Médiation de la crise du Nord malien: Alger remplacera Ouaga

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Signature d’accords entre le Mali et la Mauritanie
Signature d’accords entre le Mali et la Mauritanie

Exit donc la Cedeao et son médiateur attitré Blaise Compaoré ? Ce ne sera pas si cruellement ressenti. Alger, Mecque un moment mise à l’écart de la médiation des différentes crises qui ont secoué le nord malien à partir de 1990 revient en force. Mais, les sources proches du dossier précisent qu’Alger se chargera d’arrondir les angles avec Ouaga et tiendra Compaoré informé des progrès de sa médiation avec les groupes signataires de l’accord du 18 juin 2013. L’Etat malien aussi, sans doute, à en juger par les remerciements que, dans son message de nouvel an, le président Ibrahim Boubacar Kéita a adressés à son homologue pour ses efforts dans la résolution de la crise malienne. Comme pour passer l’éponge sur l’épisode de ce 25 octobre, en marge d’une réunion de la Cedeao, le président Keita dut recadrer Compaoré quand celui-ci osa parler « d’Azawad ». « Il n’y a pas d’Azawad, il n’y a que le Mali » martela le Président malien.

 

 

Ce qu’Alger va faire

Le président Keita, on s’en souvient, tiendra quelques semaines plus tard, et dans la presse française des propos qui interpellaient la France taxée par Bamako de sympathie Pro-Mnla manifeste. En d’autre termes, de travailler à la partition du Mali. Alger reprend la main et est déjà au charbon. Premier acte  de la négociation: une délégation du Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa) vient de séjourner dans la capitale algérienne qui est aussi en contact avec le Haut Conseil Unifié de l’Azawad (Hcua) dont il est très familier de la direction. Transfuges de l’Ansardine d’Iyad Ag Ali, les principaux responsables du Hcua connaissent bien Alger qui les ont pratiqués tant durant la récente guerre du Nord que lors des rébellions précédentes.

 

 

Reste le Mnla dont on dit qu’il n’a jamais été véritablement la tasse de thé des Algériens. Mais le mouvement du colonel Ag Nagim n’a pas de grandes libertés de manœuvre. « Paris est fatigué de ses enfantillages » croit savoir un proche du dossier alors que Ouaga tient à l’application de l’accord portant son nom et dont les signataires –Mnla, Hcua et autres groupes armés- reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali et acceptent le cantonnement. Ce qui ne fut pas le cas jusque-là. Bamako avait  d’ailleurs ironiquement rappelé que « c’étaient plutôt les forces maliennes qui étaient cantonnées ». Alger, maître d’œuvre du Pacte national de 1992 et de l’accord d’Alger de 2006 connaît la musique et surtout les musiciens. Il a mission de rallier les fauteurs de guerre à la paix. Le seul hic, pour certains observateurs, est qu’Alger fait plus partie du problème du Nord malien que de sa solution. Mais qui peut le plus peut le moins.

 

 

Réinsertion ?

Après la démobilisation, la réinsertion ? Le rapport de Ban ki Moon en date du 2 janvier rappelle que les groupes  armés signataires de l’accord de Ouaga estiment leur effectif à 9088 combattants. La rue bamakoise ne pense pas une seconde que ces combattants seront une fois de plus intégrés à l’armée malienne. Le leadership malien aussi ne manquera pas de tirer les expériences des réinsertions passées. Rien ne dit alors que ces expériences seront rééditées. Alger fera ce qu’il pourra pour qu’un compromis soit trouvé. Mais pour notre source, c’est à la Minusma que sera refilé le lourd bébé. Or la Minusma n’a pas les meilleurs rapports avec le gouvernement malien qui l’a critiqué, il y a peu, sur l’affaire de Kidal où elle n’a pas pu maintenir l’ordre afin que l’avion du Premier ministre Oumar Tatam Ly puisse y atterrir.

 

 

La semaine dernière, le chef de la Minusma a mis les points sur les i lors d’une conférence de presse. Sa hiérarchie le soutient manifestement ; à en juger par les compliments que lui adresse Ban Ki Moon dans son rapport du 2 janvier. Et puis, fait sans précédent, les ministres des 15 pays membres du Conseil de Sécurité seront à Bamako début février. Il est fort probable que la médiation propose que  les troupes démobilisées soient utilisées dans une dynamique de sécurité collective comme « gardes municipaux » dans les régions Nord où elles seront en première ligne dans la bataille contre les groupes jihadistes. Ce sera à négocier. Et ce n’est pas gagné d’avance.

Adam Thiam

 

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15 COMMENTAIRES

  1. On ne sait toujours pas ce que veulent exactement les gens qui s’agitent à KIDAL..Autonomie?..Pouvoir décentralisé ?

  2. Alger et Ouagadougou doivent travailler ensemble pour aider notre faso a’ retrouver la paix et la securite’!La collaboration est necessaire pour les raisons suivantes:
    – Les deux pays sont parmi les etats du champ.
    – Ouagadougou represente la CEDEAO et l’Afrique Noire
    – Alger represente le Maghreb et le monde arabo-berbere.
    (J’aurais prefere’ ne pas parler d’Afrique Noire v. Monde Arabo-berbere MAIS NOUS SOMMES OBLIGE’S DE RECONNAITRE QUE L’ASPECT IDENTITAIRE/RACIAL S’EST INVITE’ A’ LA TABLE DES NEGOCIATIONS.)
    Ce que je conseillerais a’ IBK est de connaitre que la marge de manoeuvre du Mali est reduite.Le choix est probablement entre deux maux.
    1- S’il ne signe pas un accord de defense avec la France, la DGSE de Sarko dira:Voila comment on nous paie. Elle peut pousser Hollande dans un sens qui n’est pas bon pour le Mali (SITUATION AVANT SERVAL).
    2- S’il signe, l’Algerie peut creer et maintenir une guerre semblable a’ celle impose’e au Maroc au Sahara.
    ECOUTONS LA FRANCE ET LES USA!

  3. Ouagadougou ou ailleurs la respect Des frontieres culturelles entre les enfants du Mali est le Seul et UNIQUE prealable efficace a une paix durable dans notre PAYS ,cette reconnaissances de l’un par l’autre sans contrainte en dehors de toutes unilateralisme politique est plus efficace a vivre ensemble plutot qu’une integration mal concue et mal compris..

  4. Réinsérer ces terroristes recyclés et bandits armée dans notre armée il faut s’attendre à un nouveau conflit dans 10 ans. Tout sauf la réinsertion ce sont des gens sans honneur il ne faut pas oublier cela.

  5. Koro Thiam, selon tes propos ou est l’utilite de negocier alors? 🙄 , surtout que ce meme Algerie est un couteau a double trenchant et un serpent a 2 tetes. Certainement l’Algerie va jouer un grand role car beaucoup de ses rats viennent de la bas et supporter a cette derniere. En tout cas les negociations ne seront comme avant avec ladji bourama et son gouvernement. Du moins je l’espere bien.

  6. ????”Il est fort probable que la médiation propose que les troupes démobilisées soient utilisées dans une dynamique de sécurité collective comme « gardes municipaux » dans les régions Nord où elles seront en première ligne dans la bataille contre les groupes jihadistes.”??????? MAIS Mr THIAM, N’EST CE PAS CE MEME SCHEMA QUI NOUS A CONDUIT A LA DEMILITARISATION DU NORD?

  7. EN TOUT CAS,ON POURRA PAS SE FOCALISER SUR UNE QUELCONQUE MEDIATION POUR RESOUDRE CE CONFLIT.TANT QUE NOTRE PAYS NE SERA PAS DOTE D’UNE ARMEE REPUBLICAINE DIGNE DU NOM,ON POURRA JAMAIS VENIR AU BOUT DE CES SEPARATISTES.ON NEGOCIE POUR FAIRE PASSER DU TEMPS,MAIS APRES,LE PROBLEME RESURGIRA.
    C’EST PAS POUR RIEN,QU’APRES L’ATTAQUE DE L’ALLEMAGNE NAZI CONTRE LA FRANCE,QUE CETTE DERNIERE A CHERCHER COUTE A COUTE A RENFORCE SA DEFENSE NATIONALE,EN METTANT L’ACCENT SUR LA FORMATION DE CES SOLDATS,MAIS AUSSI EN LEUR DOTANT D’OUTILS MODERNE DE QUALITE.

  8. NUL N'EST AU DESSUS DE LA LOI - LE PRESIDENT IBK INTERPELLE SUR LE CAS DES 263 FONCTIONNAIRES RADIES

    “Il est fort probable que la médiation propose que les troupes démobilisées soient utilisées dans une dynamique de sécurité collective comme « gardes municipaux » dans les régions Nord où elles seront en première ligne dans la bataille contre les groupes jihadistes. Ce sera à négocier. Et ce n’est pas gagné d’avance” 😆 😆 😆 😆 😆 :lol:Koro Adam, si cette option est reellement envisagee alors mieux vaut ne pas negocier 😆 😆 😆 Utiliser ces memes hommes,qui ont fait souffrir le pays, dans leur fief pour securiser le territoire est comme confier une chevre a une hyene.

  9. merci Adam pour tes analyses pertinentes, mais il ne serait pas inutile, même si on le devine, d’affirmer que nous revenons à la case de départ voire plus loin! L’Algérie reprend la main pour le seul intérêt de l’Algérie, rehausser une image écornée par son attitude peu convaincante lors de la crise malienne. Le contenu d’un accord éventuel entre le gouvernement malien et les groupes armées ne sera déterminé que par les seuls maliens! Sans être pessimiste, cet accord ne se distinguera des précédents que dans le choix des termes! en effet, les gardes municipaux que vous évoquez ne sont qu’une interprétation des unités spéciales dans l’accord d’Alger de 2006 avec la mission de sécuriser les villes. IBK doit méditer sur cet adage africain qui dit que: celui qui n’a pas traverser l’autre rive, ne dois pas se moquer de celui qui se noie! Attendons les conclusions du voyage en Algérie du “Vieux Lion”! Bonne prière à tous!

    • Tout a fais d accord avec toi camarade il ne fout pas que les malienne oubli l accord d alge en 2006 et sa ne me plais pas du tout l Algérie comme médiateur 🙄

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