Mandats d’arrêt contre les terroristes et les narcotrafiquants : Un pari diplomatique loin d’être gagné

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Dans un monde où les relations sont dictées par un jeu d’intérêt, l’aboutissement d’un mandat d’arrêt international dépend plus de la compétence diplomatique (pressions) que des accords d’entre aide judiciaire. Ainsi, avec le lancement de ce premier mandat contre les terroristes et les narcotrafiquants du MUJAO, du MNLA et de Ançardine, le pari diplomatique est loin d’être gagné, surtout quand on sait que le Burkina Faso, la France, l’Algérie et la Mauritanie sont les pays de refuge de certaines de ces personnes visées.
Un mandat d’arrêt est un ordre donné à la force publique par un magistrat de rechercher la personne à l’encontre de laquelle il est décerné et de la conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat où elle sera reçue et détenue. En ce qui concerne un mandat d’arrêt international, il ressemble à un mandat d’arrêt normal, mais appelle cette fois-ci à l’interpellation puis l’extradition d’un criminel vers le pays demandeur. Les mandats d’arrêts internationaux sont en fait des « notices rouges » délivrées par l’Organisation internationale de police criminelle : Interpol Sous le nom de « notice rouge Interpol » il faut entendre la demande d’un pays pour obtenir le retour d’un suspect ou d’un criminel en vue de son jugement ou de la purge de sa peine.
En ce qui concerne le cas du Mali, le mandat vise l’arrestation et l’extradition des criminels en vue de leur jugement. Malheureusement, la clarté des textes en la matière, cache une rude bataille diplomatique en vue de le faire aboutir. Dans le cas qui nous concerne, il reste à savoir si la diplomatie malienne a elle seule, peut faire aboutir un tel mandat ? Même pour les plus optimistes, la bataille s’annonce compliquée. Cela d’autant plus que l’actuel Ministre des Affaires étrangères ne s’est jamais montré à l’aise dans des situations pareilles. Son manque d’expérience et de modestie dans l’exercice de ses fonctions laissent les gens perplexes sur sa compétence à faire rayonner une diplomatie déjà entamée par les crises. Sa récente intervention sur TV5 a fini par convaincre les maliens avertis sur son incapacité à tenir les reines de notre diplomatie. En effet, interrogé sur la participation du MNLA à la
reconquête des villes occupées au côté de la France, Tièman Hubert Coulibaly a répondu que cette proposition du MNLA devra d’abord être analysée. Pris de panique, il aurait voulu se donner une récréation pour appeler le président Dioncounda Traoré afin qu’il le souffle la réponse comme d’habitude. Il se propose d’analyser, cette proposition provocatrice du MNLA à quelle fin ?
A l’aise uniquement quand il s’agit de flinguer dans le dos, le fils de Moussa Balla Coulibaly et non moins président de l’UDD peine à convaincre. C’est pourquoi, l’éphorie et le sentiment de justice suscité par le mandat d’arrêt international lancé contre les terroristes et les trafiquants du MNLA, du MUJAO et d’Ançardine a vite laissé la place à des inquiétudes.
Pour beaucoup, il faut une implication de la CEDEAO et de l’UA pour mettre définitivement ces terroristes hors d’état de nuire. Si le Mali peut aisément compter sur le Niger, tel ne semble pas être le cas pour le Burkina Faso qui a des accointances douteuses avec les éléments du MNLA et d’Ançardine. En plus, se sentant humilier par les propos de Dioncounda Traoré indiquant qu’il s’est trompé dans sa médiation, Blaise Compaoré attend le Mali au tournant. Hors de la CEDEAO, certaines personnes visées par les mandats internationaux ont des bases solides en Algérie, en Mauritanie et même en France. Pour convaincre tous ces pays de respecter les accords existants en la matière, il va falloir que le Mali hausse le ton. Car, ces pays vont devoir choisir un camp, celui du Mali ou des terroristes du MNLA, du Mujao et d’Ançardine. On apprend de source sûre que dès l’annonce de l’avis du mandat d’arrêt, des cadres du MNLA et
autres ont trouvé refuge chez Blaise Compaoré. Avec une diplomatie grippée, dirigée par un ministre limité, le Mali a du chemin à faire, les rebelles et terroristes, à leur tour, ne manquent pas de stratégie.

Lamine Diallo   

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