La date du 08 août devrait être inscrite en lettres d’or dans les annales du processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Elle marque en effet la date de la publication d’un Rapport d’experts de l’ONU désignant nommément des personnes censées entraver la mise en œuvre dudit Accord. Ces personnes, selon le Rapport de l’ONU, se seraient rendues coupables de violations de droit de l’homme au Mali ou ont été surpris en flagrant délit de connivence avec les jihado-islamistes qui écument le Nord du Pays.
« L’absence de respect des engagements librement consentis par chacune des parties maliennes dans le cadre de la feuille de route ne saurait rester sans conséquence. Chacun doit en être conscient, à tous les niveaux », a averti Anne Gueguen.
La feuille de route adoptée au printemps par les parties maliennes prévoit une application des engagements au plus tard début mars 2019.
La position de la Russie ou de la Chine sur des sanctions individuelles, y compris pour des chefs de groupes armés, reste toutefois incertaine. Ces pays avaient exprimé il y a un an des réserves lors de la création, à l’initiative de Paris, d’un régime général de sanctions pour le Mali. Le Comité de sanctions, où siègent les 15 membres du Conseil de sécurité, doit être unanime pour punir des personnes ou des entités.
Dans un rapport datant du 8 août, des experts de l’ONU chargés du Mali ciblent des membres de parties signataires de l’accord de paix, notamment Alkassoum Ag Abdoulaye, chef d’état-major de la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA), accusé d’avoir participé à deux attaques contre les forces armées maliennes en 2017 et 2018. Le document cite aussi un autre dirigeant de la CPA, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, soupçonné aussi de contrevenir à l’accord de paix.
Dans son rapport, le groupe d’experts recommande que le comité de sanctions de l’ONU créé pour le Mali « envisage sans tarder, aux fins de l’application de mesures ciblées, la désignation de personnes et d’entités se livrant ou apportant leur appui à des activités ou politiques qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité ».
Des sanctions individuelles prendraient la forme d’interdiction de voyages et de gels d’avoirs.
Les experts pointent aussi dans leur rapport « une répétition inquiétante de violations des droits de l’homme des civils par des forces de sécurité lors d’opérations contre des terroristes ». Bamako a reconnu des dérives.
Bokoum Abdoul Momini