Le samedi 9 septembre, le président du Comité de suivi des accords d’Alger, le Contrôleur général de police, Mahamadou Diagouraga a accordé une interview à la télévision nationale. Dans son intervention, il s’est longuement expliqué sur le dispositif concocté pour la mise en route desdits accords. Seulement voilà : un nouveau blocage se dessine parce que, au moment où Diagouraga prône le désarmement et le cantonnement des insurgés avant le retrait du renfort militaire et du matériel de guerre dépêchés à Kidal après les événements du 23 mai, les bandits armés de Teghargharet soutiennent, de leur côté, le contraire.
Le président du comité de suivi des accords d’Alger, le contrôleur général de police, Mahamadou Diagouraga a quitté Bamako vendredi, à destination de Kidal, avec dans son cortège des véhicules neufs et des moyens financiers importants pour lui permettre d’accomplir dignement sa mission. Mais auparavant, il s’était entretenu avec les médias d’Etat sur la mise en route des accords signés par le Général Kafougouna Koné à Alger le 4 juillet dernier.
Plein d’optimisme, Mahamadou Diagouraga a révélé que le gouvernement procèdera le 15 septembre prochain à la libération de deux prisonniers, proches des insurgés et à l’installation le 25 septembre du Conseil régional provisoire de coordination et de suivi. Une structure que plusieurs techniciens du droit considèrent comme anti-constitutionnelle.
Certains observateurs l’assimilent à un mini gouvernement de Kidal, lequel verra le voisin algérien s’impliquer dans la gestion d’une partie du territoire malien. Pour le moment le débat n’est pas relancé à ce niveau.
Mais, l’autre révélation du Contrôleur général de police, Mahamadou Diagouraga pourrait bien provoquer l’ire des insurgés. Il s’agit de cette phrase : «compte tenu de la situation qui prévaut sur le terrain, l’armée se retirera de Kidal quand elle en recevra l’ordre, normalement lorsque l’armement, les munitions et le matériel enlevés par les insurgés seront rendus». Diagouraga fait ainsi allusion au renfort envoyé à Kidal après les événements du 23 mai.
Ce langage hautement responsable n’est pas accepté par les bandits armés de Teghargharet, eux qui continuent à exiger le «retrait de l’armée de Kidal avant toute poursuite de l’application des accords d’Alger».
Dans la correspondance envoyée au facilitateur, les insurgés du 23 mai ont exprimé la même préoccupation. Ils ont remis ça lors de la rencontre que les deux parties ont eue à Alger. Et on peut lire sur leur site WWW.kidal.info que «d’ici la semaine prochaine, on devrait voir enfin un allègement du dispositif militaire sur la ville de Kidal, la mise en place du groupe technique de sécurité, le cantonnement des ex-insurgés avec le retour des armes, munitions et matériels enlevés le 23 mai, et avant la fin du mois de septembre l’installation du Conseil régional de coordination et de suivi, ainsi que la préparation du forum sur le développement de la région de Kidal». C’est dire que les deux parties sont d’accord sur le processus engagé mais divergent sur les modalités d’application.
Pendant que l’Etat malien est ferme sur l’antériorité du désarmement et du cantonnement par rapport au retrait du renfort militaire dépêché à Kidal après le 23 mai, les bandits armés, soutiennent le contraire. Ils veulent engager Diagouraga et son équipe dans un marché de dupes, c’est-à-dire faire partir le renfort militaire et l’armement lourd avant le cantonnement. Ce qui pourrait être hautement préjudiciable pour les Forces Armées et de Sécurité du Mali.
Ce scénario compris et rejeté par l’Etat pourrait être à l’origine d’un nouveau blocage.
Chahana TAKIOU
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