Négociations Gouvernement/Groupes armés : Que peut réellement apporter le président burkinabé Blaise Compaoré ?

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Le premier ministre va se rendre à Kidal, Tombouctou et Gao
L’entrée de la region de Kidal

Depuis l’éclatement de la crise au Nord du Mali, particulièrement lorsque les groupes armés ont attaqué le gouvernorat de Kidal lors de la visite du Premier ministre, Moussa Mara, tous les Maliens ont été indignés par la tuerie qui s’en est suivie. Tuerie qui montre, s’il en est encore besoin, que le Mnla et ses alliés ne comptent pas céder un pouce de terrain de Kidal au gouvernement malien. Du coup, ce dernier est contraint à la négociation. D’ailleurs, la pression est très forte de la part de la Communauté internationale pour la reprise des pourparlers inclusifs inter-maliens sous la houlette du président du Faso Blaise Compaoré. Mais, que peut-il réellement ?

Pris dans l’engrenage depuis les derniers événements tragiques de  Kidal et la déroute des Fama après la visite du Premier ministre, Moussa Mara, le gouvernement malien n’a désormais qu’une seule option : négocier avec les terroristes du Mnla et leurs amis jihadistes.  Négocier donc en position de faiblesse. «Ce n’est que par le dialogue que l’on peut résoudre cette crise avec nos frères armés», déclarait IBK en recevant tout dernièrement le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine, qui s’était auparavant rendu à Kidal, où il a rencontré les représentants des groupes du Nord du Mali en vue du cessez-le-feu entre les deux parties belligérantes.

Sur injonction donc de la Communauté internationale, notamment des Nations unies, le Mali doit impérativement et le plus rapidement possible négocier avec les groupes terroristes et narcotrafiquants du septentrion. Et c’est dans l’optique de ces négociations interrompues entre temps que des pays voisins se bousculaient aux portillons de notre capitale pour obtenir le manteau de la médiation. Puisque le médiateur désigné de la Cédéao, le président burkinabé Blaise Compaoré, était «désavoué» par les Maliennes et les Maliens qui considéraient qu’il est de connivence avec ces bandits armés dont certains ont d’ailleurs élu domicile au pays des hommes intègres. On se souvient encore que le président du Faso était traité comme «l’ami des rebelles armés du Nord du Mali». Du coup, l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc…ambitionnaient de s’investir dans la résolution de la crise malienne.

Avec donc cette reprise annoncée des pourparlers inter-maliens, le chef de l’Etat du Faso «récupère en bonne et due forme» son costume de médiateur qu’il a failli perdre. C’est d’ailleurs dans ce cadre que se situe sa dernière visite dans notre pays ; visite au cours de laquelle il a pris langue avec nos plus hautes autorités, notamment le président Ibrahim Boubacar Kéïta, le Premier ministre Moussa Mara, des honorables députés à l’Assemblée nationale, les autorités religieuses. Sans oublier le Haut représentant du président de la République pour le dialogue inclusif inter-malien et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies.

Mais, la question qui taraude les esprits est de savoir ce qu’il pourra réellement faire pour sortir notre pays de l’engrenage dans lequel il se trouve actuellement, quand on sait qu’il est lui-même dans la tourmente avec la levée de boucliers de l’opposition burkinabé qui le soupçonne de vouloir changer la Constitution pour se représenter (3ème fois) à la prochaine présidentielle, alors qu’il tend vers la fin de ses deux mandats.

Un médiateur qui a besoin d’un médiateur

Comme on le constate ces dernières années sur le continent, les tripatouillages constitutionnels sont devenus un mot de passe entre les présidents «démocratiquement élus» tendant vers la fin de leurs mandats conformément aux Constitutions de leurs pays respectifs. Tel serait le cas en RDC, au Togo, au Cameroun, au Burkina Faso…Dans ce dernier pays, l’opposition est sur le-qui-vive, étant donné que le président Blaise Compaoré tenterait de modifier la Constitution pour se représenter à la prochaine présidentielle. Dans la foulée, on assiste à un bras de fer gouvernement-opposition avec des marches de protestations, des meetings, des sit-in, histoire d’inviter les populations à la vigilance. Et à l’allure où vont les choses, l’opposition burkinabé n’entend pas se laisser faire. Comment le président sortant Blaise Comparé pourra se prendre pour faire face au front social en ébullition dans son pays, tout en gérant le sulfureux dossier malien ? La question reste toute posée.

Bruno LOMA

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