MINUSMA : les failles de la résolution 22-27 du 29 Juin 2015 face aux enjeux de la conjoncture sécuritaire…

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Mali: les casques bleus à Kidal pour établir la zone de sécurité
Les casques bleus de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, ici, à Kidal, le 22 juillet 2015. Les soldats ont commencé, ce mardi, à établir une zone de sécurité autour de la ville
REUTERS/Adama Diarra

Déployée depuis l’été 2013, la mission multidimensionnelle intégrée de nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) est la force des nations unies la plus durement touchée après la Somalie dans les années mille neuf cent quatre vingt dix.

 

Au regard des derniers évènements, notamment sur le plan sécuritaire, le constat qui se dégage est sans appel : la force onusienne est l’une des cibles privilégiées des groupuscules terroristes qui sévissent dans le nord du Mali. Au delà de la partie septentrionale du pays, elle a été attaquée jusqu’à Bamako. Comme ce fut le cas le mercredi 20 mai 2015 dans le quartier Faso Kanu, où la résidence de plusieurs de ses personnels militaires a été prise pour cible.

Pour rappel, plus de 40 casques bleus sont tombés au Mali dont une quinzaine en 2015.

A cette statistique s’ajoutent environ 80 attaques et plus de 180 blessés.

Une situation on ne peut plus délicate qui aurait pu orienter le mandat de la mission vers d’autres défis et non les moindres au regard de la conjoncture sécuritaire. Malheureusement non !

Lors d’une journée d’échange entre la MINUSMA et les commissions spécialisées _ c’était le mardi 30 juin 2015 dans la salle Awa Keïta de l’hémicycle _ le représentant spécial adjoint du Secrétaire General des Nations unies en charge des affaires politiques, Arnauld Akodjenou, indiquait que le conseil de sécurité des nations unies n’avait pas mandaté la MINUSMA pour lutter contre les djihadistes et terroristes. Ce message, clair d’un point de vue communicatif et paradoxal au regard de la situation sécuritaire du pays, a été brillamment repris le 28 juillet dernier par Radhia Achouri, porte-parole de la MINUSMA.  « Nous ne sommes pas venus pour faire la guerre aux terroristes », s’est-elle écriée, avant de mettre l’accent sur le nouveau mandat de la Minusma, tel que prévu par la résolution 22-27 du 29 juin 2015. Depuis lors, à chaque interpellation (quelle soit des populations, des autorités publiques, de la classe politique ou de la société civile) de la MINUSMA sur ses responsabilités de protection des populations, ses responsables brandissent ce même refrain : ‘’la MINUSMA n’a pas vocation à combattre le terrorisme, son nouveau mandat est essentiellement réorienté sur la mise en œuvre de l’accord de paix et la supervision du cessez- le feu’’.

 

Un mandat qui se traduit exclusivement par : l’appui, la  surveillance  et la supervision de l’application des arrangements relatifs au cessez-le feu et des mesures de confiances contenues dans les accords de paix, entre le gouvernement Malien, les groupes armés de la Plateforme et de la Coordination.

Du même mandat, il ressort également que la mission se doit d’assurer, sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques. Elle doit en outre fournir un appui aux autorités maliennes, pour stabiliser les principales agglomérations et les autres zones où les civils sont en danger, notamment dans le nord du pays. Elle se doit, d’appuyer le cantonnement, le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) des groupes armés, ainsi que le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité maliennes, en particulier dans le nord du Mali.

Des missions qui, bien qu’ayant le double mérite d’être sans ambages et de clarifier la responsabilité de la mission au Mali, sont aujourd’hui violées de manière flagrante. Et le comble de l’ironie par celle, la mission bien entendu, qui est censée lui accorder force de loi. En témoigne la décision unilatérale de la mission de mettre en place une zone de sécurité autour de la région de Kidal et son cortège d’indignation, suite aux affrontements d’Anefis entre les groupes armés du GATIA et de la CMA. Une initiative de prime à bord dans les prérogatives de la mission, qui prend malheureusement une connotation d’inégalité entre les populations du Nord et d’indifférence vis-à-vis des autorités maliennes de par sa procédure de mise en œuvre. Et qui, du reste, est en porte-à-faux avec la mission de facilitation des mesures de confiances contenues dans les accords de paix qui relève de la MINUSMA. La mission onusienne, encore faudrait-il le rappeler, de par ses décisions unilatérales compromet elle-même l’instauration du climat de confiance qu’elle se doit de garantir entre les différentes parties sur le terrain. Une crise de confiance compromettant non seulement la mise en œuvre de l’accord de paix mais suscitant également des conflits de positionnement entre les groupes armés présents sur le théâtre des opérations.

 

Il va sans dire que la mission peine à jouer la partition qui est la sienne et dont elle se targue le plus souvent pour camoufler son incapacité sur le terrain. Entre son inaptitude à remplir les missions qui lui sont assignées à travers la résolution 22-27 du 29 juin 2015 et les capacités de nuisance des groupes (notamment terroristes et djihadistes) dont elle prétend n’avoir rien à faire…doit se trouver les véritables enjeux de la présence de la MINUSMA au Mali. Des enjeux qui se complexifient avec le nombre de victimes dans ses rangs et les menaces d’attaques qui planent sur elle quotidiennement comme une épée de Damoclès.

 

Pour nombre d’observateurs de la crise sécuritaire malienne, les terroristes sont les premiers ennemis de la paix. Et la MINUSMA, comme son nom l’indique et de par la vocation de son nouveau mandat, se doit de lutter résolument contre tous ceux qui ne s’inscriront pas dans le cadre de la stabilisation du pays. Qu’ils soient des terroristes ou pas. Il y va tout d’abord de la sécurité de ses propres agents, ensuite de la protection des populations vulnérables et enfin de la réussite du processus de paix et de réconciliation en cours. D’où l’impérieuse nécessité pour le conseil de sécurité des nations unies de revoir la résolution 22-27 ou de permettre, par d’autres voies plus appropriées, à la MINSUMA de faire face au terrorisme.

  Mamadou dit M’bare Fofana

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