Cette entreprise destructrice tire sa racine de la conférence de Berlin entre le 15 novembre 1884 et le 26 février 1885. Elle avait été convoquée à l’initiative du Portugal et organisée par l’Allemagne du chancelier Ottovon Bismark. Elle a regroupé outre l’Allemagne et le Portugal, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire Ottoman, l’Espagne, la France, la Grande Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Russie, la Suède-Norvège, ainsi que les Etats-Unis.C’est cette conférence qui a mis à la liberté des africains et édicté les règles officielles de la colonisation consacrée par le partage systématique des territoires entre les Puissances colonisatrices. N’est ce pas que c’est ce partage qui fait encore foi ? En tous les cas les faits ne nous démentiront pas si l’on se réfère à notre propre histoire actuelle.
La faiblesse des Songhoï, principale cause de la confusion !
En fait, si l’on s’en tient à l’histoire pure et dure, l’espace géographique appelé par les idéologues français de la rébellion actuelle et leurs acolytes du MNLA “Azawad” concerne le même territoire politique, administratif et juridique légué en héritage par l’Empire Songhaï. Or, l’histoire retient que la brillante civilisation qui s’y était est l’œuvre exclusive des Songhaï, avec l’ancêtre Sony Aly Ber, le fondateur de l’Empire. Ce grand souverain songhaï est lui-même 15ème descendant de la dynastie des Sonny. Il a hérité d’un territoire sous domination mandingue. Son accession au trône coïncida avec l’affaiblissement du Mandé. Très entreprenant, il réorganise son armée et se lance dans la conquête de la toute partie septentrionale de l’héritage manding. Il repoussa les attaques du Moro Naba et les Dogons, assiège Djénné au bord du Sankarani. Il finit par prendre la ville. Durant son règne, il bâti le 3ème grand Empire médiéval après le Manding et le Ghana dans le Soudan occidental.A sa mort, les héritiers n’ont pas réussi à tenir haut le flambeau comme lui. L’Empire périclita progressivement jusqu’à l’avènement d’Askia Mohamed au pouvoir.Celui-ci voyant le rayonnement de l’Empire se dégrader, a usurpé du pouvoir pour rétablir sa renommée. Il repoussa les limites territoriales de l’Empire et marquera de son empreint le rayonnement culturel, en redonnant aux érudits musulmans toute leur importance. Il favorisa l’éclosion de l’intelligentsia à Tombouctou, qui était à l’état embryonnaire sous les Empires précédents.
C’est ainsi que Tombouctou devient l’une des principales pôles d’attraction des grands érudits du Moyen âge, qui vont contribuer au rayonnement de l’Université de Tombouctou. Certains grands érudits originaires de la ville, comme Hamed Baba et Mohamed Bagayoko, connaîtront de grand succès. Leurs renommés vont dépasser les frontières de l’Empire, au point d’influer les grands érudits marocains et mêmes les souverains du Royaume chérifien. Ceux-ci vont entreprendre la conquête de ce territoire. Même longtemps après la mort de l’empereur Askia Mohamed, les marocains seront buttés à une forte résistance songhaï. Mais finalement à la bataille de Tondibi, ils finiront par arriver au bout de la forte résistance des combattants songhaïs. Après leur victoire, ils procédèrent à la déportation de toute l’intelligentsia tombouctienne au Maroc. L’histoire retient que certains érudits, comme Ahmed Baba et Mohamed Bagayoko, ont été emportés manu militari.
Les songhaïs sont donc restés sous domination marocaine, jusqu’à l’arrivée du colonisateur. C’est cette histoire que l’intelligentsia française en complicité avec le milieu d’affaires français veulent falsifier sous nos yeux.
Lutte pour ‘’Azawad’’, un faux combat !
Le tableau qui se dessine n’est ni plus ni moins qu’une tentative de réécriture de l’histoire pour donner au nouveau concept « Azawad » un rôle historique dans le septentrion de notre pays. Or de mémoire des Maliens encore moins des chercheurs (historiens, anthropologues, linguistes, comme sociologues, etc.) jamais ce concept n’a représenté un Etat, fut-il embryonnaire dans cette partie du Monde. Les descendants des conquérants marocains sont plus fondés à revendiquer un héritage historique que les touaregs. La seule figure que l’histoire retient des touaregs est Firhoune. Celui-là aussi est plus connu dans la guerre anti coloniale que territoriale. Mais, cette question est si complexe et glissante qu’il vaut mieux ne pas s’y aventurer pour ne pas aller sur le terrain que l’intelligentsia française veut nous emmener. Il s’agit de créer de toute pièce une crise identitaire qui peut facilement entrainer un pays dans la guerre civile.
Il appartient donc à nos autorités de réorganiser sa communication pour permettre aux intellectuels et chercheurs de prendre à son compte l’initiative du débat. Il faut que les Universitaires maliens jouent toute leur partition dans ce qu’il convient de qualifier de falsification de l’histoire derrière laquelle se cache une guerre économique qui ne dit pas son nom. Tel que les idéologues de la rébellion tracent la carte du pseudo « Etat de l’Azawad », qui va des frontières algérienne, mauritanien, nigérienne et burkinabé à Mopti, il va s’en dire que la France veut s’approprier de toutes les ressources minières et hydriques de cette partie de notre territoire. On comprend pourquoi, elle fait tout pour dissuader les arabes à financer le Barrage de Taoussa. On se rappelle que lors des deux tables rondes organisées par la Banque Islamique de Développement (BID) à Djeddah en 2005 et 2008 sur la mobilisation du financement du barrage, le représentant français aux deux réunions faisait le lobbying pour décourager les bailleurs. Ils ont su allier à leur cause la Banque mondiale. Celle-ci soutenait plutôt le renforcement de la production électrique au Nigéria que la construction des barrages de Taoussa au Mali et Kandadji au Niger. Il faut signaler que c’est le Nigéria qui approvisionne le Niger en électricité. Celui-ci veut aujourd’hui s’affranchir de cette dépendance.
A défaut d’empêcher la mobilisation du financement, on peut interrompre les travaux par la guerre. N’est-ce pas la politique française en soutenant le MNLA dans son projet de déstabilisation du septentrion de notre pays après le lancement du chantier du Barrage de Taoussa, par ATT en 2011 ? L’avenir nous en dira plus.
Mohamed A. Diakité
M. Diakité,toute cette opération de réécriture de l’histoire ,en fait une story telling qui vise à légitimer la lutte du MNLA en lui donnant un fondement historique afin d’arriver à une situation à la mauritanienne ,est en partie imputable aux régimes successifs maliens. Il suffit pour s’en convaincre de suivre les programmes de l’ORTM,à croire qu”il n’y a eu au Mali que l’empire du mande alors que de tous les empires qui sont nés dans cette zone l’empire songhay à été le plus puissant et le plus étendu spatialement.En outre,il faut que vous sachiez que vôtre affirmation suivant laquelle les songhay sont restés sous domination marocaine jusque à l’arrivée du colon français est totalement erronée. Si la bataille de tondibi, près de gao, en 1591 qui a sonné le glas de l’empire songhay signe le début de ‘influence marocaine,celle ci a été de très courte durée et limitée à des régions comme tombouctou et gao. Toute la zone des songhay des montagnes ( hombory, tchikara , al mina etc),ceux d’arbinda,nassoumbou,tigne,ceux du zarma ganda (actuel niger ) et ceux du dendi (nord du bénin actuel) n’a aucunement subie l’influence marocaine. En outre.je profite de ce post pour dire que contrairement à une légende répandue, le patronyme TOURÉ n’est pas d’origine larbou ( arabe ),il n’est que la déformation de Toureye pluriel de touri (arbre ) donc un nom de dérision attribué à Mohamed l’assoukiya ( en fait «a ma soukiya »par déformation askia: dont on ne declamera pas le nom) soutenu par les oulémas de tombouctou ( ennemis jurés de son prédécesseur le Dali sonni Ali ) d’où le panégyrique ironique ayant donné naissance au nom TOURÉ « touri ga sou touri haamni n’gh’an» (l’arbre qui ne mange pas pas de la poudre magique végétale) pour souligner l’origine païenne de la nouvelle dynastie,pas si nouvelle que cela puisque Mohamed n’est que le neveu par sa mère de sonni Ali. Sinon le nom patronymique de la famille royale en pays songhay à toujours été MAIGA comme le souligne à juste titre l’historien malien SEKENE MODY SISSOKO dans son ouvrage consacré au royaume de GAO
De toute façon, histoire ou pas, voici, ce que veut dire AZAWAD aujourd’hui car personne ne peut mieux parler d’AZAWAD que l’AZAWAD lui même
UN POEME : KIDAL PARLE AU MALI
(Kidal si triste parle enfin au Mali mais pour qui ?)
« Plongée dans la nuit noire, nuit noire, aussi noire comme l’obscurité de la tombe,
Ma tombe qu’ils veulent m’y enfoncer par leurs cœurs de méchants et d’opportunistes,
Grelottant si lourdement, pas par ce froid aigri mais, mais par leur volonté malsaine,
Leur volonté si bien animée par cette haine sans fondement contre toi
Pour les rendre si aveugle par le fait de leur orgueil exacerbé, irrationnel
Je suis ta Kidal, ta région si lointaine aujourd’hui de ta chaleur maternelle,
Ta fille de moi Kidal qui te pleure, qui te pleure ma chère mère, mon Mali !
Je suis Kidal, ta région du fonds de ce désert, ce désert chaotique qui te réclame,
Qui te réclame tes camions remplis de vivre et de tes enfants du Sud
Sans lesquels, je ne saurai exister ou tenir jusqu’à cette date qu’ils ont voulu,
Qu’ils ont voulu me jeter dans cette nuit noire pour que je te réclame aujourd’hui
Haut et fort puisque me voyant vider de mes fils, tes fils,
Ces dignes fils de toi, tout comme moi, qui ne savent où aller ou que faire
Puisque ne sachant comment se défaire d’eux puisque armés contre eux.
Je suis ta Kidal, l’orpheline abandonnée dans ce désert brulant par ce soleil révolté
Qui vagit comme cet enfant affamé, assoiffé, aux lèvres sèches, les yeux hagards
Devant les seins flasques, sans lait de sa mère mourante sur ce désert !
Kidal, je le suis ! Kidal, je le serai de toi, chère mère « Maliba »,
Toi qui as toujours su me dompter, toi qui m’a tant nourri de tes seins si doux !
Je suis ta ville de Kidal qui veut tes enfants travailleurs pour moi
Pour que je vive encore sous le rythme de mon takamba et du tinden non aigris.
Je ne suis pas cette Kidal de la haine pour la couleur de la peau
Sinon, je n’allais pas être ce mélange salué par la Culture Universelle
Où j’ai des Coulibaly, des Keita, des Soumahoro….. issus de mon brassage !
Je ne suis pas cette Kidal du contre Dieu, l’Unique, l’Absolu
Pour s’anéantir avec ces bombes, tuant de surcroit ces innocents qui n’ont rien fait
Au nom de l’extrémisme jamais dictée par le Prophète, le Dernier paraclet de Lui Dieu,
Non, je ne suis pas ces Kidal chantées par eux pour leurs buts personnels malsains.
Je suis cette Kidal de Toi, mon Mali Unique et envié du Monde entier par ce cousinage inégalé,
Ce Mali du Peulhs sur le dos du bwa, du sonrhaï sur la tète du dogon,
Du bellah ami du touareg, du senoufou esclave du Minianka, du, du ……..
Hum ! Du coulibaly et ses Keïta, du Maiga et ses Touré, du Diarra et ses Traoré,
Du Monékata et ses Diabaté, du Diallo et ses Fané et Ballo et vis-versa, du, du……
Oui, Je suis cette Kidal de tes biennales où le brassage m’a permis
La connexion aux autres, les autres à moi où l’on ne parlait que toi, Mali !
Ils ont dit ! Oui, ils ont dit : « Azawad ! Azawad ! Azawad ! » Hum !
Que sera moi, si je suis Azawad et que Sikasso n’était pas kénédougou,
Si Ségou n’était balanzan, Si Kayes n’était pas kasso,
Si, si, si ce Mali n’était pas unique et indivisible devant le Monde entier,
Ce Monde entier qui me rie, moi Kidal et non toi, Mali
Puisque sachant que je ne serai rien sans toi Mali, toi ce Mali des grands empires
Pour que je dise aujourd’hui à qui veut l’attendre : je ne te quitterai jamais, toi Maliba, ma mère »
ADAMA SIDIBE « Je veux ce Mali »
Merci mr Diakité pour ce brillant rappel historique.
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