Le week end dernier a été celui de toutes les inquiétudes dans les localités du Sahel occidental, c’est-à-dire le long de la bande allant de Mourdia à Nioro du Sahel. Depuis l’attaque de Nampala le 20 décembre dernier par les rebelles d’Ibrahim Ag Bahanga, le Sahel occidental n’a pas retrouvé la quiétude. Cette peur collective a atteint un paroxysme hystérique dans la ville de Nioro du Sahel le vendredi 26 décembre 2008, avec une alerte donnée par le camp militaire de la localité.
Contacté un habitant de Nioro du Sahel confirme que la situation est très inquiétante à Nioro du Sahel. Selon lui, c’était aux environs de 14 heures, vendredi 26 décembre, lorsque la panique s’est emparée de la population. « Les gens courraient dans tous les sens, les boutiques, les magasins et les banques ont fermé leurs portes et le marché s’est vidé », témoigne cet habitant de Nioro du Sahel.
Tout est parti des sifflements de clairons militaires appelant les militaires dans la ville à rentrer dans la caserne. Ce genre d’appel subit arrive généralement lorsqu’un danger plane dans l’air, cela est connu des habitants de Nioro, compte tenu de leur proximité avec le camp qui est contigu au marché. Mais ce vendredi, ce n’était pas que le coup de clairon qui a semé la panique, les militaires ont érigé des barricades partout où ils peuvent aux entrées de la ville, en utilisant des bois, des pneus et des cailloux, comme on en a jamais vu, et en déployant des éléments armés. Des BRDM ont été positionnés en des lieux stratégiques. Selon cette source contactée à Nioro, ce camp qui ne dispose pas d’engins légers a dû réquisitionner des véhicules des services.
Des rumeurs persistantes étaient à l’origine d’un désordre indescriptible: les rebelles auraient quitté la ville de Ballé à Nara et Touroungoumbé, seraient en partance sur Nioro du Sahel. Vite, les dispositions étaient à prendre. Puis, il fallait appeler à la pondération ; le Maire, le Préfet et le Commandant d’arme ont adhéré à cette initiative de certains conseillers communaux. C’est ainsi que des représentants de ces structures (Administration, Mairie, Haut Conseil des Collectivités) ont pris d’assaut les radios de Nioro pour diffuser des messages d’apaisement. Le cortège des rebelles était remonté vers le nord Ouest en direction de la Mauritanie. Cependant, à Nioro du Sahel, « les militaires sont restés sur leurs positions, car selon certaines informations, cette ville serait dans le schéma d’attaque des rebelles », nous précise un élu de la localité.
Certes, l’annonce faite des troupes de Bahanga à Nioro était fictive, mais pendant ce temps, les rebelles campaient royalement autour d’un puits à 2 Km de Mourdia, sur la route de Nara. Là, ils sont restés pendant 24 heures (du vendredi au samedi soir), coupant la route à tous les usagers de cette voie, et tirant sur tous ceux qui essaient de forcer le passage. C’est là qu’ils ont stoppé et bloqué des véhicules qui ont quitté Bamako le vendredi pour se rendre à Nara. Selon un ressortissant de Mourdia à Bamako, les troupes rebelles sont entrées dans ce village, Samedi au crépuscule pour s’approvisionner en eau potable, avant de partir. Ce n’est qu’en ce moment que les voyageurs ont pu arriver à Goumbou et à Nara, nous précise-t-on. Nous avons pu avoir la confirmation qu’en quittant Mourdia, hier dimanche, ils ne sont pas arrivés à Nara.
De sources proches de la localité, le groupe de rebelles seraient en vadrouille entre Dily et Nioro du Sahel sur une distance d’environ 260 Km, depuis le mardi 23 décembre, passant par les localités de Dali, de Sampaga et de Balé.
Ils n’ont pas été inquiétés par l’armée malienne qui n’est arrivée avec des BRDM qu’hier matin (dimanche 28 décembre) pour constater qu’ils ont levé leurs bivouacs. Dans le Sahel occidental, partout de Mourdia à Gumboun et Gogui, c’est la panique aujourd’hui, certains attribuent cette situation à une insuffisance d’équipement de l’armée. Les populations se sont installées dans une vraie psychose dans cette partie du pays. L’Etat fait-il suffisamment pour les rassurer ?