Toujours au four et au moulin pour mobiliser la communauté internationale au chevet des populations des régions nord-Mali, délivrées de longs mois de calvaire et de barbarie, le maire de Goundam (Tombouctou) était récemment en France, particulièrement à Lyon, pour son plaidoyer. Très admirée et convoitée par la presse internationale, Mme Oumou Sall Seck a profité de l’occasion pour se prononcer sur la situation du Mali, notamment sur ses attentes à l’égard de la coopération décentralisée. Et avec le franc-parler qui l’a toujours caractérisée.
«Les collectivités territoriales pour la paix et le développement au Mali». Tel était le thème d’une conférence que la ville de Lyon (France) a abritée le 19 mars 2013. Parmi les illustres invités, Mme Oumou Sall Seck, la brave maire de Goundam. Cette rencontre s’est tenue en prélude aux 3e Assises européennes de la coopération décentralisée des 9 et 10 avril prochains à Bruxelles (Belgique). Ce sera sur le thème, «l’économie au service des hommes dans le dialogue des territoires». La première femme élue du septentrion a profité de l’occasion pour se prononcer sur la situation du Mali, notamment sur ses attentes à l’égard de la coopération décentralisée. Et avec le franc-parler qui l’a toujours caractérisée. Pour ce qui est, par exemple du rôle de l’Etat auprès des collectivités locales, Mme Seck est d’avis qu’il faut accélérer et approfondir la mise en œuvre de la politique de décentralisation dans notre pays. Pour ce faire, il faut donner aux collectivités les moyens de prendre en charge la plénitude du développement local, avec un accent particulier sur ses dimensions économique et sécuritaire. «Cela me paraît indispensable. Seul un développement intégré et adapté aux spécificités locales permettra de bâtir une paix, une sécurité et une stabilité durables», défend l’élue de Goundam. Pour elle, «à la lumière de l’intensité de la crise sécuritaire et du poids de ses impacts sur les générations à venir, les collectivités ont le devoir d’adopter une nouvelle approche de gestion des questions de paix, de sécurité et de développement, qui soit intelligente, engagée et soutenue. Une nouvelle approche qui permettrait à la fois de renforcer le processus démocratique, d’enraciner la décentralisation et de favoriser le développement économique et social».
Améliorer les acquis à la lumière des insuffisances
Toutefois, Oumou reconnaît humblement ne pas vouloir faire le bilan de la décentralisation qui «révèle de nombreux acquis importants, mais aussi des insuffisances, des défaillances, des déficits». Des insuffisances qui, néanmoins, ne remettent nullement en cause la pertinence de la décentralisation. «J’ai la certitude que tout développement politique, économique, social, culturel ou sécuritaire devrait partir de la base au sommet pour une meilleure prise en compte des spécificités locales. Ce qui garantit la cohésion sociale, l’harmonie, le développementale et l’unité nationale», souligne Mme Seck Oumou Sall. Pour cette militante engagée, le développement à la base, l’enracinement du processus de décentralisation dans le pays profond, sera complété par l’émergence d’une approche innovante de la gouvernance sécuritaire. «Cette gouvernance démocratique de la sécurité placera l’homme au cœur de la sécurité. Ainsi, le secteur de la sécurité sera intégré au processus démocratique global, de sorte que la sécurité devienne un coût du développement et le développement une dimension fondamentale de la sécurité», indique l’une des grandes ambassadrices du Mali depuis le déclenchement de la crise que notre pays traverse maintenant, depuis plus d’un an. Il s’agit d’une gouvernance du secteur de la sécurité participative et démocratiquement contrôlée, où les collectivités pourraient jouer un rôle clé dans la sécurité et le développement global. Pour Madame le maire, «la vraie décentralisation passe, je l’ai toujours soutenu, par la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles au cours desquelles sortiront des autorités légitimes, c’est-à-dire des élus choisis par les citoyens et non des élus imposés». L’édile de Goundam a participé à la rencontre de Lyon avec un espoir légitime. «Mes attentes sont nombreuses et pleines de beaucoup d’espoir car il y va de l’avenir et du développement sain de nos populations laborieuses. La rencontre du 19 mars à Lyon ainsi que celles à venir doivent permettre aux participants d’avoir une meilleure appréhension de la crise que traverse le Mali actuellement, d’une part, et de pouvoir améliorer et de renforcer le mécanisme de la coopération décentralisée franco-malienne, euro-malienne et transfrontalière», avait-elle déclaré dans un entretien publié sur le site de Global Local Forum.
Reconstruire avec la synergie d’actions
Aujourd’hui, «tout est à reconstruire. Les forces du mal, qui occupaient nos communes, ont tout anéanti. Nous avons besoin d’aide. J’en appelle à un véritable élan de solidarité de nos partenaires plus particulièrement à l’égard des régions du nord», plaide Oumou. Pour la militante engagée, chacun d’entre nous a son rôle à jouer dans cette reconstruction du pays, notamment la diaspora malienne à qui elle a rendu un vibrant hommage pour sa mobilisation et son engagement à rehausser l’image du pays que certains lobbies voulaient entacher. Mais, grâce «aux actions et prises de position courageuses et énergiques» des Maliens de l’extérieur notre pays a évité d’être relégué définitivement sur le banc de la communauté internationale. «La diaspora malienne a énormément contribué aux activités de développement du Mali bien avant cette crise. Dans les jours à venir, je suis persuadée que nos compatriotes vivant à l’extérieur se mobiliseront davantage pour assister leurs frères et sœurs qui sont dans le besoin». Avec la foi inébranlable qui l’anime, Mme Seck est optimiste et garde espoir. «J’ai foi en l’avenir de notre pays : le Mali. J’ai toujours appelé nos frères et sœurs à faire une distinction entre le MNLA et les touaregs. Le MNLA ne représente pas les touaregs. Tous les touaregs ne sont pas des rebelles. Ce mouvement ne représente qu’une petite minorité de la communauté touareg. Les Maliens doivent se mettre ensemble autour de l’intérêt supérieur de la nation. Oui, le vivre-ensemble est encore possible. J’y crois, et nous y croyons fermement. Et nous nous y attèlerons», martèle-t-elle. Très dynamique et convaincante dans le plaidoyer, Oumou Sall n’est pas revenue les mains vides de son séjour lyonnais durant lequel elle a été très sollicitée. Elle a ainsi eu le privilège d’être reçue par le conseil de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et le maire d’Althen-des-Paluds a organisé une réception à la mairie pour une remise de fonds afin d’équiper l’école maternelle de Goundam. «Un début de coopération» que Madame le maire espère naturellement «mutuellement fructueuse».
Hamady TAMBA
BEYOND HER SKILLS , OUMOU LOOKS LIKE VERY STUNNING AND BRAVE.
WOW!DEAR MAYOR WE WILL VOTE FOR YOU, IF YOU AGREE TO APPLY FOR NEXT
PRESIDENCY ELECTION!
Tout à fait d’accord avec Madame la Maire à condition de traiter les plaies de la décentralisation malienne:
1. La pléthore de Communes non viables économiquement qui ne peuvent même pas payer le salaire minimum de deux agents, ne parlons pas d’investissement. Seule solution: fusionner les Collectivités Territoriales non viables à celles qui le sont. Mais qui aura le courage de l’initier ? Le gouvernement apeuré ? L’AMM pour se faire harakiri ? L’Assemblée Nationale frileuse qui, seule, a ce pouvoir ? Sinon, il ne faut pas trop se faire d’illusions sur le transfert de ressources de l’Etat aux Collectivités : Comment transférer quand on a soi-même les mains vides ? A la limite, l’Etat ne pourra que transférer que les missions, les rôles, bref du texte. Concrètement, seuls les paiements des salaires pourront être transférés…
2. L’insuffisance ou l’absence de contrôle des infrastructures des Services de l’Etat et des Collectivités Territoriales. Unique solution: augmenter le budget de contrôle des services chargés du contrôle interne, et suivre régulièrement au niveau interministériel les résultats de leurs contrôles.
3. La faiblesse de la visibilité de l’Etat et de son efficacité dans la Décentralisation et la Réforme de l’Etat : Unique solution : transférer l’ancrage de ces deux secteurs à la Primature voire à la Présidence.
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