Montée en puissance des attentats dans le septentrion :Les attentes en faveur de la paix sont-elles vaines ?

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BER : tension entre ex-rebelles
(photo archives à titre illustratif)

Actuellement, il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne parle d’attentat de la part des islamistes ou jihadistes dans le nord du Mali. Ce, malgré l’Accord d’Alger qui était censé ramener les protagonistes de la crise à la raison. On a tendance à oublier qu’un certain nombre de Maliens ont combattu en Libye, sous le règne de Kadhafi, notamment les éléments du Mnla et d’Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali. Ils sont de retour au bercail, après la chute du guide libyen, mais avec quelle intention ?

La chute de Kadhafi a provoqué la déstabilisation des frontières de tous les pays autour: Egypte, Niger, Algérie, Tunisie… N’oublions pas que les terroristes qui pullulent dans le septentrion malien ont été formés en Libye. Une partie des islamistes qui étaient en Libye sont des Touarègues maliens recrutés par l’armée libyenne dans la région arabe où ils ont travaillé comme ouvriers. A la suite du chaos provoqué par la chute de Kadhafi, ils sont revenus au nord du Mali et c’est eux qui ont déstabilisé par la suite le nord du Mali en 2012. La situation au Mali a, depuis lors, dépassé les frontières du pays. Elle a même dépassé les frontières du continent africain. Ce n’est donc pas par hasard que les dirigeants des puissances occidentales ont décidé d’apporter leur soutien et aide à notre pays. L’entrée du Gatia à Kidal, qui était considérée par certains comme une réconciliation entre frères ennemis, est loin de faire baisser les actes d’attentat. L’accord d’Alger, censé apporter la paix dans le pays, est en train de devenir une illusion de plus. Cela se passe parce que depuis un bon moment, il est apparu un troisième acteur : l’Etat Islamique. Il a réussi à s’imposer dans la région de Syrte, dans le nord Nigeria. Il est en train de prendre forme au Mali via Iyag Ag Ghali et son disciple Amadou Kouffa. Ainsi, le Mali est menacé actuellement par des islamistes. Ils sont prêts à tout pour faire capoter la paix négociée à coût de sacrifices par les autorités maliennes. Ce qui fait croire que l’accord entre la CMA et le Gatia n’est qu’une alliance provisoire. Leur but  réel est de marquer, chacun de son côté, leur territoire, afin de faire peser de tout leur poids sur les autorités maliennes au moment de la mise en application du processus du DDR.

Et pour cela, le Gatia et la CMA trouvent leurs intérêts dans l’alliance face aux autres groupes islamistes radicaux. Les pays européens ont pris conscience qu’il fallait trouver une solution de paix au Mali pour arrêter la montée en puissance des terroristes qui menacent leurs intérêts sur le continent. Mais y a-t-il vraiment une vraie volonté politique des acteurs européens pour trouver une solution à la crise malienne ?

Qui se cache derrière les attentats ?                                                              

La Coordination des mouvements de l’Azawad comprend une quarantaine de membres dont les leaders des différents mouvements sont connus. Sur le papier, ses intentions sont impeccables, mais est-elle sincère avec les autorités maliennes ? Mais pourquoi la communauté internationale fait-elle confiance aux leaders de la  CMA?

Le mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) a été créé en 2011 pour combattre le pouvoir de Bamako au temps d’Amadou Toumani Touré. Depuis 2012, il se veut un «mouvement politique»  défenseur de la cause des Touaregs maliens.  Le Mnla a des représentants en France, en Suisse. On sait aussi que la CMA dont fait partie le Mnla, le Hcua et le MAA, abrite plusieurs anciens proches de Kadhafi. Si l’on ne connaît pas tous les membres de la CMA, on connaît au moins leurs intentions sur le papier, notamment l’instauration d’une démocratie et un Etat d’Azawad dans le septentrion malien. Même si avec la pression de Bamako et d’une partie de la communauté internationale, ils ont renoncé à leur projet machiavélique. Mais à y voir de près, sont-ils sincères avec les Maliens ? Car si l’on sait que le septentrion est une zone de transit de la drogue, les gros négociants sont les responsables de la CMA. Mais la CMA est contestée, y compris à l’intérieur de ses rangs, pour la proximité de certains de ses membres avec Iyag Ag Ghali. Quand on sait que le chef d’Ansar Dine en veut à ses ex-compagnons, car il soutient que ces derniers l’ont trahi. A cela s’ajoute le double jeu des responsables de la CMA envers le pouvoir de Bamako. Le Gatia qui se fait désirer par les Maliens, n’a pas encore révélé sa vraie face à ces derniers. Toute chose qui laisse donc planer le scepticisme sur les vrais auteurs des actes terroristes dans le septentrion malien. Et jusqu’à quand ?

Paul N’GUESSAN

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