Tenir un sommet (le 25ème Afrique-France à Nice) six semaines auparavant et le placer sous le signe du " renouveau", inviter par la suite 14 chefs d’Etat et leurs armées respectives aux festivités du 14 juillet à Paris et, le 22 juillet, soit une semaine plus tard, parrainer une opération militaire inconsidérée sur le sol africain, dénote tout simplement du mépris de l’ancienne métropole pour ses sujets africains. Il fallait être Napoléon Sarkozy pour le faire.
Les chefs d’Etat africains ayant pris part aux festivités du 14 juillet à Paris se demandent certainement maintenant à quoi ils ressemblent et éprouveront, à ne pas en douter, quelques embarras à se regarder dans un miroir. Loin de nous le sens de l’humour noir. Le moment ne s’y prête pas. Mais, il est aujourd’hui évident que Monsieur Sarkozy portait un autre regard sur ses sujets…, pardon ses invités !
Et puisqu’on y est, qu’avait donc dit le français à leur intention à Paris ? Ceci : " L’objet de la rencontre est de célébrer la force des liens que l’Histoire a tissés entre nos peuples… ". L’Histoire, dit-il, parlons-en donc !
" Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… La colonisation a ouvert les cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’Histoire ". Dixit Nicolas Sarkozy au mois d’Août 2007 à Dakar.
Comprenez donc que l’histoire dans le sens liturgique du terme, pour le Français, n’est que le rapport entre dominant et dominé. Ce sont bien ses hiatus le trahissent très souvent ses pensées intimes.
La présence d’anciennes colonies aux côtés de l’ex colonisateur, j’allais dire, de l’ancien opprimé auprès de l’ancien oppresseur traduit ce sentiment nostalgique de
"Vous êtes plus unis " a-t-il également lancé à l’intention des visiteurs à Paris. Mais alors, que penser de l’appui "l’appui technique et logistique de
Craindre le scénario Afghan, voire irakien
L’on déplore évidemment l’exécution de l’otage, non sans pour autant se réjouir du fiasco de l’opération. Et pour cause : quel type de relation, maliens et mauritaniens auraient désormais entretenue si la démarche franco-mauritanienne avait été une réussite ? Tout simplement à jeter le discrédit sur l’un, à réconforter l’autre dans son ardeur guerrière et affermir davantage les soupçons d’un Mali complice d’Al Qaïda. C’était la pire des choses qui pouvaient arriver au président malien sortant et paradoxalement le moindre mal pour la sous région. Hélas oui puisque la maladresse franco-mauritanienne est tout simplement de nature à semer les graines du schéma Afghan voire irakien : attentats, représailles, escalade de la violence, exécutions sommaires, bavures militaires…
En somme, ces dérives constituent les ingrédients les plus sûrs pour concocter un potage de sympathie et une vague d’adhésions à Al Qaïda. L’Islam est modéré au Mali. Mais la crise sociale suscitée par l’adoption du nouveau code des personnes et de la famille a clairement montré que la tendance peut se durcir avec ce que cela comporte en termes de scénario catastrophe. Un regard rétrospectif sur les événements réconforte malheureusement cette douloureuse perspective (lire encadré).
Nous n’en sommes pas là et pour l’instant, il s’agit de préserver d’abord la vie des otages et de stopper l’escalade. Toute autre option serait périlleuse autant pour la sous-région autant pour les intérêts occidentaux et français en particulier, dans cette partie du continent. Le péché du président malien Amadou Toumani Touré c’est visiblement d’avoir choisi cette piste.
B.S. Diarra