Mauritanie : Les refugiés maliens au bord de l’implosion

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Pendant que le ministre Adama Ouane et sa délégation bouclaient une tournée sur les sites d’hébergement du Burkina Faso, dans les localités de Férrério et de Gandafabou où vivent 28 696 refugiés maliens, du côté Nord-est de la Mauritanie où les civils ont fui les violences au Mali, c’est le sauve-qui-peut général au niveau du camp de Mbéré. Ces refugiés maliens souffrent surtout de blessures physiques et de troubles psychologiques. 

 Au Camp des refugiés de la localité de Mbéré, au Nord-est de la Mauritanie, les militants du Croissant Rouge s’efforcent d’alléger leurs souffrances et de réduire les complications dues à leur situation psychologique. Mais leurs efforts ne sont toujours pas suffisants. « Un nombre inconnu de femmes et d’hommes sont aujourd’hui sans abri du fait de la guerre, et personne ne sait ce qu’il est advenu d’eux »,  explique Ould Ibrahim, un ressortissant de Tombouctou qui vient de quitter la Mauritanie pour regagner la capitale malienne. Il ajoute : « Durant les bombardements, les gens se sont enfuis dans plusieurs directions, notamment les habitants partis à l’étranger ou qui participaient à des voyages d’affaires spéciaux en dehors de Tombouctou ». Depuis le début de la crise, au moins une centaine de garçons et de filles sans abri sur ce site ne savent rien du sort de leurs parents suite à la panique causée par les attaques répétées dans les villes du Nord du Mali. Mais la plupart des victimes de ce camp, qui ont perdu leurs familles, sont originaires de Tombouctou et Monké, dans le Nord du pays. A en croire notre source, ils sont encore en vie grâce à des voisins et des proches qui les ont évacués après que les rebelles aient lancé l’assaut contre ces deux villes. En plus des enfants déplacés, certains proches des réfugiés auraient été assassinés par des membres d’AQMI et d’Ansar al-Din. Certains réfugiés au niveau de ce camp témoignent qu’AQMI a exécuté plusieurs personnes sans qu’aucune accusation n’ait été retenue contre elles. « Les gens ont fui l’organisation lorsqu’elle est entrée dans Tombouctou et Leyra parce que la plupart d’entre eux avaient peur. Ils ont abandonné leurs maisons et leur argent et ont fui le pays », indique Ould Ibrahim tout en précisant que  certains sont même morts, dans des circonstances mystérieuses, non loin de la frontière algérienne. Ould Ibrahim rapporte les propos de Fatima, une réfugiée qui explique que …des membres d’AQMI ont abattu son père devant ses propres yeux ! Selon lui, la jeune dame (Fatima) a expliqué que son père était connu pour son opposition aux activités terroristes d’AQMI et  qualifiait souvent leur idéologie « d’extrémiste ». Et Ould Ibrahim, d’ajouter : « Selon cette dame, des membres de l’organisation l’ont d’abord enlevé pour lui faire peur. Mais voyant que cela ne le  faisait pas changer d’avis à leur sujet, ils l’ont exécuté ».

Selon d’autres sources, la relation psychologique de cette crise est d’une nature différente. Les camps de réfugiés sont remplis de personnes ayant subi des pertes au profit d’AQMI. Notre source rapporte : « Mohamed Ali a perdu son fils Ahmed Ould Mohamed Ali lorsque celui-ci a été tué par AQMI qui l’accusait d’espionnage au profit de l’armée malienne. La famille d’Abou Bakr Ould Hamed est un autre exemple : enlevé à Tombouctou dans des circonstances mystérieuses par le groupe terroriste, il avait été relâché par la suite. Mais il est aujourd’hui recherché par les services de sécurité mauritaniens ». Et de poursuivre : « Il y a également les familles de certains responsables, comme le Colonel Hama tué par le groupe terroriste ». Face à ces dures épreuves, les médecins au camp de réfugiés de Mbéré expliquent sur les médias internationaux que les personnes déplacées connaissent de grandes difficultés à gérer les traumatismes psychologiques engendrés par la guerre. « Certains réfugiés qui connaissent une situation psychologique particulièrement difficile suite au cycle de la terreur ont aujourd’hui instamment besoin de plus d’assistance et de programmes de soutien psychologique », fait savoir le médecin Oumar Ould Mohamed sur le site de Mbéré. Mais au-delà des problèmes mentaux, les réfugiés sont quotidiennement confrontés à des difficultés matérielles. Et selon des témoignages, la vie quotidienne dans le camp a un fort impact sur la santé mentale des refugiés. Certains vont jusqu’à expliquer que les réfugiés qui sont récemment arrivés n’ont obtenu ni tente ni ration alimentaire quotidienne. En attendant, la plupart d’entre eux sont favorables à l’intégrité territoriale du Mali et rejettent tout appel au séparatisme vis-à-vis du régime de Bamako.

Jean Pierre James

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1 commentaire

  1. Ne m’abreuve pas de l’eau de la vie avec humiliation, Mais abreuve-moi avec honneur un verre de coloquinte

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