Le Mécanisme opérationnel de coordination (Moc) de Gao, le seul opérationnel sur le terrain pour l’heure, est devenu le terreau fertile de la fraternité retrouvée entre Maliens qui se regardaient en chiens de faïence naguère, mais devenus inséparables aujourd’hui parce que ne regardant plus que dans une seule direction : celle de l’unité et de la paix retrouvées.
Le Moc de Gao peut être considéré comme un succès dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et devra faire tache d’huile dans notre pays en quête de paix, de sécurité et de développement après des années de braise.
A Gao, ce sont des frères d’armes et non des ennemis qu’on rencontre en rentrant au camp du Moc de la 7e région administrative. C’est un brassage de combattants des Forces armées maliennes (FAMa), de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme et de la Coordination des mouvements de l’entente (CME). Ils patrouillent ensemble et partagent leurs joies et peines.
“J’ai une longue carrière dans l’armée, mais je ne me suis jamais senti autant dans une atmosphère familiale que celle du Moc. Ici, on ne peut pas savoir qui est de la CMA, qui est de la Plateforme ou qui est de l’armée malienne”, se félicite le coordonnateur général du Moc, le général de brigade Mamadou Idrissa Coulibaly.
Il est renforcé dans ces propos par le lieutenant-colonel Oumar Abbas Soumaré, coordonnateur régional du Moc de Gao. “Ici il n’y a pas CMA. Il n’y a pas de FAMa. Il n’y a pas de Plateforme. Il y a juste le Moc”.
Après des débuts difficiles, le courant passe très bien avec la population de Gao. Cette bonne coopération a déjà porté ses fruits, à en croire le général Coulibaly. “Il faut reconnaitre qu’il y a une diminution drastique du nombre d’infractions, de délits et même de crimes dans la ville de Gao depuis l’opérationnalisation du Moc”.
L’attaque de janvier 2017, un mauvais souvenir
L’attaque du 18 janvier 2017 reste encore un mauvais souvenir pour la Coordination et des éléments du Moc. “Nous sommes en train de gérer les conséquences de l’attaque de 18 janvier 2017. C’était un événement malheureux. Et je pense que cela n’a rien ôté à l’opérationnalité du Moc. En ce sens qu’après, il a immédiatement repris ses activités en faisant des patrouilles de sécurisation dans la ville de Gao de concert avec les Forces armées malienne”, note le général Coulibaly.
Agissant dans le même sens, le capitaine Rissa Ag Kilikili, officier du Moc, assure que “l’attaque du 18 janvier n’a ciblé aucune composante du Moc spécifiquement, mais elle a visé tout simplement le Moc puisque chaque partie constitutive du Moc a été touchée. Et plus que jamais nous sommes unis pour lutter contre ces forces de mal”.
Selon les autorités militaires du Moc, les victimes de l’attaque du camp seront toutes mises dans leurs droits. “Les 11 militaires ayant leurs dossiers administratifs déjà constitués ont tous été mis dans leurs droits. Contrairement aux 45 éléments des groupes armés, qui n’avaient pas de dossiers administratifs. Le processus de constitution des dossiers est en cours afin de les mettre dans leurs droits eux aussi”, assure le général Coulibaly.
Et de préciser le lien entre Moc et DDR. A ses dires, “le Moc n’a aucun rôle à jouer dans le DDR, il y a une commission nationale qui a en charge le DDR. Nous, par rapport au processus DDR, avons deux missions seulement : sécuriser le déplacement des combattants de leurs bases sur les sites de cantonnement et sécuriser les sites de cantonnement une fois à l’intérieur. A cela s’ajoute la sécurisation de l’élection dans les zones où les forces de défense et de sécurité ne sont pas”.
Le manque d’armes lourdes qui faisait que le Moc ne pouvait pas patrouiller hors de la ville de Gao est en train d’être résolu. L’Etat a déjà mis à la disposition du Moc des armes lourdes, les groupes armés aussi doivent à leur tour fournir au Moc des armes lourdes pour renforcer son dispositif sécuritaire.
L’opérationnalisation du Moc de Kidal et de Tombouctou n’attend que la mise à la disposition du Moc de ces armes lourdes de la CMA, de la Plateforme et de la CME.
Youssouf Coulibaly de retour de Gao