Négociations autour du Nord du Mali : Ces questions de fond qui doivent inciter à la prudence et à la circonspection

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Ce que Bamako et les groupes armés négocient à Alger
Le 16 juillet à Alger, à l’hôtel El-Aurassi. © Samir Sid

Avec les récentes négociations d’Alger, il y a comme un frémissement dans le sens d’une décrispation du dossier Nord du Mali. A la lumière de ces discussions, menées sous les auspices de l’Algérie, les groupes armés semblent quelque peu se départir du maximalisme qui les avait caractérisés jusque-là.

 

Une détente saluée par l’ensemble de la classe politique malienne, toutes obédiences confondues, au cours de la rencontre qu’elle a eue avec le Président de la République dans la salle des banquets à Koulouba. Mais tout le monde est unanime à reconnaître que le round d’Alger n’est que le début d’une longue négociation, qui promet d’être âpre.

Ce qui n’empêche pas de hauts responsables de l’Etat malien d’envisager un règlement durable et définitif du conflit du Septentrion malien. Sans vouloir jouer à l’oiseau de mauvais augure ou au rabat-joie, le réalisme condamne à garder les yeux ouverts et à ne pas tomber dans l’optimisme béat. D’autant que des questions de fond demeurent sans réponse pour le moment.

 

Première question: oui ou non les éléments du MNLA sont-ils prêts à se reconvertir dans un nouveau mode de vie, en abandonnant les activités criminelles, comme les trafics illicites de drogues, d’armes, de cigarettes, d’êtres humains…?

 

Oui ou non sont-ils prêts à rompre avec les razzias des temps modernes, avec à la clé les braquages, les enlèvements de bétail et de véhicules et autres actes de pure crapulerie? Oui ou non sont-ils prêts à abandonner ces pratiques condamnables, devenues pour eux un mode vie, et tenter de gagner, de façon honorable, leur vie par le travail qui, seul, libère l’homme?

 

Oui ou non la France, qui n’a pas d’amis, mais uniquement des intérêts (dixit De Gaulle) est-elle prête à s’amender et abandonner son projet funeste de partition du Mali, contre la volonté des Maliens, en utilisant pour ce faire «la rébellion» touareg et en manipulant, au besoin, les narcojihadistes et autres fous de Dieu? En faisant le choix réaliste et sage de défendre ses intérêts géostratégiques avec les autorités légitimes du Mali? Car, en fait, tenter de manipuler ces terroristes reviendrait à s’amuser avec le feu s’agissant de sa propre sécurité.

 

Oui ou non l’Algérie, un pays important du champ, est-elle prête à abandonner son projet secret d’utiliser le nord du Mali – qui est également le sud de l’Algérie – comme un dépotoir pour ses fondamentalistes musulmans, qui ont mis à feu et à sang le pays de Bouteflika dans les années 1990, avec à la clé…200 000 morts?

 

Même si l’on sait, par ailleurs, que l’Algérie et le Niger sont hostiles à la création d’une république de l’Azawad à leurs portes, un acte qui risquerait de créer un précédent fâcheux dans leurs propres pays abritant d’importantes communautés de minorités touareg ?

 

Oui ou non, la France et certains de ses alliés européens cesseront-ils de considérer le nord du Mali, qui a eu à abriter tout le long de l’histoire des peuples et de riches civilisations, à l’image de l’empire Sonrhaï, comme un no man’s land, en foulant aux pieds les principes du droit international relatifs à l’intangibilité des frontières issues de la colonisation?

 

Oui ou non le chaos créé en Libye par la France de Nicolas Sarkozy continuera-t-il, plus que jamais, d’être un important facteur de déstabilisation des pays du Sahel? De la réponse à ces questions de fond dépendra le règlement durable et définitif du conflit du Septentrion malien.

 

Toujours est-il que les hautes autorités du Mali seraient bien inspirées de tirer les enseignements du passé, en se gardant, par exemple, de dégarnir le front de défense septentrional, comme ce fut, malheureusement, le cas avec les précédents accords d’Alger.

 

Yaya Sidibé

 

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6 COMMENTAIRES

  1. “La chaine se rompt toujours du côté du maillon faible” dit-on.Nous ne sommes pas le seul pays du Sahel-Nous ne sommes pas le seul pays du Sahel ancienne colonie de la France-Nous n’avons pas de frontière avec la Libye-Nous ne sommes pas le seul pays où cohabitent des populations touaregues-arabes et noires-enfin nous ne sommes pas le seul pays du Sahel qui partage une frontière avec l’Algérie…MAIS NOUS SOMMES LE SEUL PAYS DE LA REGION QUI A EU UN DIRIGEANT ELU NAÏF-LAXISTE-CORROMPU-NEPOTISTE-LACHE-NUL… DANS UNE DEMOCRATIE DE FACADES QUI NE DIT PAS SON NOM. 👿 😈

  2. Il est toujours bien de se poser des questions mais avoir des bonnes réponses à ses questions c’est encore mieux.
    Il ne faut pas entretenir une confusion dans le role que les acteurs directs ou indirects ont joué dans cette crise.
    Si vraiment le Mali et les maliens sont pour la paix qu’ils cessent de traiter leurs adversaires de ce qu’ils ne sont pas ou qu’ils font pas. Tout compte fait cela ne les amènera nul part au contraire c’est le Mali qui a tout à perdre.

  3. De très bonnes questions! Mais, je pense que les vraies questions sont celles qui doivent fustigées la responsabilité de nos “MÉDIOCRES, INCONSCIENTS ET INCOMPÉTENTS dirigeants” qui sont à la base de cette crise depuis l’avènement de la démocratie et qui continuent à nous gouverner. J’espère qu’avec la signature de l’accord de défense, qu’ils pourront être à la hauteur pour la bonne application et dudit accord et des closes finales des futures négociations.
    “Les tragédies de l’histoire révèlent les grands hommes, mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies”. Que DIEU PROTÈGE ET BÉNISSE LE MALI!!!

  4. Ou’ est notre responsabilite’ dans la crise?
    L’aspect international du conflit existe mais nous ne pouvons en aucun cas ignorer le role de la mauvaise gouvernance et du mauvais partage du pouvoir entre Bamako et les regions, dans la crise!!!!

  5. Salut, Yaya Sidibé! A l’entame de la lecture de ce papier, je m’étais dit que je vais tenter de répondre point par point! hélas, après l’avoir lu j’ai retrouvé le pauvre “Yaya” fidèle à lui-même c’est-à-dire empêtré dans ses clichés habituels et ses raccourcis faciles! Et c’est dommage! De la hauteur YAYA! Yaya, Yaya, si toutes les questions de fond relèvent des autres (France, Algérie, les Martiens, Superman …), quid de Nous et de NOS GOUVERNANTS? En tant que “apprenti-éditorialiste”, vous vous devez de promouvoir “un malien” acteur de son destin, tout le reste n’est que contraintes et/ou potentialités! Merci!

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