Oumar Ibrahim Touré, ancien ministre de la santé
La rencontre d’aujourd’hui est organisée par le collectif des ressortissants de la région de Tombouctou. Il concerne l’ensemble des associations des différents cercles. Il s’agit pour nous de faire l’état des lieux, le point de la situation économique, sociale et particulièrement, la situation sécuritaire de la région. Les différents intervenants ont dépeint la situation actuelle. La situation est extrêmement difficile. Les populations vivent dans une précarité extrême, pratiquement tout manque. Cela a été dit, redit et je crois que nous allons continuer à le dire, parce que c’est important de le dire. L’aspect qui nous parait le plus important aujourd’hui, le gouvernement de la République du Mali, en présence de la communauté internationale, de l’ensemble des mouvements armés, a signé un accord de paix. Tous ont accepté cet accord pour la paix et la réconciliation nationale. Il s’agit pour nous aujourd’hui, au-delà du point que nous faisons, de savoir quelle pourrait être la place des différents cercles, des différents ressortissants, des différents responsables, dans la mise en oeuvre de cet accord. Parce que tout le monde est convaincu d’une chose, que cet accord-là, même s’il n’est pas parfait, c’est un élément important pour avancer. Il s’agit pour nous de réfléchir, avec responsabilité, avec intelligence, pour avancer. C’est cet exercice qui est fait ce matin et certainement, la déclaration qui va sanctionner cette rencontre va faire ressortir tous ces aspects… pour que l’ensemble des fils de la région de Tombouctou se donnent la main sans distinction de race, d’ethnie, etc. c’est ce qui était là par le passé et je crois que c’est ce qu’il nous faut pour retrouver l’équilibre au sein de notre région. C’est une rencontre que nous saluons et que nous soutenons.
Abdoulaye Albadia Dicko, président de la Coordination de la région de Tombouctou
L’objet de la réunion était de faire la situation des cercles et les défis à relever pour les accords futurs. Les participants ont abordé les problèmes de l’ensemble des cercles de Tombouctou. Parmi les difficultés, il y a le manque crucial des moyens de transport, des vivres, le problème de déplacement des populations, à l’intérieur et à l’extérieur de la région, il y a aussi le problème de sécurité interne de la région. Il s’agit aussi d’assurer la mise en œuvre de l’accord qui doit tenir compte de la sécurité des cinq cercles de la région de Tombouctou. Il faut que les populations s’arment de courage pour assurer la bonne mise en œuvre.
El Hadj Baba Haïdara dit Sandy, ancien député
Qui va nous représenter pour la mise en place des notabilités ? Ag Hamani a posé la question mieux que moi et je crois qu’une commission doit réfléchir là-dessus pour capitaliser ce qui va sortir de cette réunion, avec des experts qui vont être mis ensemble pour pouvoir avancer et mieux accompagner l’accord. Le véritable problème, c’est l’application des accords. Attention à ce qu’il y a à l’intérieur. S’il n’y avait aucun problème dans le contenu de l’accord, on n’allait pas avoir des tiraillements pour ne même pas pouvoir tenir de bonnes réunions, simplement, sur le comité de suivi. Donc, soyons vigilants. Cette vigilance doit s’appliquer à plusieurs niveaux. Au niveau du démarrage des activités, c’est le développement du nord dont on parle. Avant-hier, on a vu ce qui s’est passé, un paquet de sous de la France pour aller faire Kidal. C’est bien ! Ça fait trois ans qu’il n’y a rien eu à Kidal. Il n’y a rien eu nulle part chez nous. Nous sommes d’accord que cela commence à Kidal, mais que ce ne soit pas Kidal seule. Application de l’accord…j’attire l’attention sur le président du conseil régional. Il va être élu au suffrage universel. Il va avoir les responsabilités de la haute administration de l’Etat. Allons-nous accepter de lever la main pour l’analphabète qui ne sait pas ce qu’il signe ? C’est un problème pour l’Etat et vous êtes obligés de définir dans ce document le profil de celui qui doit être élu gouverneur. Vous avez parlé de la réinsertion… quand on m’a posé la question : quelles sont les causes de la rébellion ? Une des causes que j’ai retenue, c’est la prime à la rébellion que nous avons condamnée. Beaucoup de gens reprennent la rébellion, parce qu’ils n’ont pas eu leur part la dernière fois. Lors des premières rencontres au Burkina, on a dit : attention à ne pas accorder la prime à la rébellion au lieu de sanctionner ceux qui ont fauté et pris des armes contre les Maliens. Voilà ce qui se passe, on va les intégrer, les réintégrer, les re-réintégrer. Je veux juste attirer l’attention sur un certain nombre de choses, sinon l’accord sera compromis. Sur beaucoup de choses, il faut la vigilance, la vigilance, la vigilance, sinon l’accord sera compromis. Trouvons les moyens de mettre les hommes, une équipe, un groupe qui le comprend très bien, qui l’analyse très bien, qui sort ce qu’il faut pour réagir et dire à l’Etat voilà ce dont nous avons besoin. Ce n’est pas seulement dans le cadre de ramener quelques personnes, car il s’agit du développement définitif et aussi, la dernière question : qu’est-ce qu’il faut faire pour qu’il n’y ait plus rébellion ? C’est une question à laquelle nous devons penser. On ne peut pas continuer éternellement à reprendre, à revenir en arrière. Ag Hamani a dit les trois points qu’il souhaiterait qu’on réalise, c’est vrai, c’est important, moi, je pense qu’on ne peut même pas ramener les réfugiés, échanger, faire du commerce et les activités économiques sans les routes. La charpente de ce que nous attendons de la route Niono-Tombouctou doit rapidement être le moyen, parce que c’est un cordon ombilical qui va réunir l’ensemble de notre région et c’est très important.
Mohamed Ahmed Ag Hamani, ancien Premier ministre
Le premier point dans le préambule de l’accord, c’est la reconnaissance de l’intégrité, de la souveraineté et du caractère laïc. Si on assurait cela, moi, je dis, saisissons la balle au vol. Le premier acte à poser, c’est la consécration de cette assertion sur le terrain. Donc, la priorité pour moi, ce n’est pas de discuter les places dans les commissions, c’est la formation des groupes comprenant tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de cet accord ou à sa signature, pour aller mettre en place l’administration partout où elle est absente. On ne peut pas parler de solutions à ces problèmes, s’il n’y a pas d’administration.
Ensuite, toute l’administration est là pour qui ? C’est pour les populations. Deuxième acte qu’on doit poser avec ces mêmes personnes, c’est d’aller ramener les populations déplacées dans leurs localités respectives. Le troisième acte qui va consacrer cet accord, c’est assurer la sécurité des populations et de leurs biens, ainsi que de l’administration. Donc, renforcer le dispositif de sécurité dans ces localités pour que les gens puissent vaquer à leurs propres besoins. Ce n’est qu’après, qu’on va penser au développement, parce que le développement, qui le pilote ? C’est l’administration. Qui développe-t-on ? Ce sont les populations. On ne peut pas aller développer des arbres, si la population n’est pas là.
Cheikh Doucouré de la commune de Téllé
On a arraché une paix, est-ce que c’est la paix des cœurs ou c’est une paix à l’arraché? Je souhait que ça soit la paix des cœurs. Quand on veut faire la paix, c’est entre deux interlocuteurs. Les autres ne sont jamais là et nous parlons toujours de paix. C’est pour cela que nous n’avançons pas comme nous le voulons. Je pense que ce projet de paix a besoin d’un plan Marchall. Quand on voit la composition et la complexité des tâches, on ne peut penser qu’à un plan Marchall. Pour mettre en place cet accord, il faut qu’on aille vers la sécurité. Qui peut nous donner la sécurité ? Nous savons qu’aujourd’hui, dans nos communes, les armes pullulent entre les mains d’anciens soldats et même des bergers ont des armes, ils brassent les villages à dos d’ânes, pillent les boutiques et s’en vont avec le contenu. Je pense qu’il y a un organe qui a failli à sa mission. Cet organe est la MINUSMA. Si on nous a amené la MINUSMA, c’est pour restaurer l’autorité de l’Etat, ça fait partie de sa mission première. Malheureusement, la MINUSMA a traité l’Etat au même pied d’égalité que nos frères qui se sont rebellés. La MINUSMA, dans sa mission, devait rétablir l’ordre en travaillant avec l’armée malienne, pour désarmer tous ceux qui ont des armes, qui pullulent à dos d’âne, à dos de chameau, en voiture, à motos. C’est une tâche très facile, malheureusement, cette tâche n’a pas été comprise et même si elle l’a été, elle a été occultée pour des petites activités de développement ça et là, qui n’ont servi à rien. Une autre plaie, c’est la gouvernance. La gouvernance est le plus grand mal de notre société. Nous devons aller aujourd’hui vers la refondation même de l’Etat, sinon de la politique, puisqu’aujourd’hui, il y a une défiance totale vis-à-vis des politiciens. C’est pour cela qu’il faut une refondation. Nous devons changer de paradigme. Nous devons avoir une autre philosophie d’approche des choses, de l’Etat, de la gestion des communautés, bref, de notre comportement, en général. Ce changement de paradigme est très difficile. Nous voulons mettre en œuvre un accord colossal qui n’a pas de ressources humaines adaptées pour son application. Donc, nous avons un très gros problème. Mon souhait est que les associations se mobilisent pour inviter l’Etat à changer, si on le peut aujourd’hui, les missions de la MINUSMA, pour pouvoir mettre en œuvre cet accord. Vous savez que dans dix ans, l’armée malienne ne sera pas opérationnelle, en tout cas, de manière efficace pour protéger nos populations. J’insiste là-dessus pour que la mission de la MINUSMA puisse servir de tremplin à cet accord que nous venons de signer.
Rassemblés par B.D.
Accueil Nord-Mali
Que des opportunistes qui n’ont rien à foutre de la population
MNLA CMA ANCARDINE YAD ALY
LEURS NOMS A EUX SEULS SYMBOLISENT LES CRIMES DE VIOLS SUR LES FEMMES AU NORD…
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