Un premier groupe de touristes a pris un avion affrété par les autorités maliennes pour quitter Tombouctou, où trois étrangers ont été enlevés et un autre tué vendredi. Sur son site web, le quai d’orsay a étendu samedi la zone au Mali qu’il déconseille "formellement" pour les voyages et les séjours.
Le nord du Mali est de plus en plus une zone à risque pour tous les Occidentaux. Jeudi, deux Français, présentés dans un premier temps comme des géologues, avaient été enlevés à leur hôtel à Hombori. Le lendemain, des hommes armés tuaient un touriste étranger et en enlevaient trois autres en plein coeur de Tombouctou, haut lieu du tourisme au Mali… et ville située également dans la partie nord du pays.
Après ces récentes actions visant des Occidentaux, l’évacuation semble lancée pour les étrangers qui se trouvent dans cette zone : un premier groupe d’une dizaine de touristes étrangers est parti samedi par avion de Tombouctou. Ils ont pris la direction de Mopti, au sud de Tombouctou, dans un avion affrété par le gouvernement malien. Un deuxième groupe d’une dizaine de personnes devait être évacué plus tard dans la journée vers la capitale Bamako.
Zone rouge étendue par le quai d’Orsay
Preuve de l’inquiétude grandissante, le ministère français des Affaires étrangères a largement étendu samedi sur son site internet la zone au Mali qu’il déconseille "formellement" pour les voyages et les séjours et qui englobe désormais Hombari où ont été enlevés jeudi deux Français. Selon la carte du pays figurant sur son site internet Conseils aux voyageurs, la "zone rouge", qui est "formellement déconseillée", a été étendue vers le sud jusqu’aux environs de la ville de Mopti. Jusqu’à samedi matin, cette "zone rouge" s’arrêtait au sud aux villes de Gao et de Tombouctou. Tout le nord-est du Mali est désormais considéré par le ministère comme "zone rouge". Le sud-ouest du pays, où est située la capitale Bamako, reste en "zone orange", qui n’est que "déconseillée sauf raison impérative".
La ville historique de Tombouctou, également appelée "perle du désert", était déjà très affectée par la proximité de la branche maghrébine d’Al-Qaïda, soupçonnée d’être à l’origine du meurtre et des enlèvements de vendredi. Elle est classée dans la zone à risque où il est fortement déconseillé de se rendre par la plupart des chancelleries occidentales. C’est depuis le nord du Mali que l’Aqmi commet des attentats, procède à des enlèvements d’Occidentaux et se livre à divers trafics, non seulement à travers le pays, mais aussi dans d’autres Etats du Sahel comme le Niger, la Mauritanie et l’Algérie. Ce sont désormais au total neuf ressortissants européens qui sont désormais retenus en otage dans le Sahel : six Français, un Britannique (ayant aussi la nationalité sud-africaine), un Suédois et un Néerlandais.
Qui sont vraiment les Français enlevés ?
Depuis le double rapt de jeudi, l’armée française a redoublé d’activité dans la région. Les accords bilatéraux avec le Mali, la Mauritanie, le Niger ou le Burkina Faso permettent en effet à la France de disposer de facilités pour intervenir rapidement dans la zone où opèrent les groupes liés à l’Aqmi. Cinq hélicoptères de l’armée française ont ainsi atterri samedi matin à Gao pour participer aux recherches des deux Français enlevés à Hombori. Outre les hélicoptères, "des soldats français sont également arrivés", ont indiqué des sources contactées à Gao. La veille, déjà, un journaliste de l’AFP avait vu des dizaines de soldats français dans la région d’Hombori épauler l’armée malienne dans sa recherche des deux otages.
Mais, chose qui ne facilitera pas les recherches, des interrogations subsistent sur les activités réelles des deux Français. Au Dombia, l’hôtel où ils ont été enlevés, ils n’ont pas rempli de fiche à leur arrivée, mais leurs noms ont été consignés dans un cahier par la direction de l’établissement : Philippe Verdon et Serge Lazarevic. Officiellement, ce sont des géologues travaillant pour une société malienne. Mais le premier a été cité dans le passé pour des affaires obscures aux Comores et à Madagascar. Le second aurait agi pour sa part en ex-Yougoslavie et au Zaïre (devenu depuis la République démocratique du Congo). Evidemment, il pourrait s’agir d’homonymes. Mais la double coïncidence est néanmoins très improbable. Les services secrets français ont "assuré n’avoir aucun lien" avec ces deux Français et "tout ignorer, jusqu’à leur présence" dans ce pays.
A Paris, une enquête préliminaire a été ouverte pour "enlèvement en bande organisée en lien avec une entreprise terroriste" par la section antiterroriste du parquet et confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur. Une source judiciaire avait en outre indiqué vendredi soir que des enquêteurs avaient été dépêchés au Mali, mais l’information a été officiellement démentie samedi matin par un responsable du parquet de Paris.
Source: TF1 news – le 26 novembre 2011 à 23:05