Le gouverneur de la région de Mopti, Kaman Kané, à la tête d’une forte délégation comprenant des membres de son cabinet, le président du conseil régional, Macky Cissé, les autorités militaires et des forces de sécurité de la région, les chefs de services régionaux, les représentants des organisations de la société civile et de la Minusma, a entrepris le lundi 5 mai dernier une visite de terrain.
Par cette tournée dans les 8 circonscriptions administratives de la région, le gouverneur, Kaman Kané va à l’écoute des populations à la base, échanger avec elles sur les préoccupations locales, nationales et surtout passer les messages de paix et de la réconciliation qui sont aujourd’hui des priorités absolues du Gouvernement.
C’est par les cercles de Ténenkou, Youwarou et Douentza que le gouverneur a commencé son périple. Première étape : Ténenkou où le préfet, Abdoulaye Koïta et le maire, Mamoudou Cissé ont expliqué que les difficultés qui assaillent le cercle de Ténenkou ont pour noms : l’insécurité liée au banditisme résiduel avec son cortège de braquages, l’enclavement, le manque de personnel pour certaines Communes, l’interruption de l’appui budgétaire de l’Anict, le faible taux de recouvrement des taxes, le retard de paiement des salaires de certains agents des collectivités, le manque d’électricité et les mauvaises conditions de travail des services de l’État.
En réponse aux multiples préoccupations et questions, le gouverneur a éclairé la lanterne de ses administrés avec les dispositions déjà prises ou en cours pour apporter des solutions idoines.
Quant au volet salaire, il a insisté sur l’application de l’instruction interministérielle suivant laquelle la dépense des salaires demeure la priorité pour l’ordonnateur du budget communal.
Un des temps forts de la visite du gouverneur a été la conférence des cadres introduite dans le programme pour donner l’opportunité à la collectivité de respecter un axe important de la bonne gouvernance c’est-à-dire rendre compte publiquement de sa gestion. A ce niveau, la vice-présidente du conseil de cercle, Mme Aïssata Cissé, en présentant le rapport d’activités 2013, a évoqué les investissements, le problème d’eau et d’équipement informatique du lycée public et l’arrêt des chantiers majeurs comme l’axe routier Ké-Macina-Ténenkou long de 90 km, et celui de Mopti- Ténenkou sur 105 km. Les tronçons Penka-Ténenkou 5 km et Ténenkou –Diourah essentiels pour l’économie du cercle ont aussi retenu l’attention des participants.
A l’issue des débats, malgré les insuffisances constatées dans le rapport, le gouverneur a félicité les responsables de Ténenkou pour tout le travail abattu pour le décollage du Mali nouveau. Kaman Kané a ensuite visité les infrastructures réalisées, les chantiers en cours dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’urgence. Il a visité à cet effet les chantiers de réfection du bureau et de la résidence du préfet, le logement du préfet adjoint, du sous-préfet central, le service de l’urbanisme, le palais de justice et le CsRéf.
Situé à 65 km de Ténenkou, le village de Diourah a accueilli le gouverneur et sa délégation le mardi 6 mai 2014. L’escale avait tout son sens car les habitants de ce village ont beaucoup souffert des exactions des occupants. Diourah est donc le lieu par excellence pour parler de la paix et de la réconciliation entre les communautés de la région. Ici, les Tamasheqs qui constituent une importante composante de la population, s’étaient réfugiés en Mauritanie. A l’appel des autorités, 100 ménages ont rejoint le bercail 10 jours environ avant la visite du gouverneur.
L’occasion était donc opportune pour le 1er responsable de la région de leur souhaiter la bienvenue, les assurer de l’engagement du Mali à promouvoir la paix entre toutes les communautés. Le chef de la fraction, Moussa Ntollah a expliqué au gouverneur que sa communauté a fui le pays par peur d’être confondue avec les rebelles et les islamistes. Il a indiqué qu’il s’est empressé à revenir chez lui dès le retour de la paix. “Nous avons tout perdu. On nous a tout volé, pillé. Même ceux qui sont restés là-bas souffrent énormément. Nous sommes arrivés ici avec des problèmes et nous avons trouvé d’autres ici. Nous n’avons pas de vivres. Nos abris sont détruits et la commune est confrontée à un problème criard d’eau“, a-t-il souligné.
Kaman Kané a promis de veiller à la recherche de solutions aux préoccupations soulevées dans la mesure des capacités et des moyens de l’Etat et ses partenaires. Il s’est réjoui de l’annonce de l’arrivée prochaine d’un autre contingent de réfugiés et s’est engagé à venir en personne accueillir ces compatriotes de retour chez eux.
Le gouverneur a saisi l’occasion de saluer le travail de la troupe de l’Unité d’Échelon Tactique Interarmes (UetiA), chargée de sécuriser les personnes et leurs biens dans la zone. Le commandant du contingent militaire, le lieutenant Issa Sangaré, a porté à la connaissance du gouverneur, le problème d’eau, les difficultés de ravitaillement en carburant, les problèmes d’entretien de la logistique et le manque de réseau de communication.
Après Diourah, la délégation a mis le cap sur Youwarou où les populations gardent encore en mémoire les stigmates de l’occupation. En plus, à Youwarou la cohésion sociale est menacée par le conflit qui déchire les femmes de la Cafo. Les autorités locales ont évoqué aussi le mauvais état de la maison d’arrêt et le besoin d’un lycée.
Au cours de la conférence des cadres, le rapport d’activités a fait ressortir que le conseil de cercle, à travers son inter collectivité dénommée “Bolongal” et avec l’appui des partenaires dont l’État, a fait beaucoup d’investissements. “Bolongal” a réalisé l’ouvrage hydro-agricole de Guergnewelle avec l’aménagement de deux casiers de 1.000 ha environ dédié à la riziculture et une digue route pour un coût de plus d’un milliard de Fcfa, financés par la Coopération suisse dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’appui aux économies locales des collectivités des cercles de Youwarou et Niafunké (Pacy2). Le conseil de cercle a construit aussi 8 puits pastoraux, aménagé de 8 périmètres maraichers au profit des femmes et acheté un groupe électrogène de 15 KWA pour l’adduction d’eau. La délégation a visité ces infrastructures qui font le bonheur des communautés.
C’est par le cercle de Douentza que le gouverneur a bouclé cette première partie de sa tournée le jeudi 8 mai. Dans la capitale du Haïré où sont encore visibles les stigmates de l’occupation, les intervenants locaux ont insisté sur la nécessité du retour de l’administration dans l’arrondissement de Mondoro. Là-bas, les populations souffrent beaucoup de l’insécurité. Kaman Kané a pris bonne note de cette préoccupation et promis qu’elle solution y sera trouvée très prochainement.
Dans les trois cercles visités, les préoccupations exprimées par les populations portaient essentiellement sur les problèmes d’insécurité liée au banditisme résiduel, l’arrêt des distributions gratuites de vivres, l’insuffisance de personnel dans les structures de l’État, l’enclavement, l’électrification, le manque de moyens de communication, la mobilisation des ressources.
Partout, le gouverneur a partagé avec les autorités politico-administratives et les populations la plus grande préoccupation de l’heure du gouvernement à savoir la recherche de la paix et la réconciliation. “Dans les trois cercles (Ténenkou, Youwarou et Douentza), les heurts ont été violents. J’engage chacun de vous, responsables administratifs et politiques, organisations de la société civile, autorités religieuses et coutumières, à puiser dans le creuset de nos valeurs sociétales pour que s’installe le pardon dans les cœurs et les esprits, la cohabitation pacifique, la réconciliation des fils du pays, au tour d’un idéal commun : le développement“, répétait le chef de l’exécutif régional à chaque étape de son périple dans le Delta intérieur du Niger. Il n’a pas manqué d’exprimer les remerciements du gouvernement et des populations de la région aux partenaires comme la Minusma, la Coopération suisse et l’Ong Enda-Mali qui met en œuvre dans les trois cercles et la Commune de Konna un projet de paix et de réconciliation dénommé “Yaafa” (pardon) en bambara.
Source : Amap