Négociations avec les groupes armés : Retour à la case départ

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Blaise Mnla«Le gouvernement du Mali viole l’Accord de Ouaga en prenant des décisions unilatérales sans concertation avec les mouvements de l’Azawad. Cela montre tout simplement que ce gouvernement manque de volonté de régler la question du Nord, malgré l’engagement du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) d’apporter une solution définitive au problème. IBK a malheureusement gardé la même attitude qu’il adoptait avant son élection. Il mène une politique de marginalisation et d’exclusion de la population de l’Azawad», soutenait le Secrétaire général du Mnla et président du Conseil de transition du fantoche «Etat de l’Azawad». Du coup, après la victoire de ses éléments sur les Fama, il appelle au retour à l’Accord préliminaire de Ouagadougou.

Un pas en avant, dix pas en arrière, serait-on tenté de dire dans la résolution définitive de la crise du Nord du Mali, particulièrement de ce qu’il convient désormais d’appeler «le cas Kidal». En effet, alors que l’on croyait avoir réalisé d’énormes avancées dans la résolution de cette crise, revoilà un autre feuilleton. Fort de leur victoire sur les Fama lors des derniers combats meurtriers survenus à Kidal, les bandits armés du Mnla et de leurs alliés imposent maintenant leur diktat au pouvoir central de Bamako : le retour à l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Un Accord qui ferait leur «affaire» dans leur velléité de séparatisme ou d’auto-détermination.

En tout cas, le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine, a réussi à arracher un accord de cessez-le-feu en cinq points qui a pris effet depuis la signature de toutes les parties : l’Etat malien et les groupes armés représentés par Mohamed Ag Najim pour le Mouvement national de libération de L’Azawad (Mnla), Cheick Ag Haoussa pour le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua) et Brahim Ould Handa pour le  Mouvement arabe. Les deux parties ont convenu de la cessation immédiate des hostilités sur toute l’étendue du territoire national et acceptent de revenir à l’Accord préliminaire de Ouagadougou pour une reprise immédiate des négociations.

Du flou dans la relance du processus de paix
Des lueurs d’espoir dans le retour à la paix définitive dans notre pays, notamment dans sa partie septentrionale, il y en a. C’est du moins ce que l’on puisse dire avec le Sommet des chefs d’Etat de la Cédéao qui s’est tenu le 30 mai dernier à Accra au Ghana et la première rencontre entre le Haut représentant de l’Etat du Mali, Modibo Keïta et les groupes armés du Nord-Mali à Ouagadougou. De part et d’autre, on joue à l’apaisement, en rappelant que c’est l’option «dialogue» qui est désormais choisie pour résoudre la crise. Mais, il y encore des zones d’ombre : Où se dérouleront les futures négociations ? Le gouvernement malien propose Bamako, tandis que les rebelles armé souhaitent se rendre plutôt dans un pays neutre. Autre demande des groupes armés : la libération de leurs combattants ou compagnons en prison dans le Sud du Mali, contre la libération des militaires de l’armée régulière faits prisonniers après les derniers événements de Kidal. En somme, tant que ces zones d’ombre demeureront, les négociations piétineront.

L’incompréhensible attitude de la Communauté internationale
La question qui brûle les lèvres des Maliennes et des Maliens est de savoir à quel jeu joue la Communauté internationale, notamment la France dont on dit qu’elle est le parrain du Mnla ? Pourquoi cette duplicité de la France, le discours officiel étant à mille lieux de ce qui se passe sur le terrain ? Les revendications de ces bandits sont-elles aussi légitimes et légales pour que la France se laisse berner ainsi ? À qui appartient Kidal, si on empêche l’Etat malien d’exercer son autorité ? Est-ce une enclave, une zone tampon ? Un endroit «sans propriétaire» qui attend d’être cédé ? Y a-t-il un deal entre la France et les mouvements rebelles ?

La France roule-t-elle pour elle-même, sachant que d’un point de vue géopolitique et géostratégique, cette zone attire, sans compter l’immensité et la variété plus ou moins avérée de ses ressources minières? Peut-être oui, au regard de ce qui se passe actuellement. Au lieu d’aider le Mali à combattre ces terroristes, on le contraint à négocier. Négocier avec qui ? Des terroristes et narco-trafiquants ? Eux qui ont trimbalé les plus hautes autorités maliennes à Ouagadougou, sans accepter de parler le langage de la paix ?
Espérons que cette fois-ci, en revenant à cet Accord préliminaire de Ouagadougou, ils ne nous parlerons pas de la «république de l’Azawad», mais  plutôt de la République du Mali Une et Indivisible !

Bruno LOMA

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3 COMMENTAIRES

  1. Tout le monde souhaite une negociation qui nous conduise a la paix si les conditions de la souverainte renforcee du Mali et de l’integrite territoriale sont respectees.Mais reclamation de l’autonomie d’une region ou de l’independance d’une entite du Mali va declencher la guerre.Je supporte le conseil de Seydou Badyan de preparer cette eventualite.Tout Accord militaire qui entraverait l’armement de l’armee Malienne doit etre rejete.Pour combattre les rebelles au Sahara,qu’ils connaissent bien,il faut des avions et des helicopteres de combat.Qu’attendons-nous depuis 18 mois?L’armee de l’air devrait jouer le gros role au Sahara!Je ne suis pas soldat mais cela sotte aux yeux.Nous ne gagnerons pas sans les avions.C’est demander aux sportifs Maliens d’aller battre les courreurs Ethiopiens a Addis Ababa.Il faut eviter les contradictions pour sortir de cette crise.Quand vous etes trahis il faut accepter les faits.Ils sont devant vous.Ils ne sont pas inventes.Nous avons tous des amis la-bas!

  2. Enfin l’Azawad n’est qu’une monnaie d’echange enter les mains de Narcotrafiquants. Pour une paix veritable et durable, ils auront besoin de l’equivalent des ressources generes par le narco trafic; est il possible de satisfaire a cette demande? Si non, il faut se preparer serieusement a la guerre.
    Avec la complicite de la France et des multinationales, les narco trafiquants Ne jouent que de la farce pour ralentir l’intervention de la communaute internationale et continuer a profiter des routes du trafic qu’ils continuent de controler.
    Alors autorites du Mali, faites des efforts pour retablir tres urgemment nos circuits traditionnels d’equipement de l’Armee; la seule voie sure pour une paix durable au Nord du pays. Ne soyons pas naifs; l’adage Ne dit-il pas : qui veut la paix prepare la guerre. Aussi tout le monde sait que l’ami de mon ennemi n’est autre que mon ennemi meme s’il n’est toujours pas Bon de le designer. Alors Courage pour des choix patriotiques de nos interets.

  3. Il faudrait bien qu’à la fin qu’on nous explique ce qu’on est en train de négocier:nos âmes ou notre dignité?
    Toute reconnaissance accordée aux Touaregs par la France et ce qu’on appelle la communauté internationale se révèle – à nos yeux et je m’exprime entant que Nordiste – nulle et sans importance.

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