La crise enclenchée après les attaques contre des casees menées le 23 mai deier semble être dépassée après la signature d”un accord entre les deux parties à Alger. Un médiateur algérien cité par une agence de presse étrangère a annoncé la conclusion d”une “paix des braves” entre les deux parties qui ont paraphé un document dans la capitale algérienne.
L”accord prend acte du souci du gouveement malien, partagé d”ailleurs par l”Algérie, de refuser toutes mesures pouvant porter atteinte à l”unité du pays. En contrepartie, l”accord répond aux demandes des rebelles touaregs à travers des engagements en matière socio-économique pour les régions touchées par le récent mouvement de rébellion. “Nous avons effectivement paraphé un document pour faire la paix, et nous retouons vers notre base pour commencer une campagne d”explication du texte”, a indiqué un membre de la délégation des ex-rebelles contacté par téléphone. La délégation du gouveement malien à Alger conduite par le ministre de l”Administration territoriale, le général Kafougouna Koné, a regagné Bamako jeudi.
Les premières indications sur la teneur de l”accord confirment que le pacte national signé en avril 1992 entre le gouveement malien et le mouvement unifié des Azawad a servi de référence incontouable. Le pacte national de 1992 est largement fondé sur un équilibre entre le besoin d”asseoir l”unité nationale d”une part et le souci d”un partage plus équitable en matière socio-économique. L”intégration des anciens rebelles dans l”armée malienne constituant un gage d”une stabilisation. Il était donc naturel que ce pacte serve de référence pour les deux parties mais également pour la médiation algérienne. La chose en était d”autant plus facilitée que l”exigence d”un “statut spécial” lancée par les rebelles après les opérations contre des camps militaires à Kidal et Menaka se fondent sur une certaine frustration à l”égard de ce qu”ils considèrent comme une “non application” des engagements contenus dans le pacte.
On est donc dans une réaffirmation des accords de 1992 puisque, selon le médiateur algérien cité par l”AFP, “les ex-rebelles touaregs ne réclament plus l”autonomie pour leur région (…) tandis que le gouveement malien s”engage à accélérer le développement des trois régions du nord du Mali” (Kidal, Gao et Tombouctou). Cet accord a été confirmé par le gouveement malien et des membres de la délégation des touaregs. Le gouveement malien ne peut se satisfaire de l”abandon des revendications autonomistes ou d”un statut spécial mais la contrepartie est bien d”accorder une attention plus grande au développement.
L”accord prévoit également – comme ce fut le cas en 1992 – que le principe d”un retour “sécurisé des militaires touaregs déserteurs dans les rangs est acquis” et la restitution des armes emportées par les mutins après les attaques contre les casees. “L”Algérie mettra tout son poids dans la balance pour que ces armes reviennent dans les casees”, a indiqué une source algérienne. Mais si les militaires entrés en rébellion sont réintégrés, la restitution des armes va de soi.
En réalité, le médiateur algérien se retrouve garant de l”ensemble des dispositifs et ce ne sera pas partie facile. S”il est aisé de suivre la réintégration des militaires ex-rebelles et même la restitution des armes, il en sera de même – et ce sera le plus difficile – pour les engagements en matière de développement.
Le gouveement malien qui se souvient avec une légitime inquiétude de la rébellion du début des années 90, résolue grâce à l”aide de l”Algérie, a en principe tout intérêt à considérer qu”une politique économique plus volontariste dans ces régions cimentera davantage l”unité du pays. Car, en définitive, c”est de cette question que dépend la solidité de l”arrangement.
Par M. Saâdoune – Quotidien Oran