Mesures sécuritaires algériennes contre Aqmi : Les populations du Nord Mali prises entre deux feux

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Les premières conséquences des mesures sécuritaires engagées par l’Etat algérien contre AQMI se font déjà ressentir au niveau des populations du Nord Mali : difficulté de ravitaillement en denrées alimentaires; violation du principe de la   libre circulation des personnes et des biens et surtout, résurgence du sentiment d’insécurité d’un autre type.

  Depuis l’attaque d’un poste de Gendarmerie de la Garde Frontière (GGF)  à la frontière malienne au début du mois de Juillet par des troupes d’AQMI ayant fait 11 morts, l’Etat algérien a décidé de mener les hostilités sur un autre front. Soupçonnant fortement les assaillants de provenir de la zone de TIZAWATEN au Mali, les militaires algériens, ont désormais les regards tournés vers leur voisin malien.  Des hélicoptères de combat patrouillent désormais dans la région, prêts à ouvrir le feu sur tous les véhicules suspects. Il s’agit en l’occurrence des véhicules tout terrain marque TOYOTA avec six cylindres, communément appelés "6", au Mali et " STATION " en Algérie. Ces machines sont couramment utilisées au Nord pour être adaptées à la nature du terrain. Elles sont autant utilisées par l’armée malienne, par les trafiquants, les rebelles, les combattants d’AQMI que par les populations civiles.  Elles sont réputées pour leur puissance et leur résistance dans le désert. Certains utilisateurs, les commerçants et trafiquants en l’occurrence, améliorent leur  conception d’origine afin de les rendre plus performantes, pour les besoin de la cause.

Ces négociants  et trafiquants jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement des villes du Nord généralement très loin des zones de productions au Mali et proches de l’Algérie et de la Mauritanie où ils se ravitaillent en divers produits de première (farine, lait, sucre, dattes, biscuits, boissons, carburants, lubrifiants…) et manufacturés (meubles, tapisseries, diverses pièces). En somme, la survie des populations ici dépend en grande partie de l’activité de ces commerçants d’un autre type.

Mais les autorités algériennes, elles, sont plutôt préoccupées par la question sécuritaire. En plus de l’interdiction des véhicules "6", elles se montrent intraitables par rapport à l’usage des téléphones satellitaires appelés "Thuraya", ces moyens de communication largement rependus dans le désert et, hélas, fréquemment utilisés par les assaillants au cours de leurs opérations. 

En définitive, l’armée algérienne a décidé d’ouvrir la chasse aux utilisateurs de ces moyens (véhicules 4X4-Toyota, 6 cylindres et téléphones satellitaires "Thuraya",) qu’elle soupçonne d’être également les combattants Al-Qaïda pour le Maghreb Islamique (AQMI).

Tout mouvement de ces types de véhicules en direction de l’Algérie est, par conséquent stoppé par le tir sans sommation des hélicoptères de combat qui sillonnent désormais la zone frontalière entre les deux pays.

Ces mesures extrêmes ont contraint certains commerçants maliens à se passer de téléphones "Thuraya" et du véhicule en question. D’autres ont préféré simplement arrêter leurs activités, accentuant ainsi la crise alimentaire déjà persistante et la conjoncture économique dans les régions concernées.

Nonobstant l’urgence de la situation, Bamako s’abstient de réagir. Rappelons que le président malien a donné son feu vert à l’Algérie de poursuivre les assaillants sur son territoire.  Les populations sont visiblement prises en tenailles.

Baba Ahmed et B.S. Diarra

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