Le président ATT a reçu le week-end dernier le Col. Waqqi Ag Ossad et le Commandant Inackly Ag Back, deux officiers supérieurs touaregs rentrés de Libye, à la tête de 300 ex-combattants maliens aux côtés de Mouammar El Kadhafi. En recevant ces ex-combattants, ATT prouve sa bonne foi dans le règlement pacifique de la crise qui sévit au Nord du pays. Mais, la question qui brûle les lèvres est de savoir si ces ex-combattants qui sont revenus de la Libye avec armes et bagages respecteront leur engagement : celui de ne pas combattre l’armée régulière malienne.
Le Week-end dernier ATT a donc reçu à Koulouba une forte délégation de la communauté touarègue Imghad comprenant, entre autres, deux officiers supérieurs rentrés de Libye, le Col. Waqqi Ag Ossad et le Cdt Inackly Ag Back. De source officielle, cette rencontre s’inscrit en droite ligne de la politique de la main tendue du Chef de l’Etat qui, inlassablement, appelle au rassemblement de tous les fils du pays. En accueillant les "rentrés" de Libye encadrés par une forte délégation d’élus du Nord, le chef de l’Etat s’est félicité de leur démarche et a salué leur engagement à œuvrer aux côtés de leurs frères pour le développement, la paix et la sécurité au Nord.
Cette première rencontre au Palais de Koulouba, inimaginable il y a seulement quelques jours, constitue un réel motif de satisfaction pour le président ATT qui a exprimé sa gratitude aux leaders de la Communauté Imghad. En effet, ce sont eux qui ont facilité les contacts entre les autorités nationales et les hommes en armes revenus de Libye et qui, à ce titre, jouent un important rôle de médiateur.
Prenant la parole au nom des 300 militaires environ qu’il commande, le Col. Waqqi Ag Ossad a salué l’ouverture d’esprit du chef de l’Etat et de l’ensemble des autorités nationales impliquées dans la gestion de leur retour. «Nous sommes des officiers de l’armée libyenne et nous n’avons appris que le métier des armes..», a-t-il déclaré.
L’officier supérieur de l’ancienne armée libyenne a rassuré ses interlocuteurs en annonçant sans ambages : «…Nous nous mettons à la disposition de l’Etat malien avec tous nos moyens». Et d’ajouter : «… Nous sommes pressés de nous débarrasser du matériel que nous avons ramené de la Libye». Ce, avant de conclure : «Le Mali est un modèle de démocratie cité en exemple dans le monde entier. Notre unique doléance est que l’Etat renforce ses capacités au Nord pour asseoir durablement la paix».
Quel crédit doit-on accorder aux ex-combattants maliens revenus de la Libye et leur serment ?
Il n’y a pas à douter des paroles d’un homme qui vous parle la main sur le cœur. Surtout que les ex-combattants que le président ATT vient de recevoir à Koulouba, sont nos frères et nos concitoyens. Mais, il faut mettre un bémol, surtout qu’un adage dit que «c’est à l’œuvre qu’on reconnaît l’artisan». Ils ont certes promis de ne pas prendre leurs armes contre l’armée régulière malienne et ont en plus invité les autres groupes radicaux revenus eux aussi de la Libye à suivre leur exemple. Autant dire qu’ils sont prêts à être intégrés dans l’armée régulière. ATT sait bien que cela a aussi des conséquences et qu’à plusieurs reprises, les rebelles qui ont intégré l’armée nationale, ont fini par trahir pour regagner le maquis. Le cas le plus probant est celui de Ibrahim Ag Bahanga qui a finalement trouvé la mort. Le colonel Baba Ag Moussa Diarra, dit Bamoussa et beaucoup d’autres hommes de rang ont rejoint récemment le maquis, après avoir tout reçu de l’Etat. Et la liste n’est pas exhaustive.
On sait que la Communauté Imghad est la plus nombreuse des communautés touarègues au Mali. Elle est en effet présente dans les trois régions du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal) et vit dans une vaste zone qui va de Tinzza Ouaten (frontière algérienne) à Léré. Et on sait aussi que c’est dans ces trois régions surtout que règnent l’insécurité, les narco-trafiquants et les preneurs d’otages.
Si cette communauté tenait à ses engagements pris le week-end dernier à Koulouba devant Dieu et les hommes, cela permettrait à l’Etat malien de trouver des solutions idoines au problème d’insécurité dans le nord du pays. Au cas contraire, on ne le souhaite pas, il faudrait s’attendre au pire.
Ahmadou MAÏGA