficultés. L’accueil n’est plus même et ils sont très souvent arrêtés et malmenés… Il y a une grave confusion qui est en train de s’installer dans les esprits. Je demande d’éviter les amalgames. Ceux sont nos alliés ; pas nos amis !
Fort heureusement, ils rencontrent souvent des éléments des forces de l’Ordre qui se montrent très compréhensifs. Il suffit juste de vérifier leurs identités ! Et je voudrai lancer un appel à l’endroit des autorités maliennes, des consuls du Niger et au gouvernement nigériens, au nom de l’amitié qui existe entre nos pays (Mali –Niger- Nigéria) de s’impliquer pour le sort de ces pauvres nomades ! Nous sommes tous dans les mêmes organisations sous-régionales. Il s’agit de notre destin commun».
Propos recueillis par Saba Ballo