Dans sa volonté d’assurer la plus large diffusion possible des conclusions des pourparlers d’Alger, le Premier ministre Moussa Mara, sur instruction du président de la République, a entamé, le jeudi dernier, une visite d’information auprès des institutions de la République. Devant les membres du CESC, réunis au grand complet avec à leur tête le président Jeamille Bittar, Moussa Mara a fait l’exposé du processus qui a conduit à la signature d’une ” feuille de route ” entre le gouvernement du Mali et les groupes armés.
Au Conseil économique, social et culturel, c’est un Premier ministre maîtrisant parfaitement son dossier qui a dévoilé le contenu des documents signés, le 24 juillet dernier, entre le Gouvernement et les six groupes armés présents, à savoir la “cessation des hostilités ” et la ” feuille de route “ des futures négociations de paix entre les deux parties.
En introduisant le débat, le Premier ministre Moussa Mara a tenu d’abord à souligner que “chaque institution est indispensable à notre démocratie ” et que le président de la République l’a chargé de dire à ses interlocuteurs que “ l’Exécutif prendra le plus grand soin de chacune des institutions de la République”. Un message qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd car, au CESC, certains avaient eu un moment l’impression que le président IBK boudait le président Jeamille Bittar lors des cérémonies officielles. C’est dire que cette impression n’était pas fondée.
Avant donc d’entrer dans le vif du sujet, Moussa Mara a tenu à préciser le but de sa visite qui est d’informer et d’associer le CESC au processus de la ” feuille de route “.
Faisant la genèse dudit processus, il a révélé que c’est lors de sa visite en janvier dernier à Alger que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a demandé à son homologue, Abdelaziz Bouteflika, de s’investir pour la tenue des négociations entre le Gouvernement du Mali et les groupes armés. Pour la préparation de ces pourparlers, il y a eu, a souligné le Premier ministre, des rencontres mensuelles entre autorités maliennes et algériennes, de manière tournante au Mali et en Algérie. En mai dernier, il a été convenu que l’Algérie s’implique pour une rencontre entre groupes armés. En juin, une telle rencontre a eu lieu.
En mi-juillet ont débuté les pourparlers inter-maliens qui ont abouti à la signature de deux documents, l’un portant sur la ” cessation des hostilités “, l’autre définissant une ” feuille de route “. La cessation des hostilités signifiant, d’après le Premier ministre, ” qu’il n’y ait plus un seul coup de feu ; que les groupes armés se replient et quittent les villes qu’ils occupent“. A cette fin, une commission mixte a été créée pour définir les ” zones de replis “. Selon le Premier ministre, cette commission a commencé à siéger à Gao depuis une semaine déjà. Il en est de même, d’après lui, pour les équipes mixtes qui ont déjà commencé à travailler sur le terrain. Autre signal fort allant dans le sens de la ” cessation des hostilités ” est, d’après Moussa Mara, le fait que le HCUA, qui détient entre ses mains l’ORTM de Kidal, diffuse présentement des messages de paix à l’adresse des populations tout en les informant que l’administration et l’armée malienne seront bientôt de retour dans la cité.
S’agissant de la “feuille de route “, le Premier ministre dira qu’elle prévoit toutes les étapes du processus des pourparlers. La première phase ayant eu lieu du 16 au 24 juillet 2014, la seconde étant prévue du 17 août au 11 septembre et le round final en octobre prochain sur le territoire malien où il sera procédé à la signature de l’accord de paix tant attendu. Après avoir déroulé cette feuille de route, Moussa Mara a tenu à préciser les ” quatre grandes lignes rouges “ à ne pas franchir et que cela fait désormais l’unanimité, à savoir le maintien de l’intégrité du territoire national, l’unicité de la nation, le caractère républicain et la laïcité de l’Etat.
Pour les futures négociations, quatre groupes thématiques sont mis en place sous la conduite des cinq ministres sectoriels qui étaient présents à Alger.
Ceux-ci sont appuyés par des groupes d’experts en vue de parvenir à la rédaction d’un document élaboré par les Maliens à la suite d’une large concertation de toutes les composantes de la nation. ” Cette fois-ci, nous rédigeons nous-mêmes le plan de paix dont le coût sera également évalué ; la partie (le Mali ou les partenaires extérieurs) qui doit assurer le financement sera aussi indiquée ” a souligné le Premier ministre. Ce document sera enfin soumis, a déclaré Moussa Mara, aux partis politiques afin de recueillir leurs avis avant d’aller aux négociations de paix prévues, selon la feuille de route, le 24 octobre 2014 au Mali.
Répondant à certaines préoccupations des membres du CESC, le Premier ministre, très confiant, a déclaré que “c’est un nouveau Mali qu’on va bâtir ensemble ” à la suite de l’aboutissement de ce processus de paix.
Mamadou FOFANA