C’est dans une ambiance engagée que la réunion s’est déroulée avec la participation de nombreux représentants de la société civile, illustrant s’il en était besoin, la vitalité et la diversité de cette composante qui joue un rôle de premier plan dans le processus de paix et de réconciliation nationale. Parmi eux, ceux des réseaux des organisations, des associations et ONG, de la Commission Dialogue et Réconciliation, les représentants des 2 faitières (Conseil National de la Société Civile, le Forum National de la Société Civile) et organes affiliés qui sont les Fédérations et Associations de femmes et de jeunes, les corporations religieuses, le réseau des communicateurs traditionnels, ainsi que les représentants des communautés Arabe, Bella, Dogon, Peuhl, Tamashek du CAP/Mali et du Collectif des Ressortissants du Nord (COREN).
Cette réunion avait pour objectif de recueillir les opinions et la perception de la société civile sur les « éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation au Mali », document clef fourni par la Médiation, autour duquel se poursuivront les pourparlers entre les parties à Alger la semaine prochaine. Il s’agissait également de discuter du rôle de la société civile dans le processus de restitution auprès des communautés dans le cadre d’un d’Accord de paix définif.
Dans ses remarques préliminaires, le Représentant spécial adjoint a chaleureusement félicité les organisations de la société civile pour leur engagement politique, la créativité et le dynamisme dont elles font preuve depuis le début du processus de paix et de réconciliation au Mali.
Les réprésentants ont, au cours d’un échange fructueux, exprimé à la fois leurs inquiétudes mais surtout leurs attentes.
M. Akodjénou a vivement encouragé les participants à coordonner toutes les rencontres avec le Gouvernement afin de mieux exercer leur droit de regard sur les affaires de la nation et de parler d’une même voix : « ne dites pas que vous êtes apolitiques. Vous êtes éminemment politiques, vous n’êtes pas partisans certes, mais vous êtes et vous vous devez de rester politiques !» a-t-il déclaré.
Cap sur Kidal et Tombouctou
Très tôt le lendemain, le Représentant spécial adjoint a mis le cap sur Kidal et Tombouctou.
Dès son arrivée à Kidal, c’est à l’ombre d’un arbre que M. Akodjénou a rencontré Intalla Ag Attaher, l’Amenokal de Kidal, figure emblématique des Ifoghas. Le Représentant spécial adjoint a souligné que son autorité morale et sa sagesse étaient plus que jamais importantes et représentaient un relai crucial auprès de la population.
A l’issue de la rencontre, M. Akodjénou avait pris rendez-vous avec des représentants de la société civile de Kidal parmi lesquels des points focaux d’association, des chefs de fraction, le conseil régional des jeunes ainsi que des leaders religieux. Tout au long de la discussion, les représentants n’ont eu de cesse de répéter que les aspirations des populations doivent être prises en compte afin de garantir une paix durable. En fin de réunion, M. Akodjénou a précisé que même s’il subsistait des points de divergences, l’essentiel était de discuter et de parvenir à un Accord de paix acceptable par tous.
A cet égard, les négociations d’Alger constituent une étape déterminante pour un règlement durable de la crise politique et sécuritaire au Mali. Ce 12 novembre à Kidal, il a été question d’explication des enjeux, mais surtout d’écoute.
Au sortir de la rencontre, M. Akodjénou a expliqué sa démarche : « la médiation à laquelle nous faisons partie a fait une proposition, elle n’est pas exhaustive mais a le mérite d’être une proposition. Il m’importait de savoir avant de retourner à Alger lundi, comment les populations la perçoivent? Quel est leur ressenti ? ».
C’est dans cet état d’esprit qu’il est reparti à la mi-journée à destination de Tombouctou – une visite à Gao avait déjà eu lieu par le passé.
La rencontre a été organisée au camp de la MINUSMA. Les autorités politiques et religieuses, des représentants de la société civile, des leaders communautaires et des notabilités des communes de Salam, Ber et Tombouctou y ont pris part.
Toutes les personnalités rencontrées ont exprimé leur exaspération envers cette crise qui a dégradé la situation sécuritaire, la vie économique et le tissu social. « Nous demandons aux parties à Alger de multiplier les efforts et d’accepter que les négociations avancent. La communauté internationale ne pourra pas indéfiniment aider le Mali. Des actions en faveur de la paix et une sortie durable de crise sont nécessaires, » a insisté le Grand Imam de la Grande Mosquée de Djingarey Ber, Abdrahamane Ben Essayouti, lors de la visite de courtoisie de M. Akodjénou à la Mosqué de Djingareyber
Les notabilités tombouctiennes ont été unanimes à critiquer la non-vulgarisation du document contenant les éléments proposés dans le cadre d’un Accord de paix.
Elles estiment que les populations au nom desquelles les parties ont engagé les pourparlers ont le droit d’en connaitre les grandes lignes et de suivre les étapesdu processus de paix. A ce sujet, M. Akodjenou a été clair : « la médiation ne peut se substituer aux parties à Alger en faisant la restitution à leur place. C’est inscrit dans la feuille de route qu’il est un devoir pour les négociateurs de rendre compte aux populations des résultats des pourparlers ».
Condamnant les rebellions répétitives qui déchirent le Mali, les notabilités ont plaidé en faveur d’une solution durable qui conduira à une paix globale et définitive. Toutes ont souligné la nécessité d’aboutir à un accord qui respecte l’intégrité territoriale, l’unicité et la laïcité du Mali, tout en reconnaissant les spécificités des régions.
La paix comme dénominateur commun
“ Nous sommes certains que les Nations Unies peuvent mener la barque à bon port.”, déclare le Grand Imam de la grande Mosquée de Djingarey Ber, Ben Abdrahamane Essayouti, manifestant sa confiance dans les efforts de la communauté internationale pour conduire les négociations vers un Accord de paix.
La Paix, tel est justement le dénominateur commun de toutes ces rencontres et discussions. C’est ce qu’explique M. Akodjénou : « paix, c’est le mot qui est revenu sans arrêt lors de ces débats. Les populations veulent la paix, elles sont fatiguées, elles parlent de leur frustration, de leurs difficultés. Les populations supplient leurs représentants ou ceux qui parlent en leur nom de faire les compromis nécessaires pour aller vers un Accord de paix. »
M. Akodejénou qui fera partie de la reprise des pourparlers à Alger, le 17 novembre, se veut raisonnablement optimiste. Nul doute qu’il aura a coeur de matérialiser cette aspiration tant attendue pour qu’enfin le Mali renoue avec la paix, la stabilité et le développement.