Mardi dernier, trois ministres membres de l’équipe de médiation gouvernementale, de retour d’Alger, se sont exprimés devant la presse, pour faire comprendre que les négociations ne se trouvent pas dans l’impasse.
Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et de la ville, Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et du Développement des régions du Nord, et Zahabi Sidi Ould Mohamed, ministre de la Réconciliation, ont longuement échangé avec la presse du contenu du nouveau texte qui est soumis à l’appréciation des différentes parties et qui doit servir de base pour la signature d’un accord de paix final.
Le but de cette rencontre avec la presse était d’informer l’opinion publique sur la dernière phase des négociations entre les autorités de Bamako et les groupes armés qui ont eu lieu la semaine dernière à Alger. En effet, tout en admettant que les négociations ne sont pas aussi faciles qu’on puisse le croire, ces trois acteurs des négociations d’Alger se disent optimistes. Ils ont souligné que le projet de préaccord qui a été remis aux différentes parties par l’équipe de la médiation à l’issue des discussions du 20 au 27 novembre dernier est la quasi répétition du document de synthèse dans lequel il a été enregistré que les lignes rouges tracées par les autorités de Bamako n’ont pas été franchies. En parlant de lignes rouges, il s’agit, plus précisément, de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale, de la forme laïque et républicaine de l’Etat. Par ailleurs, les conférenciers ont tenu à préciser que la notion de fédération, à laquelle les groupes armés tiennent tant, ne figure pas non plus dans le projet de préaccord, toute chose qui constitue une grande avancée. Ils ont affirmé que le gouvernement du Mali réitère sa détermination à poursuivre les négociations avec les mouvements armés, dans le respect des engagements pris, de la tolérance et de l’ouverture d’esprit jusqu’à l’obtention d’un accord global et définitif de paix indispensable à la réconciliation nationale, à la stabilisation et au développement de la République du Mali.
Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et de la ville, a insisté sur le caractère indispensable de la réussite des négociations d’Alger. En effet, sans cet accord de paix il n’y aura pas de sécurité dans le Sahel, et sur ce plan là le Mali n’est pas le seul pays concerné. « Aussi, l’accord de paix peut mettre le Mali à l’abri de la partition », a-t-il ajouté. Répondant aux interrogations des journalistes relatives aux réticences des autorités de Bamako quant au concept de fédéralisme maintes fois mentionné par les groupes armés du nord du Mali, Ousmane Sy dira que le fédéralisme est une option qui est susceptible de conduire à l’émiettement du Mali.
Des ambiguïtés dans le texte
Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et du Développement des régions du Nord, a toutefois souligné que le document comporte certaines ambigüités qu’il faut corriger pour que le gouvernement soit vraiment satisfait. « A certains moments, dans le texte, on dit le mot Etat au singulier, à d’autres moments on le dit au pluriel. C’est ambigu. Toujours dans le document, on parle de «région intégrée». Il se trouve que ça fait partie des points pour lesquels des questions ont été posées et des désaccords ont été exprimés», a-t-il dit. A ses dires, dans un accord d’une importance capitale où chaque mot à une grande signification, toute zone d’ombres doit être éclaircie. Pour lui, l’essentiel est que les lignes rouges n’ont pas été franchies. Il ajoutera que « Le Mali est et sera ce que les Maliens veulent qu’il soit. C’est ce qui compte vraiment. Sans cela il n’y a pas lieu de signer un quelconque accord de paix ». Cependant, il a tenu à préciser qu’il n’y a ni enlisement, ni blocage, encore moins un blocage dans les négociations qui se tiennent à Alger.
La problématique de quotas des représentants des régions du Nord dans les institutions de la République a été un autre point important de cette conférence de presse. Selon Zahabi Oud Sidi Mohamed, ministre de la Réconciliation, par rapport au problème de quotas des représentants du Nord dans les institutions de la République, le gouvernement du Mali remettra la question certainement sur la table aux prochaines rencontres à Alger. Pour lui, ce problème de quota n’est pas un élément qui peut remettre en cause la signature d’un accord de paix, dans la mesure où au Mali il est prévu au moins un député par circonscription électorale. C’est le cas de certaines circonscriptions du Nord qui ont moins de 4000 habitants au lieu de 60 000, selon la loi, pour avoir un député.
Les trois conférenciers, après avoir répondu à l’essentiel des questions posées par les journalistes, ont conclu en mettant un accent particulier sur le fait que la signature de cet accord de paix constitue la clé de la paix et de la sécurité au Sahel.
Rokia DIABATE
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