Marchés de réhabilitation des infrastructures du nord : L’AGETIPE sur le banc des accusés

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Après la guerre de libération du nord du Mali, place à la réhabilitation des infrastructures pour le retour de l’administration et des services de base. Comme maître d’ouvrage délégué des projets d’utilité publique, l’Agence d’exécution des travaux d’intérêts publics pour l’emploi (AGETIPE) est au centre de la passation des marchés de réhabilitation des régions de Kidal et Gao. Des entreprises soumissionnaires qui voyaient en l’Agence un arbitre n’ayant pas droit au parti-pris, sont nombreuses à se désenchanter.  Certaines de ces entreprises crient à la corruption et au versement de pot de vin pour bénéficier de marchés de réalisation des infrastructures et de fourniture de matériels bureautiques. On parle de 20 jusqu’à 30 % du montant du marché que l’entreprise postulante devrait verser à l’AGETIPE. En ligne de mire de certains malheureux soumissionnaires, le Directeur général de la structure et deux de ses proches collaborateurs, à savoir, le directeur administratif et financier, le directeur technique et le Directeur des ressources humaines et juridiques, qui fouleraient aux pieds les fondamentaux de la procédure de passation des marchés publics. Une accusation que la direction de l’AGETIPE rejette.

 

Ceux qui passent pour des victimes dans la procédure de passation des marchés de réhabilitation des infrastructures du nord, reprochent au Directeur général de l’agence, de profiter de l’attribution de ces marchés, dont il a la charge, pour faire fortune.

Selon les présumés victimes de l’Agence, c’est-à-dire des entreprises qui seraient victimes de spoliation pour ne s’être pas prêtées aux règles arbitraires de la corruption, le mode opératoire du Directeur général et ses proches collaborateurs, serait « le profit systématique pour satisfaire leur gourmandise.  Ils portent atteinte à l’article 118 du décret n°08-485/P-RM du 11 aout 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public en République du Mali, qui stipule que toute personne intervenant, à quelque titre que ce soit, dans la chaîne de passation des marchés publics et des délégations de service publics est passible « de sanctions notamment dans les cas suivants : a) procurer ou tenter de procurer un avantage anormal à un candidat ; b) intervenir à un stade quelconque dans l’attribution d’un marché, d’une délégation de service public ou d’un contrat de partenariat à une entreprise dans laquelle ils ont pris ou conservé un intérêt… ». En lieu et place du respect strict de ce principe sacro-saint en matière de l’attribution des marchés publics qui veut que le marché soit attribué au mieux-disant, la direction de l’AGETIPE a opté pour la loi du plus court chemin, souligne le promoteur d’une entreprise éliminée. Peu importe, poursuit-il, que l’entreprise ait la qualité et l’expérience requises ou pas.

2014, année de paradoxe ?

On ne sait plus sous quel signe passerait 2014. Année de paradoxe ou de lutte contre la corruption ? On se rappelle que le Président de la République avait  officiellement déclaré 2014, « année de lutte contre la corruption », d’où une forte interpellation des autorités du pays à se ressaisir pendant qu’il est encore temps. Car si les bonnes entreprises sont éliminées au profit des moins bonnes,  c’est l’exécution correcte des travaux qui sera en cause. Face à ces graves accusations, contactée la direction de l’AGETIPE a réagi à travers son Directeur des Ressources humaines et juridiques, Sékou Coulibaly, qui nous a confié sa version des faits.

La Direction de l’AGETIPE rejette

En l’absence du Directeur général de l’AGETIPE au moment de notre passage, c’est le Directeur des Ressources humaines et juridiques, qui nous a reçu au siège de l’Agence à l’ACI 2000. Sékou Coulibaly qui s’est montré très disponible, s’est prêté à toutes nos questions. A l’en croire, les marchés dont il est question, ont été attribués depuis le mois de mars 2014, et sont pour la plupart exécutés à 80%. Par conséquent, s’interroge Sékou Coulibaly, « pourquoi les entreprises présumés exclues ont-elles attendu aujourd’hui pour broncher alors qu’il y’a une autorité de régulation des marchés qui planche en la matière dans un délai très rapide ? ». Selon lui, l’accusation desdites victimes est totalement infondée. « Je défie toutes les entreprises qui s’estiment exclues des marchés pour n’avoir pas versé les 30% des montants du marché, à venir indexer le responsable de l’AGETIPE qui leur a demandé ce montant pour qu’il ait le marché»,  a lancé le Directeur des Ressources humaines. Mieux, poursuit-il, dans le souci de transparence totale dans l’attribution des marchés, les demandes d’offre des marchés sont examinées par deux commissions totalement indépendantes, à savoir la commission d’analyse qui fait des propositions d’adjudications soumises à l’approbation de la commission des marchés. Après examen, cette commission attribue le marché à l’entreprise la mieux disante sur le plan technique et financier. Selon lui, après l’attribution des marchés, la direction de l’AGETIPE écrit à toutes les entreprises non retenues pour leur expliquer les raisons pour lesquelles elles n’ont pas été retenues.

Youssouf Z KEITA

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