Le succès de l’opération «Serval» ne doit pas éclipser les difficultés restantes au Mali : la poursuite de la lutte contre le terrorisme et la stabilité du pouvoir.
La force panafricaine, une ambition qui reste à concrétiser
Sur le plan militaire, on l’a dit, le plus dur est à venir. «Le terrorisme n’a pas encore été vaincu», a lucidement concédé François Hollande à Bamako. Depuis le début de l’intervention française, le 11 février, le président de la République et son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, insistaient, sans convaincre vraiment, que les troupes françaises n’avaient pas vocation à rester sur place et que le passage du relais aux troupes africaines se ferait rapidement. Dans son discours de Bamako, le chef de l’État a concédé que la France restera au Mali «le temps qu’il faudra», traduisez, de longs mois. Malheureusement, et contrairement à ce qui a été dit, la France n’a peut-être pas encore «payé sa dette» de sang aux Maliens, notion d’ailleurs lourde d’implications pour les relations entre la France et l’Afrique.
Certes, des militaires nigériens et tchadiens sont sur place. Mais l’ambition, ancienne, de mettre sur pied une force panafricaine, reste à concrétiser. La formation d’une armée malienne digne de ce nom, en termes d’efficacité et d’éthique, prendra du temps. «On ne répare pas une injustice par une autre injustice», a déclaré François Hollande, pointant notamment les représailles contre les populations «arabes». Les observateurs internationaux se font toujours attendre.
Le sort des otages toujours incertain
Sur le terrain politique, la visite de samedi n’a pas levé les incertitudes, ni sur la stabilité du pouvoir intérimaire, ni sur l’engagement d’un processus politique avec les représentants des populations du Nord délaissé, principalement les mouvements touaregs. Face à François Hollande, son homologue Dioncounda Traoré n’a, semble-t-il, pas témoigné d’une prise de conscience des responsabilités de Bamako dans les dérives qui ont conduit au délitement du Mali, véritable puits sans fond pour l’aide internationale qui s’y est déversée par centaines de millions d’euros ces dernières années avec le bénéfice que l’on voit.
Une autre hypothèque pèse sur le «triomphe» de François Hollande au Mali: le sort des otages. «Nous sommes tout près, les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de les libérer», a dit le chef de l’État en une formule qui résume son jeu à haut risque: faute de négociations conclusives avec les djihadistes, la pente des combats pourrait mener à des tentatives de libération dont l’issue, si elle était malheureuse, ternirait par contrecoup l’éclat de la visite triomphale de Bamako.
lefigaro.fr/ 04/02/2013 à 00:16