Les bailleurs de fonds se sont dit intéressés par le programme du DDR et n’ont pas manqué d’afficher clairement leur intention de contribuer pour combler le gap de 25 millions de dollars US à la faveur de l’année fiscale 2017.
Pour la mobilisation du gap de 25 millions de dollars, sur un total de 50 millions nécessaires à la mise en œuvre du volet réinsertion du programme national «Désarmement, Démobilisation et Réinsertion’’(DDR), le ministère de la Défense et des Anciens combattants a organisé une table ronde des bailleurs de fonds le 8 décembre 2016. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le Premier ministre Modibo Kéita.
D’une importance capitale, cette table ronde a réuni la Banque mondiale, la Minusma et plusieurs autres PTF afin d’échanger sur les possibilités de mobilisation des fonds qui manquent pour le volet réinsertion du programme DDR.
L’application de ce volet coûtera 50 millions de dollars, soit plus 30,092 milliards de F CFA. Sur ce fonds destiné à la bonne marche de la phase réinsertion, le gouvernement a annoncé 10 millions de dollars, la Banque mondiale prévoit d’allouer 15 millions de dollars sous forme de subvention pour appuyer cet axe du programme du DDR. La table ronde de la semaine dernière visait à établir un nouveau fonds d’affectation multi-donateurs sous la houlette de la Banque mondiale afin de combler le gap de financement de la réinsertion.
Le représentant résident de la Banque mondiale au Mali, Paul Noumba Um, n’a pas manqué de saluer cette initiative du gouvernement malien et toutes les avancées constatées dans la mise en œuvre du programme DDR.
«Ce programme est un passage obligé pour la restauration de la paix, mais aussi pour le développement du Mali en général et les régions du nord en particulier », a-t-il reconnu. Avant de souligner le caractère crucial de cette étape et estimer qu’elle doit démarrer immédiatement, à l’issue des phases de désarmement et de démobilisation.
Le but étant d’éviter un gap entre la sortie du cantonnement et la réinsertion effective des ex-combattants dans leur communauté. Le représentant de l’institution financière a terminé ses propos en invitant les bailleurs à s’engager pour le financement du processus de DDR qui est une étape cruciale pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Une importance et une urgence reconnues par le chef de file des PTF (partenaires techniques et financiers) et Chargée d’Affaires de l’ambassade du Canada au Mali, Mme Miriam Van Nie. Elle a salué les efforts déployés par le gouvernement et la Banque mondiale qui ont pu mobiliser plus de 50 % des fonds de la réinsertion. Elle les a assurés de la solidarité des partenaires techniques et financiers pour soutenir cette étape importante de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Pour Miriam Van Nie, «l’élaboration de ce programme est le résultat de consultations compréhensives entre le gouvernement et les groupes armés signataires, les acteurs nationaux et internationaux».
En abondant dans le même le sens, le chef de la MINUSMA a indiqué qu’il faut franchir plusieurs étapes pour plus de cohérence dans la mise en œuvre de cet accord. Profitant de l’opportunité, Mahamat Saleh Annadif a également invité les parties présentes à la table ronde à plus d’engagement pour la réussite du DDR. Il a donné l’assurance que les Nations unies sont engagées pour la bonne marche de ce processus.
Quant au ministre de la Défense, Abdoulaye Idrissa Maïga, il a rappelé aux PTF la volonté du gouvernement à tout mettre en œuvre pour la réussite du DDR. Il a demandé cependant aux partenaires de persévérer dans leurs efforts en faisant appel au sens de leur engagement (voir l’intégralité de son discours).
La nécessite de s’engager de toute bonne foi
La volonté du gouvernement du Mali à mettre fin à cette crise que connait le pays depuis 2012 a été une fois de plus rappelée par le Premier ministre. «Le gouvernement, pour sa part, s’engage fermement à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation dans toute la mesure de ses possibilités, car, il a la responsabilité de tout un peuple», a souligné Modibo Kéita.
Il ne saurait d’ailleurs en être autrement à son avis. «Quel gouvernement au monde peut trainer le pied quand il sait que les enfants n’ont plus la possibilité de jouer dans les cours car les mines sautent ? Quand il sait que les salles de classes sont fermées ? Quand il sait que ceux qui souffrent dans leur corps ne peuvent accéder à des soins de santé», a-t-il interrogé l’assistance.
«Aujourd’hui est un moment important quand on sait quel a été le chemin parcouru, quand on sait surtout la détermination du chef de l’Etat lui-même, pour qu’un jour les Maliens puissent gouter le fruit de la paix et de la sécurité. Nous devons nous souvenir pour mieux appréhender la réalité d’aujourd’hui, pour mieux appréhender la souffrance de nos populations», a précisé le Chef du gouvernement.
Le Premier ministre a ensuite rappelé aux parties maliennes (le gouvernement et les mouvements signataires) qu’ils ont la lourde responsabilité de s’engager de bonne foi dans la mise en œuvre de l’Accord. «Nous devons comprendre que la moindre minute que nous perdons est extraite du bonheur de nos populations de Kidal jusqu’à Sikasso», a conclu Modibo Kéita. L’avenir nous dira si son discours a atteint sa cible !
A l’issue des travaux, les bailleurs de fonds ont jugé nécessaire d’allouer des fonds pour la mise en œuvre du DDR. Ils se sont engagés au titre de l’année fiscale 2017 à soutenir ce programme ô combien important pour le retour définitif de la paix au Mali.
Aliou Touré