Au Mali, qui veut vraiment la paix ?

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Un soldat de la Minusma monte la garde près d’un véhicule de l’ONU ayant roulé sur un engin explosif près de Kidal, le 14 juillet 2016. CRÉDITS : SOULEYMANE AG ANARA / AFP

L’hélicoptère MI-8 de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) se pose, le 13 septembre, dans un nuage de sable, sur une bâche en plastique tendue au milieu du désert. Plusieurs soldats des forces spéciales danoises s’extirpent de la carlingue, suivis du chef des casques bleus au Mali, le général Michael Lollesgaard. Les hommes du bataillon tchadien déployés à Aguelhoc depuis près d’un an sont au garde à vous.

« Ça va beaucoup mieux ici », affirme avec un optimisme tout relatif le commandant Mahamat Ali Ibrahim. « Au début de notre mission, on prenait des roquettes sur la tête toutes les semaines. Maintenant, le danger a évolué. Les mines, les IEDS [engins explosifs improvisés]. C’est ça qui nous complique la tâche. » Sans compter que, depuis cet été, les combats ont repris entre la Plate-forme [groupes armés progouvernementaux] et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Ils se disputent la gestion sécuritaire de la ville de Kidal, où des autorités intérimaires sont censées être prochainement installées. Deux mois après le début des hostilités, aucun terrain d’entente n’a été trouvé. L’application concrète de l’accord de paix signé en 2015 à Bamako entre le gouvernement et les groupes rebelles, déjà mal engagée, est aujourd’hui au point mort. Si bien que la médiation internationale, dans un communiqué diffusé mercredi 21 septembre, « estime que cette situation ne saurait perdurer plus longuement, sans compromettre l’essence même de cet accord ».

A Kidal, la CMA se barricade

Une dizaine de soldats sont postés à l’extérieur du siège du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à Kidal, capitale régionale mais petite ville perdue au milieu d’un désert de sable située à un carrefour stratégique vers l’Algérie, et de tous ses trafics. Dans les étroites ruelles à l’intérieur de la ville, on ne croise pas grand monde. Kidal n’a certes jamais été très peuplée. Mais, depuis que les combattants se sont affrontés à coups de tirs de mortier dans les rues, à la fin de juillet, les villageois ont pris la route du désert. Le marché n’est qu’un vaste étalage de petits abris en tôle. Désertique. Dans une boulangerie, Haroun Goïta, un commerçant, confie son désarroi. « C’est la crise de lapopulation. Il n’y a personne. Et ceux qui restent n’ont pas d’argent. Alors ici, on fabrique trois sacs de pains par jour. Alors qu’on pourrait en produire dix-huit. Mais à qui le vendre ? »

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Bilal Ag-Cherif, secrétaire général du MNLA et président de la CMA, est l’un des acteurs centraux de cette crise. Ce jour-là, il est assis dans un grand canapé en cuir. Dans la cour du siège du MNLA, les munitions s’amoncellent à l’arrière de pick-up. Drapé dans un élégant boubou bleu clair, il pose ses multiples téléphones portables sur une petite table avant de prendre la parole : « Actuellement, le problème concerne tout l’Azawad [nom berbère donné par les populations locales à la partie septentrionale du Mali]. Si on ne trouve pas une solution, il va arriver un moment où nous n’aurons plus d’accord auquel nous référer. »

Initialement parties de Kidal, les dissensions entre les deux groupes se sont finalement propagées, sur fond de tensions entre Touareg ifoghas et imghads, qui se font la guerre pour le pouvoir. Les combattants de la Plate-forme – constituée en grande partie d’Imghads  – sont bien décidés à reprendre Kidal et multiplient les escarmouches dans la région. Plusieurs villages sont déjà tombés entre leurs mains.

Au beau milieu de l’Adrar des Ifoghas, un des plus gros massifs montagneux du Sahara, les combattants ont une longueur d’avance sur les soldats de la paix de l’ONU. La Minusma – 13 000 hommes déployés à partir d’avril 2013 – essaie tant bien que mal de faire tampon, handicapée par un mandat pas assez offensif. « Notre rôle, c’est la protection des civils. Si les groupes armés se battent en dehors des zones urbaines, bien évidemment nous le déplorons. Mais nous sommes là avant tout pour éviter la propagation des affrontements dans les villes », explique Olivier Salgado, le porte-parole de la mission onusienne. Sur le terrain, les casques bleus se veulent proactifs. Des patrouilles militaires ont été envoyées à Aguelhoc et à Tessalit pour dialoguer avec les combattants de la Plate-forme. Sans être totalement efficace, le message est clair : « Ne vous approchez pas des villes. »

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Drôle de guerre

Les combattants de la Plate-forme accusent l’ONU et les Français de l’opération « Barkhane » – le dispositif de lutte contre le terrorisme dans le Sahel – de « protéger les rebelles ». Sur les réseaux sociaux, les velléités guerrières de ces groupes progouvernementaux sont clairement affichées. « L’assaut final sur Kidal n’est plus qu’une question de jour », peut-on lire sur la page Facebook du Gatia, un des principaux groupes armés qui composent la Plate-forme. Le leader du Gatia, le général Al-Hadj Gamou, fait toujours partie de l’armée régulière malienne.

De sources sécuritaires, on estime que la « stratégie du pourrissement » pourrait être une manière de légitimer une reprise de Kidal par la force et par l’entremise du Gatia. Le gouvernement a toujours nié une quelconque collusion avec les groupes armés signataires de l’accord. Mais ne s’est jamais résolu à se distancier officiellement de ce général si polémique. Du côté de « Barkhane » comme du côté de la Minusma, on affirme qu’un tel scénario est « inacceptable » et que, si les combats s’approchent de Kidal, « l’ONU s’interposera ».

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Pour l’instant à Kidal, c’est la drôle de guerre. A l’intérieur de la ville, quelques rares personnes s’attroupent devant une épicerie. Les jeunes servent le thé. Non loin de là, plusieurs hommes en tenue de camouflage sont juchés sur un muret en pierre. Aucune arme n’est visible, « ils évitent de les sortir à l’intérieur de Kidal quand nous passons »,explique un chauffeur de l’ONU. Des « guetteurs » comme ceux-là, il y en a partout dans la ville et en périphérie. Ils sont chargés de repérer d’éventuels ennemis. Même si le désert et la rocaille qui s’étendent à perte de vue annihilent tout effet de surprise.

La Plate-forme a mis en place un blocus filtrant au nord de la ville et sur un large périmètre pour perturber les déplacements et les approvisionnements de la CMA. Dernièrement, c’est un convoi d’aide humanitaire qui en a fait les frais. Le Programme alimentaire mondial acheminait de la nourriture depuis Gao jusqu’à Kidal. Ils ont dû faire demi-tour, sur injonction des groupes armés. Mais, selon des sources proches de « Barkhane », aucune chance que ce blocus ne se « referme totalement, sinon, c’est AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique] qui va se réveiller pour récupérer les accès. Et là, le rapport de force sera clairement en défaveur de la Plate-forme ». Le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), un des composants de la CMA, est régulièrement accusé d’être la vitrine politique du groupe islamiste.

Le prix de la paix

Les applications concrètes de l’accord de paix sont rares. Les patrouilles mixtes n’ont pas encore vu le jour, le déploiement des autorités intérimaires non plus. Et pourtant, à Gao par exemple, plus au sud, tout est prêt pour que les groupes armés patrouillent ensemble. Jean-Hervé Jézéquel, directeur adjoint du projet Afrique de l’Ouest pour le centre de réflexion International Crisis Group, estime que « l’accord de paix n’aborde pas les enjeux de partage du pouvoir au nord. C’est en partie pour ça que les groupes armés ne veulent pas avancer. Il faut mener de front des discussions à la fois dans un cadre local et à la fois dans le cadre de l’application de l’accord de paix ». Des sources sécuritaires évoquent également les demandes « culottées » des groupes armés, à savoir « des équipements et du matériel pour pouvoir faire les patrouilles ».

Pour trouver une solution aux problèmes de Kidal, les groupes armés ont passé deux semaines dans des hôtels de Bamako. Déplacements, hébergements, repas, tout est pris en charge par l’ONU. Quant aux membres du comité de suivi de l’accord de paix, qui se réunissent environ une fois tous les deux mois, leurs indemnités sont éloquentes. Au moins six membres de ce comité, composé entre autres d’un représentant du gouvernement, d’un représentant de la Plate-forme et d’un de la CMA, perçoivent entre 1,4 et 2,2 millions de francs CFA par mois (soit entre 2 000 et 3 300 euros). « C’est le business de la paix », glisse-t-on poliment dans les couloirs de la Minusma.

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5 COMMENTAIRES

  1. Démarche à l‘Onu: les pays initiateurs de la réunion quittent la salle !!!
    Les diplomates anglais, américains et français ont quitté la salle du Conseil de sécurité de l’Onu lors de l’intervention du représentant permanent de la Syrie auprès de l’Onu, Bachar al-Jaafari.!!!
    Le Conseil s’est réuni ce dimanche à la demande des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Pourtant, les délégations des trois pays ont quitté leurs sièges dès que le porte-parole syrien a commencé son discours.
    Ayant initié la tenue de la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’Onu consacrée à la situation en Syrie, les États-Unis, du Royaume-Uni et de la France ont lancé un signal clair qu’ils soutenaient et continueraient de soutenir les terroristes perçus comme l’opposition moderée, a déclaré Bachar al-Jaafari.!!!
    « Le gouvernement syrien est prêt à revenir à Genève et à reprendre le dialogue, mais non avec des sourds, des muets ou des aveugles. Nous voulons parler avec les Syriens, avec ceux qui croient en notre pays, et non avec ceux qui servent les intérêts des joueurs externes », a déclaré le diplomate. !!!
    VISIBLEMENT, LES DIRIGEANTS SYRIENS NE SONT PAS DES LARBINS ET SOUS-HOMMES CONGÉNITAUX !!!

  2. sans justice pour les victimes et leurs familles il ni aura pas de paix, IBK et ses amis distribuent des butins de guerres a des criminels et vous nous parle de paix??? respecter les maliens s’il vous plait!!!!

  3. C’est le peuple malien seulement qui veut la paix. Sinon, c’est un cycle indien entre les signataires de ce fameux et foutu “accord de paix”. Le gouvernement malien a peur du CMA, ce dernier a peur du Gatia, le Gatia évite d’agresser le Gouvernement malien; la MINUSMA a intérêt avec la CMA et elle ne peut pas agresser directement le GATIA.

  4. Bonjour,
    Heureux de constater que l’ONU va dans le même sens que mon appel pour une mise en œuvre rapide, de l’accord pour la paix et pour la réconciliation au Mali, par les groupes armés et par toutes les parties.

    En effet, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, les a appelés, le 23 septembre 2016, comme ceci :

    « J’appelle les groupes armés à cesser de provoquer des confrontations et toutes les parties à laisser de côté leurs intérêts à court terme et à mettre en œuvre l’accord de paix », a-t-il déclaré lors d’une réunion ministérielle sur cet accord, organisée en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

    Les Ministres des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, et algérien, Ramtane Lamamra, participaient à cette réunion.

    Il s’est également dit « très inquiet des nouvelles sources d’instabilité au Mali, de l’impact du terrorisme sur la vie civile et des nombreux cas de violation des droits de l’homme ». Toutes les parties, a-t-il insisté, doivent « se conformer à leurs obligations en matière de droits de l’homme, y compris lors d’opérations anti-terroristes » car « les violations font le jeu des terroristes ».

    M. Ban a appelé à faire en sorte que les dialogues devant permettre de dessiner les futures institutions du Mali soient « sans exclusives ». « Tous les segments de la société devraient y participer, y compris les femmes, les jeunes, les groupes d’opposition, ainsi que les dirigeants religieux et communautaires », a-t-il précisé.

    Il a espéré que la prochaine Conférence d’entente nationale « reflète cet esprit d’inclusivité ».

    Il a souligné que le Mali a besoin du « soutien sans faille et cohérent » de ses partenaires internationaux.

    Quelques jours avant cette réunion, j’ai lancé un appel à TOUS les acteurs, y compris l’ONU et la MINUSMA, pour une mise en œuvre diligente et un engagement franc, honnête et sans complaisance pour une mise en œuvre rapide de cet accord pour la paix et pour la réconciliation au Mali.

    Cet appel concluait comme ceci :

    Engageons-nous (tous les acteurs), honnêtement, franchement et sans complaisance, acceptons le partage de responsabilités (en particulier à Kidal) et mettons, TOUS/TOUTES, rapidement, en œuvre, indépendamment des bords politiques, l’accord de Bamako pour la paix et la réconciliation au Mali, pour l’intérêt général et pour le bonheur de TOUS/TOUTES.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
    TEL 00223 95 58 48 97

    • La Russie a accusé les États-Unis d’être à l’origine de la crise en Syrie lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’Onu consacrée à la situation en Syrie.

      Moscou a accusé dimanche Washington d’être à l’origine de la crise en Syrie lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l’Onu consacrée à la situation dans ce pays.
      « En 2011, Washington et d’autres pays occidentaux ont décidé de poursuivre le remodelage de l’espace géopolitique du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord entamé par l’intervention criminelle des États-Unis et du Royaume-Uni en Irak en 2003 », a indiqué Vitali Tchourkine, représentant permanent de la Russie auprès de l’Onu.
      Le diplomate russe a en outre rappelé que les États-Unis n’avaient rien fait pour distinguer les terroristes des membres de l’opposition modérée en Syrie et que les pays occidentaux continuaient à livrer des armes lourdes aux terroristes retranchés dans la partie est d’Alep.
      « Plus de 20 groupes armés comprenant au total 3.500 combattants contrôlent la partie est d’Alep. Ils sont équipés de chars, de blindés, d’armes d’artillerie, de lance-roquettes multiples — des dizaines d’armes y compris lourdes. Il est clair qu’ils n’ont pas fabriqué ces armes. Ils les reçoivent de leurs patrons occidentaux avec la complicité des États-Unis, qui dirigent la coalition », a précisé M. Tchourkine.

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