Selon le président du Haut conseil islamique, de part et d’autres, les groupes aspirent entièrement à la paix, que Kidal reste dans le Mali, mais le problème de conflit communautaire est réel et constitue un l’obstacle
Le président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko était, le mardi 08 aout 2017, l’invité de l’émission forum de la presse organisée par la Maison de la presse. Devant les confrères, Daba Tounkara de la radio Jèkafo, Antoine Dembélé de Renouveau FM et Mamadou Doumbia de la radio Klédu, l’imam Dicko a parlé de sa mission de bons offices, et de sa lecture sur le processus de paix et sur les débats en cours sur la révision constitutionnelle.
D’entrée de jeu, le président du Haut conseil islamique, non moins président de la commission de bons offices mise en place par le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, a précisé qu’il n’était pas en mission sur sa propre initiative, mais sur l’initiative et avec le mandat des pouvoirs publics. Que dans cette mission mandatée par le gouvernement et qu’il a été fier d’accomplir, il était avec plusieurs couches de la société civile en l’occurrence Dramane Niaré, le patriarche des familles fondatrices de Bamako, le président de Gina Dogon, Mamadou Togo et d’un délégué par région. Selon lui, cette mission n’avait pas d’autre but que de chercher à ramener sur la table des négociations les différents groupes armés en conflit dans la région de Kidal, afin d’obtenir, de façon définitive, un cessez-le-feu avec à la clé le retour définitif de l’administration malienne à Kidal. Il ajouté que la mission était aussi de faire en sorte que les populations participent et adhèrent aux échanges pour faciliter la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, notamment à travers la mise en place du MOC et des autres mécanismes.
Arrivée sur place et comme prévu dans les termes de référence de sa mission, l’imam Mahmoud Dicko indique que sa délégation, en porteur de message de paix, a pu prendre sereinement langue avec les chefs de tribus, la société civile, les notables et leaders religieux de Kidal ainsi que les responsables de la CMA, de la plateforme ainsi que le général Gamou. Selon sa lecture, les populations et les groupes armés de la zone sont favorables au retour de l’administration. « L’observation que je retiens, c’est que tout au long de nos entretiens, de part et d’autres, aucune voix ne s’est levée pour contester l’intégrité du territoire et personne n’a prononcé le mot Azawad. Ce qui est réconfortant », a estimé le président du Haut conseil islamique. Le problème, selon lui, est un conflit interne qu’il faut absolument traiter concomitamment avec la question du retour du gouverneur à Kidal et le redéploiement des services de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Sur l’équation de la paix, l’imam Dicko s’est dit optimisme quant à la sortie de l’ornière. Nous avons hérité une grande nation qui peut trébucher, mais qui ne va jamais chavirer a t-il soutenu.
Au passage, le chef de mission de bons offices, a précisé qu’il n’a pas rencontré Iyad Ag Ghaly ni ne lui a envoyé des émissaires lors de sa tournée. A la question de savoir s’il faut négocier avec les djihadistes, Mahmoud Dicko revient à la charge pour dire qu’il faut prendre langue avec tous les fils du pays. Pour lui, ces djihadistes sont des Maliens comme nous mais égarés, qu’il faut donc essayer de les faire revenir à la raison.
Sur la question de la révision constitutionnelle, Mahmoud Dicko a estimé que les débats en cours sont démocratiques, mais en tant que religieux, il ne peut pas porter de jugement à ce débat entre partisans de OUI et de NON. Mais qu’à cela ne tienne, Mahmoud Dicko a souligné que ces débats doivent s’exercer dans les limites de la loi et du bon sens. Il a précisé qu’eux religieux ont cherché à comprendre la teneur de la loi constitutionnelle qui, à son avis, ne touche pas aux valeurs sociétales et à la religion, contrairement à la loi sur les personnes et la famille. Cette dernière, selon lui, avait été votée par les députés malgré leur mise en garde. « C’est pourquoi en son temps, nous avons protesté pour sa relecture » a justifié Mahmoud Dicko.
Daniel KOURIBA