Mise en œuvre efficace de l’accord de Paix : Les leaders religieux se concertent

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Les leaders religieux (photo archives)

En vue de mieux s’imprégner du contenu de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale et de l’expliquer aux fidèles, le haut conseil islamique avec l’appui de la Minusma a organisé mardi dernier au CICB, un forum national.

La rencontre  regroupant les différentes confessions religieuses du Mali avait pour thème : « contribution des leaders religieux à la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger ».

 

La cérémonie d’ouverture a été présidée par Modibo Keita, premier ministre, en présence des membres du gouvernement et les représentants de la communauté musulmane, l’Imam Mohamoud Dicko, président du haut conseil islamique du Mali et de la communauté chrétienne, Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako.

Dans son intervention, Jean Zerbo, représentant de la communauté chrétienne a rappelé que la position d’un leader religieux est comme celle des sentinelles, des guetteurs, pour qui cela demande de vigilance, savoir apprécier les situations à leurs vraies valeurs, d’avertir qui de droit le danger qui menace, ne pas se laisser endormir ou se laisser tromper. « Le rôle d’une sentinelle, c’est aussi d’être des intercesseurs à double titre pour intervenir ou s’interposer entre les humains au moment des conflits afin de les conduire sur le chemin de la réconciliation », a expliqué Mgr Zerbo.

Pour lui, « l’accord de Paix qui a été signé a fait l’objet de beaucoup de commentaires. Nous, en tant que leaders religieux avons le devoir de nous imprégner de son contenu, de le méditer afin de mieux l’expliquer aux fidèles ».

Mgr Zerbo dira également que l’église catholique a déjà pris des initiatives en ce sens avant d’inviter les uns et les autres à se recueillir sur la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires de cette tragédie à laquelle le pays est confronté.

Après avoir salué la Minusma pour son initiative, Mahamoud Dicko, représentant de la communauté musulmane a souligné pour sa part que le temps n’est plus de qualifier cet accord, mais plutôt de chercher à savoir comment travailler ensemble pour sa mise en œuvre efficiente.

Le président du haut conseil islamique du Mali a aussi profité de l’occasion pour exprimer une préoccupation, celle du commun des maliens, dit-il. « Nous avons accepté d’être accompagnés dans la recherche de la paix. C’est pourquoi la Minusma est au Mali pour nous soutenir. Mais, en dépit de l’augmentation de son effectif et de son mandat devenu plus robuste, la majorité des populations continue toujours à avoir des doutes sur l’efficacité de la mission onusienne dans la stabilisation du pays. Parce que tout simplement, la situation sécuritaire ne s’est point améliorée », a signalé Mr Dicko.

Se sauver ensemble … 

Au nom du représentant spécial des Nations Unies pour la Minusma, Mr Neon David, a signalé que ce forum intervient à un moment un peu critique qui va à l’encontre de l’esprit de l’accord. « Depuis plusieurs semaines, le Mali connait des affrontements violents dans la région de Kidal qui ne sont pas de nature à contribuer à une stabilisation et une paix pérenne », explique-t-il, avant d’inviter les partis à résoudre leurs différends de manière pacifique.

Selon Mr David, face à la recrudescence de ces violences inter et intra-communautaires, les leaders religieux ont une responsabilité toute particulière, celle de faciliter, d’accompagner, de soutenir et de prêcher le message de tolérance et de paix. « Malgré vos efforts inlassables déployés au Mali et à l’étranger, il convient toutefois de faire plus pour soutenir la mise en œuvre de l’accord», a invité Mr David.

Le représentant  de la Minusma a aussi assuré que son organisation sera aux côtés des maliens et demeure plus que jamais engagée dans la promotion du dialogue politique et de celle du processus de paix et de réconciliation en vue de parvenir définitivement à une paix durable au Mali.

Prenant la parole, Mr Modibo Keita, premier ministre a soutenu qu’il s’agit à l’issu de ce forum de chercher des voies et moyens pour la mise en œuvre de l’accord. «De nombreux ateliers ont été déjà organisés, mais on ne cessera jamais de s’approprier du contenu d’un document aussi important comme celui-là. Si on veut y arriver, il faut le relire, parce que quelques signes me révèlent que certains passages de l’accord ne sont toujours pas compris », a signalé Mr Keita.

A titre d’exemple, le chef gouvernement dira que, de Bamako à New York, les gens s’attèlent à dire que l’Etat ne veut pas organiser une conférence d’entente nationale. « Il est dit dans l’accord que cette conférence doit être organisée uniquement pour vider la question d’Azawad qui est revenue le moment de la négociation. Je souhaite que chacun s’en souvienne », a signalé Mr Kéïta.

A l’attention des leaders religieux, le premier ministre dira : « Nous serons toujours à l’écoute. Parce que, nous sommes convaincus que, nous allons nous sauver ensemble ou perdre ensemble. Je souhaite vivement que nous puissions nous sauver ensemble. Grâce à la clairvoyance dont vous êtes porteurs à la force des bénédictions que vous égrenez toujours pour ce pays, pour ses habitants, pour le peuple certainement éprouvé, mais qui croit fermement à son avenir. Il sait que cet avenir  n’est pas bouché. Mais que c’est au pris d’efforts concertés que nous arriverons à bout de ces difficultés. Avant de vous séparer, renouvelez vos bénédictions pour que tous les maliens puissent se sentir unis, solidaires dans un élan visant à réaliser le bonheur du peuple. Indépendamment de nos convictions politiques, le peuple a besoin de cela. Il n’a pas besoin de division, ou de violence », a conclu le chef du gouvernement, Mr Modibo Keita.

 

Djibril Kayentao

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