Négociations en terre malienne : Est-ce la fin de la cacophonie?

1
Soldats du MNLA à Kidal
Soldats du MNLA à Kidal le 4 février 2013.
REUTERS (photo archives)

Dans l’impasse, les négociations entre le gouvernement et les groupes armés n’ont pas évolué sur le terrain jusqu’à cette semaine où les acteurs se sont donné rendez-vous dans notre capitale. Mais, des interrogations demeurent par rapport à la bonne foi des différentes parties prenantes, surtout des groupes armés.

 

 

Si depuis son installation  les autorités maliennes ont du mal à cerner la question et cherchent réconfort auprès des pays voisins, il n’en demeure pas moins que face à la pression de la communauté internationale, elles n’ont de choix que de s’investir à fonds. Et les retombées des visites effectuées par le président de la République en Mauritanie et en Algérie n’ont pas porté les fruits escomptés pour le moment.

 

 

Pire, du camp des groupes armés, la situation est telle qu’on ne sait plus où donner la tête. Ce, en ce sens que les dissensions internes ont fini par avoir raison sur la volonté de trouver une solution à la crise. Et, comme si cela  ne suffisait guère, les mouvements d’autodéfense ne parviennent pas à se mettre sur la même longueur d’onde. Conséquence : le Nord du Mali est devenu un véritable enjeu qui se dessine à l’extérieur, sans résultats tangibles.

 

 

Des remèdes incertains?                                                  

Le pays des hommes intègres a été un déclic dans l’aboutissement de l’accord signé le 18 juin 2013 à Ouagadougou. Mais, il n’a par ailleurs pas pu combler les attentes concernant, notamment, le cantonnement des groupes armés. Hormis, cet état de faits que le Burkina Faso a été médiateur dans la crise, il abrite les leaders du mouvement national de libération de l’Azawad dont Bilal Ag Cherif (le Secrétaire général dudit mouvement) et Mahamadou Djéry Maïga. C’est dans ce pays qu’ils rencontrent leurs alliés et peaufinent des stratégies de mainmise sur la région de Kidal. De ce fait, on se demande si le pays des hommes intègres peut continuer à mener une médiation impartiale, s’il y  en a dans la gestion de la crise du nord.

 

 

L’ambigüité de la Mauritanie

Au fort moment de l’occupation, la Mauritanie a été le pays qui a refusé toute idée de coopérer avec le Mali. Auparavant, malgré les faveurs accordées à ce pays dans le cadre de lutte contre le terrorisme, notamment le droit de poursuite, ce pays a été très maladroit avec le nôtre. Plus préoccupant encore, le président mauritanien avait tenu des propos durs contre notre pays et qualifie le Mali de «maillon faible de la chaîne de lutte contre le terrorisme». Sans oublier que si le Mnla- branche armée- existe, c’est grâce à la bénédiction de la Mauritanie, qui a servi de bases arrières à ce groupe. Les matériels et équipements volés dans le nord du Mali ont été acheminés vers ce soi-disant pays frère, et bien sécurisés. A la faveur de la visite que le président IBK vient d’effectuer, Nouakchott tente de montrer des signes d’ouverture. Mais, peut-on faire confiance à un pays voisin qui change de langage chaque fois, selon ses humeurs ?

 

 

La vision  du Maroc

Plus qu’une coopération, le Maroc partage un lien séculaire avec le Mali. Ainsi, dans la gestion de la crise qui prévaut dans le Nord du Mali, ce vrai pays frère a été très présent et, sans tambours ni trompettes, a mené des actions concrètes. Bien sûr, sur le plan diplomatique, le Royaume chérifien a pesé de tout son poids pour le vote de la résolution des Nations-Unies pour l’intervention militaire internationale. Dans les différentes crises que notre pays a vécues, le Maroc a toujours montré sa bonne foi et son attachement à un Mali «Un et Indivisible». Maintenant que le Mali a retrouvé sa stabilité institutionnelle, le Roi Mohamed VI veut l’aider à se redresser sur plusieurs plans. C’est ce qu’ont compris les groupes armés qui sont en train de se positionner pour avoir sa caution. Le vendredi dernier, Bilal Ag Achérif du Mnla a été reçu en audience par le Souverain marocain, qui a réitéré sa volonté de voir un Mali en paix, résolument retourné vers son développement. Preuve qu’il est prêt à apporter sa touche pour que les nouvelles autorités gouvernementales et les groupes armés puissent trouver un terrain.

 

 

Algérie conforte sa position

La présence de l’Algérie dans ce dossier remonte à plusieurs années, voire à ses origines et confirme, si besoin en est, son poids pour la paix et la sécurité dans le Sahel. Ce pays voisin dispose des forces aguerries, capables de faire face à la menace terroriste. Car, l’Algérie, c’est d’abord l’armée régulière bien formée, mais aussi un grand nombre de réservistes et une multitude de malices dans les villages et hameaux. Ce qui donne au pays de Bouteflika une certaine marge de manœuvre dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et pour tout besoin d’assistance à apporter aux pays voisins comme le nôtre à garantir sa sécurité dans la partie septentrionale où l’Etat est quasi absent.

 

 

Un autre détail important, nombre de leaders de la rébellion ont des ramifications dans l’Algérie, car il est difficile de faire la différence entre un habitant des deux  Tinzawaten. C’est pourquoi, l’Algérie s’intéresse à la question. Sa connaissance du terrain et la familiarité de  ses troupes avec les conditions climatiques du nord compte beaucoup encore. Pendant longtemps, le leader d’Ançar Dine, Iyad Ag Aghaly, a été le protégé d’Alger. Idem pour l’un des leaders du Hcua, Algébass Ag Intallah, qui a eu le soutien de l’Algérie, mieux sa mère est de ce pays. D’ailleurs, certains observateurs estiment que c’est sur insistance de ces deux vétérans que l’Algérie a accepté de parrainer les pourparlers.

 

 

Guerre larvée entre  groupes armés

L’unité est la chose la moins partagée au sein des groupes armés. Qu’il s’agisse du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (Hcua), du Mouvement arabe de l’Azawad (Maa) ou des Forces patriotiques de résistance, il y a toujours un véritable malaise qui joue considérablement sur le processus des négociations. Pour ce qui est du Mnla, plusieurs de ses hommes clés dont Hamma Ag Mahmoud, Ibrahim Ag Assaley, ont claqué la porte. Du côté du Hcua, c’est le volte-face de deux de ses principaux leaders, à savoir, Mohamed Ag Intallah et Hamada Ag Bibi, qui, contre toute attente, ont décidé d’être à nouveau Maliens.

 

 

Depuis le premier tour des législatives, ils sont députés maliens, non sans démissionner du Hcua, qu’ils ont crée après l’échec d’Ançar Dine et du Mia. Pour sa part, le Maa est miné par une crise  idéologique. D’une part, il y a ceux qui se réclament de la partie malienne et, de l’autre, la branche qui fait cavalier avec le Mnla et les groupes terroristes. Comme un effet de contagion, les milices d’autodéfense n’arrivent pas à leur tour à s’entendre sur la marche à suivre par rapport à l’intrusion de l’Algérie dans le dossier. Mieux, au cours d’une conférence de presse animée la semaine dernière, la coordination des forces et groupes patriotiques dit ne plus reconnaitre Me Harouna Toureh comme son porte-parole. Pourtant, cette coalition a pesé dans les négociations de Ouagadougou pour fléchir le Mnla et ses alliés dans leur projet de partition du pays.

 

 

Le Conseil de sécurité

C’est le dimanche 2 février 2014 qu’une mission du Conseil de sécurité des Nations Unies a effectué une mission dans notre capitale. L’agenda du séjour de ses Ambassadeurs de l’Onu a été riche en enseignements, car elle aura permis de mettre sur la même longueur d’onde tous les acteurs de la crise. Mais, c’est la rencontre avec les groupes armés qui est très attendue pour la suite des pourparlers. De ce fait, notons qu’au regard des crimes et exactions commises dans le septentrion par les groupes armés, la nature des questions traitées taraude encore les esprits.

 

 

En tout cas, au sein de l’opinion nationale, on s’attend à ce que la communauté internationale apporte de la lumière sur les événements que le nord a connu. En tout état de cause le représentant du secrétaire général des Nations Unies a été déterminant dans le cadre des pourparlers direct en terre malienne.

Vivement des négociations direct qui en termes permettra au Mali d’exercer sa souveraineté sur l’ensemble s de son territoire

Soufi MAHAMANE

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. Pour la résolution de la crise au Mali, mieux vaut la médiation du Maroc qui n’a pas de conflit avec le Mali que celle de l’Algérie qui a nourri de tous les temps des velléités d’immixtion dans la politique au Mali.

    C’est bien le régime de Boutef et ses Généraux corrompus qui sont les plus gros clients et les managers de la « Sahara-drogue Connection », même si ce cartel maghrébin-saharien a un pied au Maroc, ses ramifications au Sahara malien pour son passage vers l’Europe et l’Asie.

    Le régime hyper corrompu algérien tire toutes les ficelles des narcotrafics, des terroristes djihadistes sahariens via le Polisario et surtout entretient, militairement et financièrement, les rebelles touaregs du Mali pour maintenir une menace permanente sur le Mali.

    Vue la dangerosité du pouvoir algérien corrompu à l’égard de ses pauvres voisins sahéliens (Mali et Niger), il est souhaitable que la révolution touarègue du Mali et du Niger soit répliquée au riche Sud algérien, particulièrement à son Hoggar touareg, pour que le pouvoir algérien ait de quoi s’occuper pour laisser tranquilles les pauvres voisins du Sud.

Comments are closed.