La prudence doit désormais être de mise, surtout après la signature ce samedi 06 février 2016 d’un accord entre la CMA et le GATIA, et qui définit les modalités de collaboration et de gestion de la « ville perdue » de Kidal. Cet accord dont tous les contours n’ont pas été rendus publics cache non seulement beaucoup de zones d’ombre, mais aussi et surtout met fin à la tension qui était perceptible après l’intrusion du GATIA dans la ville de Kidal. Qualifié de groupe pro-Bamako, le GATIA avait fait rêver tout un peuple, rêve d’une paix retrouvée, rêve d’un territoire de retour dans le giron du Mali, rêve de voir dans un bref délai le gouverneur Adama Kamissoko reprendre du service au désormais tristement célèbre gouvernorat de Kidal. Cet espoir né de l’arrivée sans préavis du GATIA est-il en train de céder le pas au soupçon ? Qu’est ce qui se trame sur le dos de l’Etat entre la CMA et la Plate-forme ? Pourquoi n’associent-elles pas le gouvernement aux négociations ? L’ambitieux projet français d’amputer Kidal du reste du Mali est-il en train d’être mis en œuvre sous nos yeux ?
Cet accord s’articule autour de deux points à savoir : l’allègement du dispositif militaire de la plateforme, qui, il faut le rappeler, avait franchi la ligne de démarcation fixée par la MINUSMA, avec plus d’une cinquantaine de véhicules lourdement armés. Le second point concerne l’implication de la Plateforme dans la gestion de la ville de Kidal, considérée à tort par les médias occidentaux comme le bastion des seuls rebelles de la CMA. L’Adrar des Ifoghas, faut-il le rappeler, est la terre d’origine des deux groupes armés qui se disputent aujourd’hui sa gestion. Cet accord ne met pas malheureusement le Mali au centre du débat d’où notre sonnette d’alarme en vue d’attirer l’attention du gouvernement sur le complot ourdi par la communauté internationale contre le Mali. Quel républicain comprendra que la Plateforme et la CMA puissent discuter de l’avenir de Kidal, en dehors des autorités légitimes qui regardent en spectatrices dépassées par les événements ? Pourquoi ne parle-t-on pas du retour du colonel Adama Kamissoko, gouverneur de Kidal et légitime représentant des autorités de Bamako ?
Le gouvernement cacherait-t-il la réalité de l’Accord de paix et de réconciliation qui a pourtant prévu le déploiement progressif des forces armées et de sécurité, ainsi que de l’administration dans la partie septentrionale du Mali ? Si un tant soit peu l’accord de paix et de réconciliation est toujours d’actualité, le gouvernement, la communauté internationale et les différents groupes armés devraient s’asseoir pour discuter ensemble de l’avenir de Kidal. En définitive, la Prudence doit être plus que jamais le maître mot des autorités afin de ne pas se laisser avoir à l’usure et être finalement surpris désagréablement par la tournure des événements. Il faut dans tous les cas communiquer et informer les citoyens.
Youssouf Sissoko youssouf@journalinfosept.com