Mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation : L’extrême urgence de cantonner les groupes armés

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Le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop lors de la signature de l'accord de paix

Six mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, force est de reconnaître que les lignes n’ont pas beaucoup bougé dans la mise en œuvre de ses dispositions, donnant du coup l’impression d’un enlisement qui ne dit pas son nom. Aujourd’hui, il y a une extrême urgence à démobiliser, désarmer et réinsérer les ex-combattants qui sont devenus très encombrants dans le nord du pays.

En effet, après sa signature le 15 mai et son parachèvement le 20 juin 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation nationale semble avoir du plomb dans l’aile ou du moins a du mal à voir concrétiser les dispositions qu’il contient. Pour preuve, six mois après sa signature, le comité de suivi devant veiller à son application a encore du mal à se mettre en place. Il est vrai que l’ensemble des parties prenantes jusqu’à preuve du contraire essaient de prouver leur bonne foi quant au respect de leurs engagements.

A ce titre, le gouvernement ne ménage aucun effort pour montrer pattes blanches en s’efforçant de communiquer sur l’ensemble des actions qu’il entreprend pour le retour de la paix et la réconciliation nationale.

Au titre des actions menées dans ce sens l’on peut citer la libération de prisonniers de guerre,  l’organisation de caravane d’information et de sensibilisation à l’endroit des populations pour l’instauration d’un dialogue inter et intra communautaire, la mise en place de la commission dialogue, vérité et justice intégrant des hauts responsables de la rébellion entre autres. De leur coté les groupes armés ont aussi essayé des actions telles que la cessation des hostilités entre la CMA et la plateforme et l’organisation de patrouilles mixtes avec les forces armées maliennes et onusiennes. Mais aucune action concrète visant l’application des dispositions de l’accord n’est visible pour l’instant. Si les groupes armés accusent parfois l’exécutif malien de trainer les pieds, ce dernier pense à son tour que la mise en œuvre de l’accord est en bonne voie.    Dans ce jeu de chiffonnier assourdissant, un phénomène d’une extrême urgence se passe dans le septentrion. Il s’agit du cas des ex-combattants qui pullulent dans les villes du nord. C’est ainsi qu’on les rencontre dans presque toutes les villes, armes en bandoulière ou pratiquant des exercices militaires à l’intérieur parfois des villes.

Si l’on sait le danger que représentent ces jeunes désœuvrés sans espoir, aguerris au maniement et  avec des armes en circulation, il y a péril en la demeure. Il urge de trouver une solution à leur cas. Si l’on sait que l’accord prévoit leur cantonnement, leur désarmement et leur réinsertion socioprofessionnelle comme solution au problème, il n’est pas difficile à circoncire. Cependant, si ce cantonnement traine encore, il y a lieu de craindre le pire. Car ce sont des bandits de grand chemin que l’on aura formés et jetés en pâture aux narco-djihadistes et autres bandits sans scrupule qui écument cette partie de notre pays.

Aussi, il faut dire que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix doit forcement passer par cette étape, qu’il faut le reconnaitre, est la plus cruciale du processus. Sans quoi, l’on risque de retourner à la case de départ. Espérons ne pas en arriver là. Il revient aux parties prenantes de prendre leurs responsabilités pour l’effectivité du cantonnement et le désarmement des jeunes ex-combattants. Sur ce plan, la Minusma affirme avoir commencé la construction des sites de cantonnement. Espérons que cela ne prenne pas du temps. Une chose est sûre, il y  a une extrême urgence à cantonner les ex-combattants.

Harber MAIGA

De retour de Goundam

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