A sa demande, une délégation de la Médiation internationale conduite par le Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh ANNADIF, a été reçue, ce lundi 25 novembre 2019, par le chef de la diplomatie malienne, Tiébilé DRAME, dans la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI) à Koulouba. C’était en présence du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Boubacar Alpha BAH, du représentant du ministre de la Défense et des anciens combattants et de celui de la Sécurité et de la protection civile. Au cours de cette rencontre les deux parties ont souhaité voir la reprise des sessions du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) dans l’impasse depuis près de 3 mois
En plus du représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Mali, Mahamat Saleh ANNADIF, cette rencontre était également élargie aux ambassadeurs des 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que les autres membres de la Médiation internationale conduite par l’Algérie. On notait également la présence de plusieurs responsables des Forces Armées et de Défense du Mali.
Comment relancer le processus de paix dans l’impasse dans notre pays depuis le report de la 38e session du CSA initialement prévue à Kidal ? La question était au centre des échanges hier matin au MAECI entre le Gouvernement de la République du Mali et la Médiation Internationale. Au cours des échanges, les deux membres du gouvernement ont tenté de rassurer la Médiation internationale de la ferme volonté du Gouvernement à faire avancer le processus de paix.
Entre les deux parties, il a essentiellement été question de la relance du processus de mise en œuvre de l’Accord dans l’impasse depuis quelques mois. En occurrence, de la reprise des sessions du Comité de suivi de l’Accord (CSA) en arrêt depuis le 16 septembre 2019, suite au scandale du report de la 38e session initialement prévue à Kidal.
A l’entame de ses propos, le Chef de la MINUSMA a tenu à remercier le Gouvernement pour sa promptitude à répondre à la demande de la Médiation. Selon lui, cette rencontre a été sollicitée suite à une réunion des membres de la Médiation internationale. Ainsi, après avoir analysé la situation, il a constaté que la mise en œuvre de l’Accord est dans une certaine impasse. Selon lui, depuis la signature de l’Accord en 2015, c’est pour la première fois qu’on fait 3 mois sans tenir le Comité suivi.
Malgré les difficultés réelles, la Médiation a jugé nécessaire d’entreprendre cette démarche afin de faire bouger les lignes entre les parties maliennes. C’est ainsi que l’équipe de médiation a décidé de rencontrer en premier lieu le gouvernement.
A l’issue de cette réunion, il s’agira pour la Médiation de rencontrer les deux autres parties maliennes, à savoir la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme autour de la même préoccupation. L’objectif final de cette démarche de la Médiation est d’obtenir l’adhésion de toutes les parties. «Tout laisse croire que nous allons tenir un CSA très prochainement et qui aura à examiner des points assez substantiels», a-t-il rassuré.
De son côté, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé DRAME, a remercié la délégation pour l’intérêt que ses membres accordent à la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix au Mali. Selon le ministre DRAME, les deux parties vont se pencher sur les mécanismes à mettre en œuvre pour accélérer le déploiement de la nouvelle armée reconstituée dans la région de Kidal. Pour lui, ce déploiement de l’armée malienne à Kidal est aujourd’hui une question importante qui détermine tout le reste du processus. D’ailleurs, a-t-il rappelé, cette question de la présence de l’Etat du Mali et de son armée à Kidal est au cœur de l’agenda donné par la communauté internationale aux acteurs du processus de paix.
Il a fait savoir que le Gouvernement s’est réuni pour travailler sur cette question jugée primordiale pour le Président de la République, en raison du fait qu’elle touche à la souveraineté internationale.
Aussi, les réformes politiques étaient au cœur des échanges entre les deux parties. Depuis l’échec de la réunion, a-t-il expliqué, les contacts se sont intensifiés entre le Gouvernement et les ex-rebelles de la CMA, grâce auxquels certains responsables de cette coordination sont à Bamako. Ces responsables de la CMA, a indiqué Tiébilé DRAME, ont été d’ailleurs reçus par le Chef de l’Etat en plus des membres de la Médiation. Il a souhaité que la présente rencontre soit le déclic pour un nouveau départ.
«C’est vrai qu’il y a pas eu de CSA à Kidal en septembre. Mais jamais le dialogue inter-malien n’a été aussi intense que pendant cette période. Des canaux de communication ont été établis entre la partie gouvernementale et nos frères de la CMA. Nous avons continué à parler avec nos frères de la Plateforme. Nous essayons d’avancer vers une compréhension commune des problèmes relatifs à la restauration de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national. Il y a aujourd’hui une compréhension commune, les divergences s’amincissent. Je pense que nous allons avancer ensemble pour fermer certaines parenthèses et pour avancer dans la mise en œuvre de l’Accord. Les responsables de la CMA sont à Bamako, ils ont été reçus par le Président de la République. Je crois qu’il faut appuyer sur ces signaux très forts pour avancer», a-t-il rassuré.
Par Abdoulaye OUATTARA