Le nouveau patron de la MINUSMA qui était face à la presse malienne mardi dernier est accueilli avec des éloges. L’officier tchadien qui a quitté l’AMISOM (Mission de l’Union Africaine en Somalie) dont le mandat robuste a permis des exploits contre les terroristes d’Al Shaabab de la Somalie prend les rênes d’une mission de maintien de la paix n’ayant pas l’obligation de chasser les djihadistes. La tâche qui attend le nouveau patron est donc des plus difficiles surtout que des rapports froids existent déjà entre la mission onusienne et les autorités maliennes qui viennent de réclamer un plan de retrait des casques bleus du pays.
Cette demande des autorités maliennes a surpris plus d’un observateur, alors qu’il y a seulement six mois Bamako s’est battu en vain pour que la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali) ait un mandat robuste pour combattre les djihadistes. Mahamat Saleh Annadif devra ainsi briser le mur de méfiance érigé entre le Mali et la mission onusienne dont les responsables se souviennent de la convocation de Bert Konders à Koulouba en 2014 pour affaire le concernant.
On se rappelle également les pics lancés par le président Keïta à l’encontre d’Hervé Ladsous, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Le chef d’Etat malien qui avait ruminé sa colère contre l’ONU pendant plus de 2 ans ne s’était pas résigné lors de la cérémonie de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger à Bamako en juin 2015. Face au tollé provoqué par sa critique, IBK a vite fait de s’excuser, un de ses ministres ayant fait savoir qu’il faisait l’écho d’une rengaine populaire connue de tous.
Tout compte fait, il n’est pas certain que l’officier tchadien arrive à lui seul à renverser la stratégie de l’ONU au Mali, même si des troupes tchadiennes sont déployées au cœur de l’infernal Adrar des Ifoghas, dans la région de Kidal. « La MINUSMA fera en sorte que la paix, la stabilité et la sécurité reviennent au Mali, tout en reconnaissant que la clé du problème réside d’abord entre les mains des Maliennes et des Maliens », avait-il déclaré.
Néanmoins, pour beaucoup de Maliens la nomination d’un tchadien à la tête de la MINUSMA est plus que rassurante. Plusieurs ressortissants de ce pays ont payé de leurs vies l’engagement du président Idiss Débi à lutter contre les djihadistes maliens. Mieux, Annadif étant un africain, il inspire davantage confiance aux Maliens dont la plupart explique les contraintes du mandat de la MINUSMA par un supposé complot international contre l’Afrique.
La présence de la MINUSMA n’a certes pas épargné le Mali des heures d’angoisses comme la sanglante prise d’otages à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Toutefois, elle constitue une force de dissuasion importante dans un pays en proie à des néophytes acquis à l’idée d’une « révolution culturelle » digne du pays des Mollahs. Ce sont leurs mentors qui clament haut et fort que la MINUSMA ne fait que boire au Mali.
Soumaila T. Diarra