Manifestation d’écoliers à Menaka et Kidal pour une hypothétique indépendance : La grande lâcheté du MNLA

0

Le 28 juin1990, c’est bien à Ménaka, dans la région de Gao, qu’un certain Iyad Ag Aghali déclencha la rébellion armée au nom du Mouvement pour la Libération de l’Azawad (MPLA), créé deux ans plus tôt. Deux attaques furent lancées par un groupe de 50 hommes armés. Résultat: 4 personnes tuées à Tidermène et 14 à Ménaka, dont 4 soldats maliens. Aujourd’hui, le 1er novembre 2011, c’est encore à Ménaka que le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA) a entrepris une marche pour réclamer une hypothétique indépendance.

La différence avec 1990, c’est que, pour une rare fois, les armes n’ont pas parlé pour revendiquer. C’est de manière pacifique que cette doléance a été formulée, à la fois à Ménaka et à Kidal, par des jeunes écoliers et des femmes manipulés par des leaders communautaires, de fractions et des élus locaux, ainsi que par des députés, tous tapis dans l’ombre. C’est bien cette grande lâcheté qui caractérise une bonne partie des leaders de ces deux localités de notre pays.

Tous passent à Koulouba pour signifier à ATT leur loyauté, leur engagement pour le pays. Mais, dès qu’ils sortent de la Présidence, ce sont des actions de subversion qu’ils mènent. Souvent, eux-mêmes créent les problèmes et se présentent chez le chef de l’Etat pour, disent-ils, aider à trouver la solution. Ce sont les mêmes qui aiguillonnent la situation actuelle pour se retrouver, l’un de ces jours, désignés comme médiateurs, facilitateurs, hommes de bons offices, personnes ressources et que sais-je encore?

Cette revendication utopique du MNLA est une provocation, voire une insulte, pour notre pays. Rien ne peut justifier cette démarche, puisque, depuis le 11 avril 1992, date de signature du Pacte national, des efforts réels ont été déployés par la 3ème République pour améliorer la situation dans cette partie du Mali. Des infrastructures éducatives, sanitaires, hydrauliques ont été réalisées et continuent d’être exécutées. Il est vrai que les besoins sont énormes et que tout ne pourra pas être fait en un, ou deux voire trois, mandats. Combien de projets ont été financés à l’intention des jeunes? Combien de personnes ont intégré les différents corps de l’armée et même de la fonction publique.

Loin de nous de dire que cela est suffisant. D’autres actions sont en cours, avec le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement au nord (PSPSDN). Ce sont 32 milliards de nos francs qui sont en train d’être investis par le Président de la République, Amadou Toumani Touré, afin de construire des infrastructures sécuritaires (police, gendarmerie, camps de garde, camps militaires), des équipements marchands et des bureaux et logements pour l’administration. Sans oublier les activités génératrices de revenus à l’intention des femmes et des jeunes désœuvrés.
Sans sécurité pas de développement. Et, manifestement, il existe des ennemis du développement du Nord dans le Nord. Il s’agit des grands trafiquants qui s’intéressent à la drogue, aux armes, aux humains. Ce sont les mêmes qui enlèvent les voitures des ONGs, des partenaires au développement et même de l’Administration d’Etat. Ces trafiquants sont en collusion avec des leaders de la zone. Souvent ce sont leurs rejetons qui se muent en bandits. Voici l’autre grande lâcheté de certains leaders de cette partie du Mali.

Il est dommage qu’au moment où une forte délégation gouvernementale, conduite par le ministre Kafougouna Koné, sillonne les trois régions du Nord, pour accueillir dignement nos compatriotes revenus de Libye, des manipulateurs poussent des enfants dans la rue pour revendiquer l’impossible. Parce que, pour rien au monde, le Mali ne cédera une partie de son territoire à qui que se soit. Autant il y a des adeptes de la lâcheté parmi les populations de Ménaka et Kidal, autant il y en a quelques uns qui sont honnêtes, à l’image du Colonel Elhadj Gamou, lequel a toujours répété que seul le drapeau vert, jaune et rouge flottera dans les régions du Nord, tout comme au Sud.
C’est le cas aussi du Colonel Hassan Ag Mehdi, qui déclarait dans notre édition N°214 du jeudi 20 octobre 2011: « Nous défendrons le Mali jusqu’à la dernière goutte de sang». Qui dit mieux!  A suivre.
Chahana Takiou         

L’analyse d’une consœur algérienne:
«A Bamako, des forces occultes poussent au pourrissement de la situation au Nord»
Le Mouvement pour la libération de l’Azawad a appelé la population de Kidal, Gao et Tombouctou à manifester aujourd’hui, dans toutes les villes et villages, pour l’indépendance de l’Azawad. Par peur de débordements, les autorités ont dépêché d’importants dispositifs de sécurité. Ce qui fait craindre le pire dans cette région, désormais la plus militarisée de tout le champ du Sahel.

La chute d’El Gueddafi et le retour de ses loyalistes vers leurs pays d’origine, notamment le nord du Mali, créent une situation de pré rébellion, où le bruit des bottes et des armes se fait déjà entendre. La création, le 16 octobre dernier, du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui a réussi à fusionner des groupes de militants pour l’autonomie de la région, n’a qu’un seul objectif : «chasser les occupants» de ce territoire que Bamako a abandonné aux mains des terroristes d’Al Qaîda, des réseaux de narcotrafiquants et de bandits en tout genre.

Très vite, le Front démocratique pour l’autonomie de l’Azawad (FDAPA) qui était contre le principe de la «libération» du Nord, a fini par rejoindre la coalition en la saluant. Il a d’ailleurs appelé toutes les communautés du Nord, sans exception, à en faire de même, car, a-t-il noté, «l’ère est venue pour l’Azawad de réclamer son indépendance» affirmant que «le MNLA est et reste le seul mouvement qui rassemble toutes les communautés de Tombouctou, Gao et Kidal qui conduira dans l’unité à la libération de l’Azawad». Ce même front avait annoncé l’arrivée de combattants de la division de Bani Walid, dirigée par le colonel Ag Makadaye, comme pour avertir des moyens militaires dont il dispose et qui pourraient largement dépasser ceux de l’armée malienne.

Une autre organisation, le Front patriotique arabe de l’Azawad (FPAA), a elle aussi annoncé son ralliement au MNLA, renforçant les rangs des «indépendantistes». Des campagnes de sensibilisation de la population sur son «avenir dans le nouveau contexte» que connaît la région ont été organisées «afin de renforcer les rangs». Ces activités se sont terminées par un appel à des marches pacifiques, prévues aujourd’hui dans toutes les villes et villages de la région de l’Azawad. La date du 1er novembre pour une telle manifestation n’est pas fortuite ; elle coïncide avec le premier anniversaire de la création du Mouvement national de l’Azawad (MNA), à savoir la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2010.

Les marches sont prévues simultanément à Kidal, Gao et Tombouctou. Dans une déclaration rendue publique dimanche dernier et placardée partout au nord du Mali, le MNLA a appelé à «une sortie massive de toutes les populations de l’Azawad, Songhoy, Peulhs, Arabes et Touareg, ainsi que tous les amis(es) et sympathisants de ce peuple pour réclamer l’indépendance de l’Azawad».  La réaction des autorités maliennes ne s’est pas fait attendre. Des colonnes entières de blindés militaires ont pris le chemin du nord «pour répondre à une préoccupation majeure liée à la sécurité», a indiqué une source officielle reprise par la presse malienne. Avec un arsenal de guerre aussi important, une paupérisation galopante de la population et la prolifération de toutes les activités de contrebande, de terrorisme et de trafic de drogue, le tout nouveau mouvement «indépendantiste» risque d’embraser toute la région.

Pour cette journée du 1er novembre, beaucoup craignent le pire au cas où des affrontements avec les forces de sécurité avaient lieu. A Bamako, des forces occultes poussent au pourrissement de la situation au nord, dans le seul but de repousser l’échéance de l’élection présidentielle, prévue en juin 2012 (sic, NDLR), à une date ultérieure, afin de prolonger le dernier mandat de Amadou Toumani Touré. Vrai ou pas, la situation dans ce no m’ans land occupé par Al Qaîda est au rouge, en dépit du fait que tous les regards restent braqués sur les événements qu’il connaît depuis l’exécution d’El Gueddafi, celui qui protégeait et finançait les Touareg dans l’espoir de voir naître un jour le royaume du Grand Sahara qu’il dirigerait en tant que roi. En tout état de cause, si le bruit des bottes et des armes ne se tait pas, aucun des pays riverains ne sera épargné et la zone «s’afghanisera» inévitablement….
Salima Tlemçani
El Watan

Commentaires via Facebook :