C’est par une adresse solennelle à la Nation que le Président de la République a célébré le troisième anniversaire de la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu des pourparlers inter-maliens d’Alger. Faisant son mea-culpa et, du coup, donnant raison aux opposants à cet accord, sans le dire, IBK a reconnu la lenteur constatée dans sa mise en œuvre, notamment les DDR, (démobilisation-désarmement-réinsertion), et le faible décaissement de l’argent destinés aux projets de développement en faveur des populations du Nord. Malgré ces constats amers, il a tout de même énuméré ce qu’il a appelé les réalisations, qui sont entre autres : la création de deux régions (Ménaka et Taoudénit), la création des Agences de Développement Régional (ADR), la volonté du gouvernement d’adopter une nouvelle Constitution devant permettre la création d’une deuxième chambre, appelée Sénat. Ainsi, face aux critiques de plus en plus nombreuses, IBK a esquissé quelques pistes pour diligenter la mise en œuvre de l’Accord qui, selon lui, est la seule alternative pour la paix et le vivre-ensemble.
N’est-il pas trop tard pour IBK de redresser la barre à quelques 37 jours du premier tour de la présidentielle ?
Le bilan de son quinquennat, qui se confond avec celui de sa gestion de la crise sécuritaire, ne plaide guère en sa faveur. Et pourtant, il a eu l’occasion de rectifier le tir quand l’Opposition a tiré la sonnette d’alarme pour dire que l’Accord n’a pas été inclusif et ne saurait être bon. Cette dernière a même alerté sur un risque de violation de la Constitution du 25 février 1992, avant de conclure qu’il est inapplicable. Au lieu de s’arrêter pour jeter un regard sur les propositions faites par l’Opposition, IBK, aidé par certains leaders religieux et activistes, a plutôt engagé un bras de fer avec tous ceux qui ont critiqué l’Accord ; ceux-ci ont été qualifiés de va-t-en guerre et d’apatrides. Or, il n’a suffi que de quelques petits mois pour que Mandé Mansa, lui-même, se rende à l’évidence que l’Accord est loin d’être parfait, mais en se pressant d’ajouter qu’il est la seule alternative pour la paix. Ainsi, après sa signature, le Gouvernement a aussitôt engagé une communication tous azimuts pour convaincre les citoyens et les amener à adhérer à l’Accord ; sans succès, car le temps, qui n’était pas son meilleur allié, a fini par donner raison aux opposants. Pour preuve, l’Accord piétine dans sa mise en œuvre, la crise sécuritaire s’exacerbe et les réformes politiques sont renvoyées aux calendes grecques.
Pris en étaux, entre une opposition, remontée par le constat de l’échec du régime à résoudre les grandes préoccupations de la Nation, et une communauté internationale, qui le tient pour responsable de la situation qui prévaut au Mali, IBK abordera l’élection présidentielle avec deux gros handicaps. Un bilan en deçà des attentes et le non soutien de la communauté internationale déçue.
Youssouf Sissoko