L’honorable Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, député élu à Bourem et connu pour ses prises de position contre le laxisme de l’État malien dans le traitement du dossier lié à Aqmi et au narco trafic a été rattrapé dans la circulation à Badalabougou par quatre hommes à bord d’une Mercedes noire. Ces hommes armés ont donné un dernier avertissement au député avant de le menacer de mort si jamais… il ne change pas de fusil d’épaule.
Ce dimanche 30 octobre entre 10 et 11h du matin, au quartier de Badalabougou sur la rive droite, quatre personnes ont intercepté dans la circulation, le député élu à Bourem, l’honorable Ibrahim AG Mohamed Assaleh : « ils se sont présentés en tant qu’agents de la Sécurité d’État (le service de renseignements malien) et m’ont demandé si je suis bien Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, député élu à Bourem », nous rapporte le député. Avant d’ajouter : « l’une de ces personnes m’a parlé en ces termes : nous sommes venus te donner un dernier avertissement pour que tu arrêtes d’accuser les autorités maliennes d’être complices d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et les narcotrafiquants de drogue ».
En effet, ces quatre hommes qui étaient tous de teint noir et habillés en costume ont demandé au député de stopper net ses rapports avec les nouvelles autorités Libyennes (CNT) : « ils m’ont interrogé : comment est-ce que j’ai eu le courage de prendre langue avec les nouvelles autorités libyennes ? Avant de me signaler, que cela n’est ni la politique du Mali, ni celle de l’Union Africaine ».Avant de partir, ces hommes armés avec des PM (Pistolet automatique) ont demandé au député d’arrêter et dans le cas contraire d’agir autrement. « Je leur ai répondu que je poursuivrais. C’est ma vision ! Et s’ils ont leur idée derrière la tête, ils peuvent la réaliser ». Le député a aussitôt appelé le chef de la Sécurité d’État (SE), M. Hildebert Traoré : « ce dernier m’a juré que ce ne sont pas ses hommes ». Pour le chef de la SE, ces hommes sont à la solde des narcotrafiquants ou d’Aqmi pour intimider le député. Mais l’honorable en doute fort.
On se rappelle qu’en avril dernier, lors de l’adoption d’une loi de ratification de la convention de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants à l’Assemblée nationale du Mali, le député de Bourem s’était insurgé contre le ministre de la sécurité intérieure en soutenant que cette convention est incomplète puisqu’elle ne parle que des voies aériennes et maritimes. Alors que l’essentiel du trafic de drogue passe surtout par la voie terrestre. À l’hémicycle, la commission défense nationale, de la sécurité et de la protection civile a produit un rapport sur le trafic de drogue et a estimé que l’espace CENSAD se caractérise par son immensité et la porosité des frontières de ses Etats membres. «Ces aspects ont favorisé et continuent de favoriser les trafics de tout genre, drogues et armes », a précisé la commission.
Mais pour le député de Bourem, Assaley, cette convention, pourtant adoptée par l’Assemblée nationale a été votée par 128 voix contre 2 abstentions. Pour cette commission, la canalisation du fléau par la voie terrestre est ignorée par les autorités du pays. Ce qui a donné l’occasion à d’autres députés de se prononcer sur la question.
«Ça ne sert à rien de signer des traités qui ne servent à rien», déclarait l’honorable Aliou Aya le 21 avril dernier à l’Assemblée nationale. Pour cet élu, le Mali a ratifié beaucoup de conventions sans les inscrire dans ses dispositions pénales. Cela pose un problème d’applicabilité pour le système judiciaire. «C’est désormais en terme de Boeing, de véhicule 4×4, que le phénomène de trafic de drogue est visible au Mali », regrette l’honorable Assarig Ag Imbarcawane, député élu à Gao.
Baba Ahmed