Ménaka : Très peu de certitudes mais les angoisses du passé

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L’attaque de Ménaka hier par le Mnla,  qui ne s’en est pas caché, réveille des souvenirs douloureux et des hantises d’un passé que nous croyions révolus, même si nous savons que l’unité, la paix et l’intégration des nations ne sont jamais linéaires. Le pays qui a accepté, en 1992, le dialogue plutôt que la guerre avec ses fils un moment égarés ne mérite pas ce camouflet. Mais il est fait et il va falloir l’assumer et en circonscrire les conséquences possibles. Parmi lesquelles le délit de faciès et le bellicisme outrageant.  Parce que simplement porteur de turban ou de peau plus claire, aucun citoyen, aucune citoyenne ne doit payer de son corps ni de sa vie la regrettable erreur de la nuit du mardi.

La République n’a pas d’honneur à reproduire les méthodes des voyous. Nous devons montrer que nous sommes une nation et la même nation. Au Nord, on devra se garder de tout triomphalisme. Au Sud, il s’agira d’éviter de mettre l’huile sur le feu. Car la situation est en soi déjà très compliquée entre un Etat pour lequel tout est négociable sauf l’intégrité du territoire et un projet de sécession qui  ne croit plus au fétichisme de l’intangibilité des pays depuis le précédent sud-soudanais et qui connaît encore une précarité dissuasive de ses régions malgré les investissements consentis. Surtout que les nouvelles exigences cohabitent avec d’autres menaces : Aqmi en veine de mises en garde, les trafics de tout, humains comme cocaïne, et l’onde de choc de la crise libyenne.

 Des moments durs mais le sursaut est non seulement possible mais nécessaire. En tout cas, la stratégie régionale tant médiatisée de lutte contre l’insécurité dans le Sahel-Sahara démontre qu’elle a un préalable : une capacité nationale de riposte. A moins que l’on ne soit du côté des fatalistes qui trouvent que chacune des solutions proposées par le Sahel et pour le Sahel est elle-même un problème.                 

Adam Thiam

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