Le plan de discussion au centre des négociations directes de Ouagadougou, entre le gouvernement du Mali et les groupes armés, s’articule autour de quatre points essentiels. La cessation des hostilités, le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au Nord du Mali et en particulier à Kidal, la création de mécanismes de suivi et d’évaluation comme mesure d’accompagnement composé des pays et organisations partenaires techniques et financiers du Mali.
Observation stricte de ces principes
L’intégrité du territoire national, l’unité nationale du Mali, la forme laïque et républicaine de l’Etat, ont été des balises passées ici même à Ouagadougou, le 4 décembre 2012, sous la présidence et l’égide du Président du Faso, Blaise Compaoré, selon Tiebilé Dramé. « Nous voulons redire aujourd’hui que nous restons fermement attachés à l’observation stricte de ces principes par l’ensemble de nos compatriotes, qui un moment donné ont cru devoir prendre les armes contre le pays. Le moment est venu pour les groupes armés du nord du Mali de se conformer aux résolutions de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations-Unies, en particulier la dernière résolution du 25 avril 2013, la 2100, qui dit expressément que les groupes armés du nord du Mali doivent déposer les armes et s’inscrire dans une dynamique politique et pacifique de recherche de la paix ». Selon lui, le moment est venu et il est urgent de prendre ensemble le chemin de l’avenir, de la paix et de la stabilité. « Pour ce faire, il est important que tous déposent les armes et s’engagent dans une discussion sereine pour que nous allions de l’avant, que l’administration et les forces de défense et de sécurité soient redéployées dans tout le nord du Mali », a déclaré le chef de la délégation malienne Tiebilé Dramé. Il a invité « ses compatriotes à prendre la mesure de la mobilisation de la communauté internationale, du consensus international qui existe aujourd’hui autour du Mali, et de la nécessité d’observer strictement les dispositifs de ce consensus international élargi à la nécessité de s’engager dans une solution pacifique en déposant les armes pour entreprendre des discussions de fond ». L’émissaire du président de la République a souligné que la communauté internationale sera témoin des engagements pris à Ouaga ce jour, pour permettre l’élection d’un nouveau président investi de la confiance de l’ensemble du peuple malien, afin qu’ensemble nous dessinions des contours du Mali qui sortira de la présente crise.
Volonté d’aboutir à une résolution négociée
Le chef de la délégation conjointe du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) et du Haut conseil de l’Azawad (Hcua), Mahamadou Djéri Maïga, a adressé ses « chaleureuses salutations et ses sincères remerciements aux membres de la délégation malienne, pour votre volonté d’aboutir à une résolution négociée et équitable de ce douloureux conflit ». Pour lui, l’évènement de ce jour « revêt une importance capitale dans le processus de résolution du conflit qui oppose le Mali à l’Azawad depuis plus de cinquante ans ». Il a indiqué que le Mnla et le Hcua ont constamment privilégié le dialogue avec les autorités maliennes pour trouver une issue pacifique et politique de cette crise bien avant le déclenchement des hostilités. Cette position a été matérialisée, selon Mahamadou Djéri Maïga, par la remise officielle de notre « plateforme de règlement politique du conflit» au médiateur depuis octobre 2012. Pour le chef de la délégation conjointe Mnla-Hcua, Mahamadou Djéri Maïga, la présente « rencontre suscite sans nul doute un grand espoir chez les populations de l’Azawad en général, les déplacés et les refugiés en particulier, qui cherchent à vivre dignement sur leur terre d’origine ». Il a souhaité que cette rencontre soit le début d’un règlement définitif de cette crise qui perdure depuis un demi-siècle, « nous exhortons alors toute la communauté internationale à s’investir auprès du médiateur pour une issue pacifique et rapide de cette crise afin de mettre fin aux souffrances des peuples malien et azawadien ». Le président du Faso, médiateur de la Cedeao, a salué la présence de tous dans le cadre des négociations directes dont l’objectif est de trouver une solution durable à la grave crise qui secoue en ce moment le pays frère qu’est le Mali. Il a félicité « les deux délégations maliennes [du gouvernement et des groupes armés ndlr] pour leur engagement à poursuivre les pourparlers de paix dont l’un des points culminants a été la rencontre du 04 décembre 2012 de Ouagadougou, qui a posé les bases du dialogue entre les frères maliens ».
Impérieuse nécessité de tenir l’élection présidentielle
En effet, dans la déclaration de Ouagadougou, les différentes parties avaient affirmé leur détermination à respecter l’unité nationale, l’intégrité territoriale, la forme républicaine de l’Etat et la laïcité de la République du Mali. Les pourparlers de paix qui se sont ouverts samedi s’inscrivaient dans le cadre de la poursuite et de l’approfondissement du dialogue déjà entamé afin d’aboutir à la paix qui parachèvera les efforts déjà déployés par les maliens et toute la communauté internationale, a souligné le médiateur de la Cedeao.
Ce dialogue s’impose pour deux raisons majeures. Premièrement l’impérieuse nécessité de tenir l’élection présidentielle dont la date est fixée au 28 juillet 2013. Cette élection qui marquera la fin de la période de transition, consacrera la mise en place d’un pouvoir démocratique et légitime à même d’engager l’Etat malien dans la recherche de solutions durables de paix. Il s’avère donc indispensable de créer les conditions propices à la tenue de cette importante consultation électorale qui déterminera l’avenir politique et institutionnel du Mali. Deuxièmement, il est également urgent de consolider l’unité nationale et la cohésion sociale mises à rude épreuve par la crise afin que le Nord du Mali ne soit plus le sanctuaire des groupes extrémistes à vocation transfrontalière. La réussite des pourparlers favorisera le retour des personnes déplacées et des réfugies. Elle constituera le socle d’un processus de stabilité et de paix pour le Mali et l’ensemble de la région ouest-africaine, a expliqué le président du Faso.
Le médiateur de la Cedeao a proposé aux deux parties maliennes, un plan de discussion qui s’articule autour de quatre points essentiels.
Les discussions dans un esprit cordial et fraternel
La cessation des hostilités qui créera les conditions de sécurité indispensables à la tenue d’élections libres et transparentes tout en favorisant le retour des réfugiés et des personnes déplacées ; le redéploiement de l’administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au Nord du Mali et en particulier à Kidal selon des modalités pacifiques qui seront à négocier ; la création de mécanismes de suivi et d’évaluation comme mesure d’accompagnement composé des pays et organisations partenaires techniques et financiers du Mali. Et la poursuite des pourparlers de paix après l’élection présidentielle en vue de l’établissement d’une paix définitive et d’un développement durable et inclusif dans le nord du Mali. Le président Blaise Compaoré a souhaité que « les discussions se déroulent dans un esprit cordial et fraternel en mesurant à sa juste valeur les aspirations légitimes de développement et les besoins urgents de sécurité du peuple malien et de l’ensemble des pays de notre sous-région. En définitive, il nous faut à travers cette plateforme de négociations, construire un espace de paix reposant sur la bonne gouvernance et sur des nations fortes et stables capables de garantir les libertés fondamentales, la paix et le développement ».
Samedi dans l’après midi, le médiateur de la Cedeao a rencontré séparément la coordination des groupes armés d’auto-défense conduite par Me Harouna Toureh, et le Mouvement arabe de l’Azawad conduit par Me Bady Mahamed .
Boukary Daou envoyé spécial à Ouaga